BALLADE AU MAROC 2007




On est repartis au Maroc…pour la troisième fois en 2CV …pour la cinquième fois en réalité ; et, il me semble encore qu'on ne connaît pas ce pays… Et pourtant, dés la troisième fois, on voyage hors du cocon touristique en allant avec humilité à la rencontre des gens de ce pays…mais ce pays reste secret, presque une énigme, derrière sa façade occidentalisée, se cache un pays arabo-musulman avec ses contradictions et sa diversité de peuples mais aussi sa diversité de paysages, de flore, de senteurs et d'épices…le Maroc est plus que jamais une terre de contraste. Le voyage débute le 27 avril = 3700 Kms environ à partir de TANGER mais beaucoup de pistes et sur piste les distances ne se mesurent plus en Kms mais en heures de conduite=ça peut aller de 10 à 60 Kms/h selon l'état des pistes… et certaines sont, de plus, difficiles à trouver malgré le GPS et le " road book ", cette année, pour compliquer un peu les choses, il a beaucoup plu la semaine avant notre arrivée ce qui nous a posé quelques problèmes de passages impraticables … L'ITINERAIRE TANGER-ASILAH-LARACHE-KENITRA-RABAT-BOUZNIKA (Henri et Jean-Yves font un aller-retour à Casablanca de nuit pour récupérer les VIP =Patrice et Christiane) BEN SLIMANE- SIDI BETTACHE-ROMMANI-OUED ZEM-BOUJAD-KASBA TADLA-OUAOUMANA-TIGHASSALINE-ARHBALOU N SERDANE-BOUMIA-AIT MOULI-ZEIDA MIDELT- RICH- AR RACHIDIA- MESKI-ERFOUD-MERZOUGA MERZOUGA-TAOUZ-HI OUZINA (impossible de passer l'oued Ziz)-TAOUZ-MERZOUGA RISSANI -ALNIF- on reprend la piste à AIT SAADANE -EL FECHT-OUM JRANE-TISSEMOUMINE ZAGORA-TAMEGROUTE- TAGOUNITE-LAC IRIKI-FOUM ZIG-TISSINT On reprend la piste AKKA-IGUIREN-TARGANNT-TISNASSEMINE-TISFRIOUDINE-AGADIR MELLOUL-ALGOU- Route vers TAZENAKHT- piste vers OUARZAZATE OUARZAZATE-SKOURA-EL KELAA M'GOUNA BOULMANE DADES-TINERHIR-GORGES DU TODRA-TAMTATTOUCHTE On reprend la piste AIT HANI-AGOUDAL puis route vers IMILCHIL-OUAOURIOUD-TIZI N ISLY-AGHBALA-EL KEBAB-KHENIFRA-AZROU EL AJEB-BOUFAKRANE-KHEMISSET-MAAZIZ-ROMMANI-BEN SLIMANE-MEDIOUNA - CASA (MOHAMED V AIRPORT)- SKHIRAT PLAGE SKRIRAT-SIDI BETTACHE- ROMMANI-KHEMISSET- DAR BEL AMRI-SIDI SLIMANE- SOUK EL ARBA DU RHARB-KSAR EL KEBIR- LARACHE LARACHE-ASILAH-TANGER

LES DEUCHISTES
Au départ de Toulouse :
Il y a Henri, le baroudeur sa 2CV est là après l'Iran, la Mongolie….toujours prêt à partir, toujours là, fiable, organisé, équipé,….il aime ça …c'est " le boss " et il en faut un !
Il y a Jean Yves, le SDF (Sans 2CV fixe) qui conduit jusqu'à Casa la 2CV de son frère, un habitué aussi, un grand mec au cœur tendre et un bon compagnon de voyage. C'est aussi le premier levé, celui qui fait chauffer l'eau pour le café du matin….et ça, c'est irremplaçable !!!
Et puis il y a les FADO (FA et Domy) avec leur 2CV bleue et blanche toujours prête à partir pour de grands voyages et qui fait l'objet de minutieux réglages et aménagements à longueur d'année…..
A Sète, on retrouvera JF, Jean François, notre photographe poète, inconnu jusqu'alors, mais qui s'est remarquablement adapté à nous et au voyage….toujours en train de rêver et de vaquer à droite, à gauche, à la recherche d'une carte postale, puis des timbres, puis de la poste, puis d'une photo inédite à faire….émerveillé, parfois fatigué mais tenant le coup sans se plaindre, même dans les moments difficiles de la fin du voyage.
