Le compte rendu de ce raid réalisé en 1989 a été rédigé en 2003.

 

 

 

RAID LAPONIE CAP NORD JANVIER 1989

 

 

 

L’idée d’aller au Cap Nord en hiver et en 2cv peut paraître étrange à plusieurs titres : Tout d’abord la destination Cap Nord en hiver n’est guère prisée des tours opérators, et puis la 2cv ne doit rien de sa légendaire renommée à la qualité de son chauffage. Un paradoxe et un challenge à la fois.

Tout d’abord il faut préciser que ce raid était organisé par le 2cv club finlandais et partir seul à l’aventure dans ces régions en hiver, serait suicidaire.

Grâce aux conseils prodigués par nos amis finlandais les véhicules, une 2cv et une Ami8 avaient été soigneusement isolés de tout bord : Calandre quasiment étanche, polystyrène au plancher, dans les portes, sous la capote etc …….

Mercredi 31 janvier 18h39

Nous quittons Sucy en Brie dans la région parisienne pour nous rendre à Umea (2619 Kms non-stop !) où nous avons rendez-vous avec le reste de la troupe le vendredi 2Février à 14h.

Deux kilomètres après le départ, premier arrêt : l’embrayage de la 2cv patine. Petit réglage sur le bord de la route et ça repart. Nouvelle alerte : les feux stop de la 2cv sont allumés en permanence. Petite intervention et tout rentre dans l’ordre. Faut dire que comme à l’accoutumée le temps presse toujours et il est souvent pas possible de procéder au moindre essai avant le départ. Nous attaquons l’autoroute du Nord, un œil fixé sur le thermomètre d’huile (rajouté) car nous avons tellement calfeutré le moteur qu’il serait idiot de le griller dés le départ. Par contre, défaut de l’Ami8, les aérateurs du tableau de bord laissent passer un air frais qui nous gèle les joues. Nous devrons y remédier avant qu’il ne fasse –20°C dehors.

Nous avons parcouru 80 kms et soudain des bruits anormaux à l’arrière de l’Ami8 qui augmentent progressivement. Un arrêt de plus sur la bande d’urgence et nous nous apercevons qu’il s’agit ( ouf !) tout simplement de la baguette chromée qui entoure le toit de l’Ami8 en train de se dégrafer. Nous reprenons la route et grâce à la CB nous pouvons discuter entre nous et avec les nombreux camions que nous arrivons ( oui c’est possible) à dépasser.

Une aire de repos en vue et la 2cv de Christian qui me précède met son clignoteur à droite et nous nous arrêtons car la température dans la 2cv avoisine les 40°C vitres ouvertes ! ..Le carénage supplémentaire ajouté au ventilateur est provisoirement supprimé et tout rentre dans l’ordre.

20h30. Nous traversons le département de l’Oise et comme nous savons que la nuit sera longue, noue en profitons pour attaquer nos 3 premiers sandwichs d’une série de 12.

22H Frontière belge. Pour une raison inconnue, la CB de l’Ami 8 cesse de fonctionner. Cet incident peut paraître bénin, mais la CB est un instrument qui permet de garder le contact entre les voitures et surtout durant les longues heures de conduite de nuit d’échanger les meilleures histoires belges ce qui constitue au demeurant un excellent remède contre le sommeil au volant.

23H Vu la distance à parcourir, nous nous sommes organisés en quart de veille comme sur les bateaux. Christian et Popof prennent le premier quart respectivement dans la 2cv et l’Ami 8. Les sièges passagers ont été modifiés pour se mettre en couchette, et la moitié de la banquette arrière a été enlevée ce qui permet de se reposer entièrement allongé.

24H Frontière allemande. Nous avons couvert 443Kms en 5h soit une moyenne de 88 Km/h.

Changement de quart. Bernard sur la 2cv et moi dans l’Ami8 prenons le quart 24h – 4h, pas le plus facile, mais la traversée de l’Allemagne n’est qu’un autoroute sans fin.

Jeudi 1 février.

3h15 Halte dans une station service. La 2cv a perdu un collier d’échappement. En fouillant dans l’Ami8 et la 2cv nous retrouvons un collier et ses écrous, et nous voilà repartis.

6H Hambourg. Emporté par notre élan, nous nous trompons d’autoroute et pour rejoindre Kiel nous sommes obligés d’emprunter une route nationale. Cela fait bizarre de croiser d’autres véhicules après 1000 kms d’autoroute non-stop. Changement de quart : frais comme des gardons, Popof et Gérard reprennent du service.

12H. Nous sommes au Danemark, un dernier plein à 6F50 et à 13 heures nous atteignons l’embarquement du ferry à Frederishaven. Cette arrivée à 13 h aura eu le mérite de nous épargner un repas sandwich car nous allons profiter de la traversée pour nous restaurer au self service du ferry. Nous venons de couvrir 1493 kms en 17 h arrêt compris.

 Nous prenons enfin un repas chaud et nous accordons un moment de détente à bord du ferry. Nous constatons la présence de nombreuses machines à sous à bord mais pour l’instant la chance au jeu ne nous sourit guère. Nous sommes un peu inquiets en ce qui concerne la neige en Suède, mais un routier français que nous rencontrons à bord nous confirme qu’il n’y a pas de neige jusqu’à Stockholm, et reste éberlué quand nous lui annonçons que nous partons au Cap Nord ... en 2cv ! ! ! !

18H30. Nous débarquons à Göteborg et à notre grande surprise le douanier suédois ( une femme ) veut passer les deux voitures au peigne fin !. Faut dire qu'à la question rituelle : ‘ Ou allez-vous ? ‘ nous avons candidement répondu :’ Au Cap Nord ‘. Notre femme douanier a pris cela manifestement pour une provocation et a décidé en contrepartie de fouiller de fond en comble les 2 voitures. Ce contretemps ne fait pas notre affaire car nous sommes le jeudi 1 février en fin d’après midi, et il nous reste 1100Kms ( nous venons de faire 1493Kms ) pour nous rendre à Umea où nous avons rendez vous avec les autres voitures du Raid le vendredi 2 février à 14 h.

Si nous ne sommes pas à Umea à 14h au plus tard, le Raid partira sans nous et nous n’avons aucune indication concernant son trajet.

Jouant son va tout et usant de son charme naturel auprès de la (charmante ) douanière, Christian Komaniecki

( Claudine n’était pas là ! ) réussit en moins de 5mn dans un mélange d’anglais, de français, de polonais, de langage des signes, a persuader la douanière de ne pas nous fouiller.

Nous reprenons la route et tout à la joie de se retrouver en Suède, Nous attaquons l’autoroute à fond ! et nous apprenons par la C.B que Christian vient de se faire arrêter par une voiture de police pour excès de vitesse !.

Un excès de vitesse, sur une autoroute en 2cv : oui c’est possible en Suède ! Nous nous arrêtons sur une aire et 5mn plus tard nous apprenons à la C.B qu'après quelques explications avec la police suédoise Christian a pu reprendre sa route sans payer d’amende.

21H. Nous reprenons notre séance de sandwichs variés ( et avariés) le sandwich d’une main, le volant de l’autre et la canette de bière calée entre les genoux.

23H Changement de chauffeur, car la nuit va être longue. Popoff et Bernard prennent les sièges avant mais mon repos sera de courte durée : le moteur de l’Ami8 s’éteint soudainement en plein milieu d’une foret. Grâce à la C.B nous avertissons l’autre 2cv de notre problème, et commençons à tenter de trouver la cause de cette panne. Le problème n’est pas simple : Il fait nuit, il fait froid (4°C) nous avons très peu d’outils, et surtout très peu de temps à perdre. Le diagnostic est rapide : Plus d’allumage. En moins de temps qu’il ne faut à un renne pour traverser la route, Popof démonte la calandre avant de l’Ami 8 et identifie le condensateur de l’allumage en court circuit ( Il avait pourtant été mis neuf avant le départ ).Heureusement nous en avons un autre. Le boîtier d’allumage est recalé au pif et la calandre de l’Ami8 sera remontée ultérieurement. Nous avons perdu une précieuse demi-heure et nous voilà repartis vers Umea 800Kms plus au Nord.

Vendredi 2 février

1H30. La chevauchée nocturne continue et à la sortie d’Upsala, nous commençons à apercevoir la neige sur les bas cotés.

7H.Le jour se lève. Nous ne sommes plus qu’à 200 kms d’Umea. La nuit à été difficile à cause de la neige, du brouillard et surtout des camions suédois qui roulent avec une batterie de projecteurs (1000 W) installée sur le toit de leur cabine. Le croisement d’un camion au sommet d’une côte est un vrai supplice : la rangée de phares installée sur la cabine vous transperce les yeux, alors que le chauffeur installé plus bas dans sa cabine n’a pas encore aperçu vos deux malheureux lumignons jaunes qui sont censés vous servir de phare. Le croisement du camion s’effectue complètement à l’aveugle à cheval sur le bas coté et noyé sous les gerbes de neige fondue projetées par les roues du camion. Assurément une des nuits les plus difficiles vécues au volant de ma 2cv.