A Casa, on récupérera les PATCH (Patrice et Christiane) qui arrivent en avion faute de temps, ils récupéreront leur deuche tandis que Jean Yves sera tantôt avec JF , et le plus souvent le navigateur du Chef (bon navigateur par ailleurs !!) . D'une 2CV à l'autre, la tente avec son frère pour la nuit, ça lui pose pas mal de problèmes, lui qui ne sait jamais où il laisse ses affaires personnelles et qui a toujours l'impression d'avoir perdu quelque chose…



LE VOYAGE


Vendredi 27 avril
 
On quitte Toulouse à 13h10, on branche les CB, le temps est beau et les vacances commencent : conditions un peu difficiles, vent de face comme toujours, les deuches n'avancent pas très vite…enfin, on arrive bien assez tôt à Sète où on fait la connaissance de notre futur compagnon de route JF. Comme d'hab., il y a beaucoup de 4X4 et de motos sur le port en partance pour le Maroc. mais la surprise c'est qu'il y a aussi une quinzaine de magnifiques tractions avant qui partent vers Merzouga…et comme d'hab., il faut des heures pour embarquer et on observe : -une 4L qui n'arrive plus à passer la première -3 golf arrêtées une par une par la douane juste avant le départ (volées sans doute !!) Puis, patience, patience une organisation bordélique sur le Marrakech et le mot est faible, pour faire court = - Ils veulent tout d'abord nous donner des cabines séparées ou exigent des suppléments - JY pense qu'on lui a perdu son billet après avoir parlementé avec le petit chef qui est le responsable de la pseudo organisation de ce bateau (il le retrouvera un peu plus tard…dans une de ses poches !!) - Je fais du " sitting " devant la porte du petit chef et on attend une cabine pendant plus d'une heure, - on attend encore prés d'une heure pour manger un repas au restaurant du bord qui est en fait quasiment identique à celui du self de la classe éco - Henri et JF sont en classe éco alors qu'ils ont payé le même prix que JY qui est en classe confort… - Les toilettes et les douches communes de la classe éco sont dans un état innommable et jamais nettoyées comme le montrent les fiches de nettoyages !!! pourtant présentes Bref, on se couche avec Jean Yves, revenu de la cabine éco. Il fait frais (grâce à la clim) et il fait sommeil aussi… Rapha va faire son petit tour et du bruit en rentrant. On dort déjà.
Samedi 28 Avril
On se réveille en pleine mer, eux vers 7H …moi, j'essaie en vain de me rendormir. Petit déj' à 8H (heure du bateau qui pour faire simple n'est ni l'heure française ni l'heure marocaine…mais entre les deux !!!)Il fait pour l'instant un temps brumeux…on sort quand même sur le pont = papiers, briefing, réglage des GPS, c'est calme...On achète quelques cigarettes en détaxe, on croise actuellement d'après le GPS à 40 KMS d'IBIZA …ça fait un peu loin à la nage si on coule… 0n discute au soleil avec des Lyonnais rencontrés à table de l'Afrique, du Maroc…sympa mais ils ont bien failli ne pas partir car sa femme avait oublié son passeport à Lyon !!! C'est un taxi qui l'a amené à la dernière minute (= 500 euros) on discute du périple et de la possibilité d'une rencontre en cours de voyage dans le sud ! (On se donne un point GPS) Inch Allah ! En fait, on ne les reverra pas. Il n'y a vraiment rien à faire aussi on mange et on fait la sieste …avant de revenir sur le pont, où on discute, Henri nous raconte son voyage d'été en Mongolie, on commente l'état du navire qui est quelque peu décati. Henri voulait prendre une douche, or ce soir, il n'y a plus d'eau mais " c'est pas problème ", rien n'est problème en fait … " il y en aura demain "….ce bateau qui penche d'un côté puis qui n'a plus d'eau, ne nous inspire pas plus confiance que ça mais bon… quelques temps après, l'eau est revenue et Henri n'avait pas fermé le robinet de douche …on rentre dans une cabine sauna pour notre dernière nuit sur le Marrakech en espérant qu'il flotte jusqu'au lendemain !!