11H30. Nous pénétrons dans Umea. Le contrat est rempli, nous sommes à l’heure après une course contre la montre de 2619 Kms !. et nous avons du mal a réaliser que mercredi soir nous étions encore à Paris !.

Le ferry en provenance de Vaasa (Finlande) qui doit amener les autres 2cv du Raid doit arriver à 13H et unanimement nous nous votons un repas chaud pris en 20 mn. Nous prenons ensuite la direction du port et sommes tout étonnés de croiser la caravane de 2cv qui vient de débarquer du ferry. Demi-tour catastrophe dans un épais brouillard et nous collons à la caravane des 2cv. Par la C.B nous signalons à l’organisateur qui se trouve en tête du convoi que nous sommes arrivés et nous sommes tous étonnés d’apprendre par la même voie, que Serge ( le 6° français du Raid ) est également dans la caravane. Serge qui ne pouvait se joindre à nous au départ de Paris, est parti de Paris jeudi en avion a transité par Helsinki, Vaasa, pris le ferry, embarqué dans la 2cv d’un finlandais et se trouve maintenant dans le convoi . Incroyable, un rendez vous à la minute prés , après 2619 kms couverts en 39H.

 

Samedi 3 février

Après une nuit réconfortante et un copieux déjeuner à la suédoise pris une salle de restaurant aussi rutilante qu’un bloc opératoire, nous quittons le camping en direction du cercle polaire. Au bout de quelques kms une surprise de taille nous attend : toutes les 2cv du Raid se garent autour d’une cabane en bois, et Jukka Isomaki, l’organisateur nous explique que 200 m plus loin se trouve le passage du cercle polaire arctique et qu’il nous faut accomplir des formalités !. Nous ne savions pas ce qui nous attendait !.Apparemment les organisateurs étaient en train de préparer sur un capot de 2cv une assiette par participant. Vu la couleur du liquide qui remplissait les verres on commençait à se douter de la surprise. Dans chaque assiette se trouvait un morceau de pain, et une demie pomme de terre.

La cérémonie paraissait bon enfant et fort sympathique au demeurant, jusqu’au moment ou les (gentils) organisateurs ouvrirent précautionneusement quelques boites rondes. A ce moment précis, tout le monde commença à regarder son voisin du coin de l’œil car une odeur infecte enveloppa en quelques instants l’ensemble des raideurs. Même les plus blasés commencèrent à faire la grimace quand ils comprirent qu’il s’agissait de l’odeur de conserve d’un poisson macéré dans je ne sais quoi. Ce n’est jamais facile de décrire un parfum mais on peut utiliser des comparaisons avec les fleurs : jasmin, rose, œillet …En ce qui concerne l’odeur qui nous prenait à la gorge il s’agissait d’un espèce de mélange de matières fécales, de viande putréfiée, le tout arrosé

d’œuf pourri. L’horreur, c’est que nous comprimes très vite et Jukka se fit un malin plaisir de nous l’expliquer, c’est que pour être désormais des " Super Finn " capables d’affronter les régions arctiques nous allions être obligés de manger ce poisson pestilentiel…..

J’avoue avec le recul avoir passé un moment très difficile, et toutes les techniques d’ingestion furent essayées : par petit bout, enrobé dans le pain, camouflé dans la pomme de terre, avalé d’un coup a la cosaque … .

En ce qui me concerne, ce fut la solution Kamikaze Banzai qui prévalut :avaler tout d’un coup y compris le breuvage mystérieux. Berk , Glup …… ; Heureusement nous avions dans la 2cv une gnole maison qui fit passer le tout.

Nous reprimes rapidement car l’étape d’aujourd’hui comprenait 5ààkms environ de routes enneigées et toujours Cap plein Nord.

Au-delà du cercle polaire, la lueur vers midi est comparable à celle d’un jour gris de Toussaint en France, et la nuit tombe environ vers 15h30.Fantastique route de nuit entre les talus de neige et les sapins enneigés. Un spectacle féerique rompu de temps en temps par un renvoi nauséeux : imaginez-vous confortablement assis dans votre salon en train de savourer une vidéo du Dr Jivago, quand soudain une bouche d’égout s’ouvre prés de vous ! C’est tout simplement votre co- pilote qui vient d’avoir un renvoi du met de ce matin : Aussitôt on ouvre les vitres à fond, la tête dehors pendant quelques instants et le voyage reprend son cours.

Parmi les autres dangers de la route polaire, et non un des moindres, la présence de rennes sur la route. Le renne est un animal stupide qui traverse la route sans aucun motif et ne fait aucun effort pour éviter une éventuelle voiture. A propos des rennes les Finlandais nous ont appris que plus bête qu’un finlandais il y a un suédois, plus bête qu’un suédois il y a le Norvégien, plus bête que le Norvégien il y a le lapon, et plus bête que le lapon il y a le renne ! ! ! ! Les Finlandais spécialistes de la conduite sur route enneigée sont extrêmement prudents à l’approche d’un troupeau de rennes et n’hésitent pas à s’arrêter. De plus tout en conduisant ils essaient de deviner, si la route qu’ils empruntent à été salée ou sablée. Si la route a été salée les rennes viennent alors lécher le sel de la route, et la plus grande prudence est alors de mise.

Nous passons sans encombre la frontière entre la Finlande et la Suède et arrivons vers 20h à ENONTEKIO où un magnifique hôtel tout en bois nous accueille pour la nuit.

Dimanche 4 février

Départ à 10h après un copieux petit déjeuner scandinave. La température est toujours aussi douce( -2°C) et nous attaquons une piste enneigée. Nous trouvons de plus en plus de rennes le long de la piste et la prudence est de mise. A force de ralentir nous perdons de vue la voiture qui nous précède, et en tentant de revenir sur lui, PopofTanen nous fait un tout droit magnifique et l’Ami 8 disparaît quasiment totalement dans une congère de neige. Marche arrière. Rien n’y fait Impossible de sortir de ce tas de neige, et nous sommes les derniers du convoi.. Ultime recours : un appel désespéré à la CB. Nous sommes entendus et quelques minutes plus tard à la force des bras, l’Ami8 est extraite de son cocon de neige.

Ce soir l’organisateur avait prévu la soirée dans des cabanes abandonnées avec pour seul chauffage un feu de bois. Dommage pour les souvenirs que cette soirée nous aurait laissé, mais il n’est pas facile même pour un finlandais de trouver de nuit quelques cabanes abandonnées, recouvertes de neige au fin fond d’une forêt. En désespoir de cause nous passerons la nuit dans un chalet en rondins La soirée fut chaude à tous les sens du terme, car la soirée fut consacrée à faire déguster à nos amis finlandais quelques bouteilles venus de France et a tenter de leur apprendre quelques chansons à boire du style "  et glou et glou et glou , il est des nôtre il a bu son verre comme les autres ". Le silence de la courte nuit qui nous restait fut " seulement "troublé dans la chambre par les ronflements diatoniques de Popof et de Gérard Chèvre. (Les connaisseurs apprécieront )

 

 

Lundi 5février

Matinée de repos consacrée à l’initiation à la conduite du scooter des neiges. Véhicule de loisirs dans nos contées, le scooter des neiges est ici un véhicule utilitaire qui permet aux habitants de ces régions de se déplacer sans aucun problème.

Coté artistique, les organisateurs avaient prévu un tas de neige, et il fallait y sculpter une 2cv à l’échelle 1. Tout le monde se mit à l’ouvrage pour ce chef d’œuvre éphémère, mais sans chauvinisme aucun, ce fut l’équipe française qui finit par donner à cette 2cv de neige son look proche de la série.

Coté gastronomie, cela se passait dans une tente lapone dressée dans la neige prés d’un lac. A l’intérieur un feu de bois et des peaux de rennes posées à même la neige, la peau de renne ayant la propriété d’isoler complètement du froid.: Fini le poisson pourri, et un lapon nous initia au rite destiné a chasser les mauvais esprits : il faut manger un fruit sec extrait d’un sachet en cuir et accompagné d’un verre de lait de renne. Méfiance vaine car ce mélange est délicieux ;

Départ vers 14h pour une étape de nuit. On se prend au jeu de la glisse sur la neige en 2cv et Serge nous gratifia d’une magnifique sortie de route arrêtée par le talus après avoir évité deux énormes rochers !.

Plein d’essence dans une station service et le pompiste nous confirme que la saison est exceptionnellement douce, car l’année précédente il faisait –47°C à la même époque ! ! !

Nous continuons notre route plein Nord et nous sommes maintenant passés à la hauteur de Mourmansk et ne tardons pas à arriver à la Mer de Barrent. Petite coutume concernant nos amis finlandais : lorsqu’ils arrivent au bord de la mer de Barrent, ils boivent un verre d’eau de mer accompagné d’un verre de rhum.

 

 

Mardi 6 février

Nous sommes repassés en Norvège. Les maisons en bois qui bordent les fjords sont peintes de couleurs rouges et blanches. Nous tentons de trouver un restaurant dans le port de Vardo. Par suite du redoux, toute la région est recouverte d’un mélange de glace et d’eau dans lequel les phares jaunes de nos 2cv paraissent bien anémiés. Nous trouvons enfin de quoi nous restaurer avec un hamburger à 40f et une bières à 30f ! La vie est vraiment chère en Norvège.