Dimanche 29 avril
7H30, on se réveille, on se lave et probablement dans une heure ou deux on arrive….enfin...au Maroc et on quitte le Marrakech !!! Les formalités traînent en longueur, mille tracasseries administratives =les numéros d'enregistrement des voitures sont inexacts (faits déjà sur le bateau), la 2CV des Patch est mise à part des nôtres…c'est long, c'est interminable….un peu galère mais il fait beau et chaud 29°C et on est en vacances alors " too bad " !!! On fait avec ! Il est 12H heure locale (14H en France) quand nous sortons enfin du port vers RABAT. Un plein d'essence ( 230 DH soit 23 euros) et ça y est, on a tout : les papiers, l'eau, l'essence et le pain (qu'on a pris ce matin au petit déjeuner par sécurité !) ; on traverse TANGER et c'est différent du voyage 2005 , c'est pas MELLILA / NADOR ni TAOURIRT, c'est le Maroc qui se veut moderne, occidental, des photos du jeune Roi partout =sept photos différentes en vêtement marocain ou occidental s'étalent sur d'immenses panneaux publicitaires tout le long des avenues , d'autres annoncent la candidature du Maroc à l'exposition Universelle de 2012, des drapeaux flottent un peu partout, des policiers partout aussi et des radars routiers….des immeubles en construction, des pub " enfin,la ville à votre portée… " La modernité, quoi… En sortant de la ville par la RN, on remarque un paysage très vert, avec plein de fleurs et on se dit qu'il a du bien pleuvoir cette année… (Nous verrons plus loin que cette première impression était plus que vraie !!) On longe l'océan et les premiers paysages sont superbes, des pêcheurs, nos premiers dromadaires 2007, on file vers LARACHE pour manger un peu si possible, on passe ASILAH vers 12H45….Certes, il y a de la modernité dans ce Maroc du Nord mais tradition oblige, presque toutes les femmes et les filles habillées à l'occidentale portent quand même le foulard….On aperçoit enfin les petits ânes, constante du Maroc, toujours au travail et des charrues encore tractées par des bœufs …à quelques Kms de TANGER, comme pour démentir la modernité affichée de la grande ville. Partout, nous rencontrerons ce contraste ville / campagne ainsi que celui Nord / Sud, contrastes omniprésents au Maroc de même que le mélange des genres = habits traditionnels portés avec une casquette et/ou des baskets Nike !! Vers 13H15, on s'arrête pour notre premier apéro au Maroc= Ricard et saucisson sur le capot de la deuche. Il commence à faire faim…On passe KHEMIS SAHEL où on déguste un délicieux repas de côtelettes d'agneau grillées avec du thé, puis on roule sous le soleil, sur la route de nombreux petits ânes et des paysans qui vendent leur récoltes dans des paniers = des pommes de terre magnifiques, des oranges et des fraises….des troupeaux de moutons un peu partout et même sur la route …des femmes dans les champs qui font la récolte de pommes de terre à la main…on décide d'acheter des fraises (plus faciles à préparer que des pommes de terre !!!) elles sont délicieuses et ne coûtent que 10DH (=1 euro) le kilo… Henri, comme d'hab. se fait arrêter en premier par la police…comme ça. Pour rien en fait pour causer un peu ! Puis c'est notre tour, on a doublé sur une ligne continue, mais c'est pas problème, on est des touristes…puis c'est au tour de Jean Yves " tu la vends pas ta 2CV " " et non c'est une voiture de collection ", contrôle de papiers quand même !! On prend l'autoroute pour Rabat car on n'est pas en avance et que de plus c'est le seul moyen d'éviter la ville et là c'est hallucinant, spécial, très spécial l'autoroute dans ce pays : des vaches, des moutons, des familles sur le terre plein central, des gens qui traversent avec bébé et enfants, un gosse sur un tricycle, des gens qui discutent sur les bandes d'arrêt d'urgence….bien entendu, aucun rail de sécurité…c'est réellement effrayant. On cherche le bivouac prévu au GPS en vain, il fait déjà nuit et c'est difficile….on se pose du côté de Bouznika, on installe le bivouac, on mange léger et on s'endort tandis que Jean Yves et Henri continue à serrer les fesses pour aller chercher les PATCH à l'aéroport de CASABLANCA = c'est hallucinant et franchement dangereux de conduire de nuit au Maroc…
Lundi 30 avril