La route complètement verglacée serpente le long du fjord et un fort vent souffle de coté, à tel point que lors d’un arrêt nous sommes surpris de voir la 2cv, moteur arrêté et frein serré, traverser la route sous l’effet du vent !

Il est quasiment impossible de se tenir debout sur cette patinoire et nous frémissons en pensant que grâce aux pneus cloutés, nous roulons la dessus à 60 – 70 Km/h ! ! !

Nous visitons Kirkenes, ville frontière avec la Russie. Les rues sont enneigées en permanence et les ménagères vont faire les courses assises sur une espèce de trottinette en bois munie de patin !

Mercredi 7 février

Nous sommes levés dés 7h du matin car nous avons une journée chargée. Pour rompre la monotonie des heures de conduite, nous changeons de véhicule., Mon pilote d’un jour Hessu, chauffeur routier de son état, parle heureusement anglais et m’initie à la conduite sur neige. Tout d’abord une science de la route lui permet d’adapter en permanence sa vitesse à l’état de la route. Ensuite sa façon de tenir le volant me surprend : il tient le volant d’une main par le moyeu central : cela lui permet de faire des contrebraquages très rapidement sans se mélanger les bras. Avec un peu d’expérience cela s’avère une excellente façon de conduire sur la neige. Surpris de voir un scooter des neiges nous doubler sur le talus il m’apprend que cela est normal, car le scooter des neiges a sa chenille en caoutchouc refroidie par la neige et lorsque la neige fait défaut sur la route il n’y a pas d’autre solution que de rouler sur les talus. Sacré bonhomme que ce Hessu : il m’apprend qu’il est le tenant d’un record qui consiste au printemps, de partir d’Helsinki en 2cv pour aller 1200 kms plus au Nord chercher une fleur qui est déposée dans un vase dans le porche d’une chapelle et de ramener cette fleur le plus rapidement possible à Helsinki. J’apprends médusé que son record est de moins de 24 heures pour couvrir les 2400 kms non stop à une moyenne supérieure à 100 km/h en 2CV6 !( me précise t’il ). J’apprends aussi avec quelques sueurs froides que pour en arriver là il n’est absolument pas question de perdre une seconde derrière un camion qu’il faut alors doubler en haut des côtes ou dans les virages ! ! ! Vataneen jouerait il le même jeu !

En fin de matinée, nous approchons du Cap Nord et situation cornélienne : Nous ne pouvons continuer vers le Cap Nord but du voyage, car compte tenu que nous devons revenir à Helsinki pour reprendre un avion pour Paris (travail oblige ) nous sommes obligés d’abandonner le reste du convoi.

L’organisateur espère que le temps restera clément pour atteindre le Cap Nord, car l’année précédente, une violente tempête de neige avait immobilisé les 2cv. Quelle ne fut pas alors la stupeur des participants de voir arriver une colonne de secours de l’armée russe,fort intrigués de voir à quoi correspondaient ces échos insolites sur leurs écrans radar.

Adieux rapides et cap plein Sud vers Helsinki, 1300 kms de routes enneigées à couvrir en moins de 18h si nous ne voulons pas manquer l’avion de Paris .

Longue route de nuit avec une conduite fort éprouvante. . Les routes enneigées sont parcourues par des camions qui creusent des tranchées dans la neige. La largeur d’une 2cv n’ayant rien de commun avec la largeur d’une 2cv, il faut éviter absolument de mettre les roues de la 2cv dans ces tranchées. Fatigués de cette vigilance permanente, notre PopofTanen se fit embarquer dans une de ces ornières. Sanction immédiate, l’Ami8 part en crabe, contrebraquage trop énergique de PopofTanen et voilà l’Ami8 en pleine nuit qui se couche dans le fossé. Heureusement pas d’arbre pour nous arrêter dans notre course, mais sous le choc la malle arrière s’est ouverte, les bagages se sont répandus dans le fossé, et nous passerons de précieuses minutes à tenter de retrouver à la lampe électrique nos effets éparpillés dans la forêt finlandaise. A l’aide d’une corde et grâce à la 2cv de Christian nous réussissons à remettre l’Ami8 sur la route.

Arrivés à Helsinki les nouveaux propriétaires de l’Ami8 et de la 2cv nous conduisent à l’aéroport et lundi 8h nous serons présents à notre poste de travail où d’un ton condescendant notre chef nous demandera :

"  Alors, ces congés ça s’est bien passé ? " 

 

Henri Lenguin Sept 2003