On se réveille à 6H30 avec le soleil = ça y est on est sept Le rituel de chaque matin commence : Jean Yves au café, petit déj', préparation des deuches, pliage des hamacs et tente, lavage sommaire, et nous voilà partis (7H40) vers ROMMANI. On prend de l'essence pour les deudeuches et le jus d'orange (tradition matinale au Maroc) avec la pensée du jour d'Henri " jus d'oranges le matin, la pêche est en chemin " Déjà 8H20 ! Dans toutes les petites villes traversées, il y a de grandes avenues ,de grandes esplanades et beaucoup de monde dehors, hommes en djellabas ou pantalons mais avec casquettes le plus souvent, femmes avec foulards et une multitudes de gamins qui courent partout et saluent au passage ; la route est bordée d'eucalyptus et de palmiers, hier on a aperçu quelques chênes liège mais l'eucalyptus reste la dominante dans cette partie du Maroc ; les gens sont souriants, lors de la traversée d'un village , on aperçoit un chien microscopique à côté d'une énorme poule ….et les " poulets " à la sortie bien sûr !!Le paysage change assez brutalement, on traverse à présent une zone montagneuse, aride avec peu de végétation, quelques arbustes, quelques épineux, une route en lacets successifs, serrés….des pins, des ânes qui broutent le peu de végétation au bord de la route…On file ensuite vers OUED ZEM, dans des paysages de montagnes fort beaux,le temps est frais et ensoleillé, il y a beaucoup de fleurs : des champs entiers de coquelicots, de fleurs jaunes, de fleurs oranges inconnues…..les deuches montent bien, courageusement et redescendent vite, vite avant de remonter…. On s'arrête à Oued Zem et là, par hasard, un signe du destin probablement, je regarde mes lunettes qui me semble avoir un problème .Raphaël me conseille alors d'appeler nos amis Cuquel (opticien de métier). Et là, grosse surprise, Ghislaine très émue me raconte que nous sommes dans sa ville natale, (c'est a peine trois semaines après la mort de son père) ce que nous ignorions totalement, nous partons faire quelques photos pendant qu'Henri cherche une boutique qui aurait des piles…. Deuxième signe du destin : Henri repère un petit restau pour midi et en discutant avec les gens du coin, il se trouve que ce café est juste au coin de la rue où se trouvait et se trouve encore le deuxième garage du père de Ghislaine ainsi que sa maison ; on part prendre quelques photos pour elle … A la fin du repas et là encore, ça paraît inimaginable , Henri discute avec un vieil homme qui se rappelle parfaitement de son père, un excellent garagiste nous dit il , il avait deux enfants un fils plus grand et une fille , ce quartier nous dit-il était plein de vie du temps des français et des italiens, il y avait des commerces et des cafés partout, ce quartier était merveilleux il nous cite : Mr Screva qui tenait le restaurant " le petit niçois ", Mr Jama, le boulanger,Mr Segura( mécanicien) ,Mr Polai qui tenait l'hôtel,restaurant,bar du Lac, Jeannot et Antoine Mora, Mr Jean et Mr Pierrot qui tenaient des cafés, Mr Atar ( carrossier), Mr Spinoza qui travaillait à la coopérative, Mr Ahmed….maintenant il n'y a plus rien nous dit il tout est mort…Je reste un moment à discuter avec lui , je lui annonce le décès de Mr Madau….et lui laisse de sa part un peu d'argent et un paquet de cigarettes . Pendant ce temps, Raphaël a été prendre quelques photos du lac qui parait il ressemble à la France ( ?!) C'est assez troublés par tout ça que nous reprenons la route à 15H30 vers KASBA TADLA puis TIGHASSALINE Quarante kilomètres environ avant KHENIFRA, le paysage change, des montagnes de terre rouge en contraste avec des pâturages vert clair c'est splendide, vraiment….on croise une multitude d'enfants aux vêtements très colorés qui rentrent de l'école à pied sur le bord de la route…c'est très beau ! On file vers BOUMIA par un col à 2000m il y a toujours du soleil mais la température extérieure baisse, c'est la montagne et il commence à faire un peu froid dans la 2CV décapotée, on longe l'Atlas et on aperçoit encore de la neige sur les sommets . On s'arrête à la nuit tombée à Zeïda dans un hôtel camping, il fait froid et la tente berbère n'est pas terrible, on décide de prendre deux chambres (300DH chacune pour 6) Henri dort dans la deuche ; On mange (boîtes de sardines) dans la chambre après une douche plus ou moins chaude mais bienvenue.
Mardi 1er MAI
Lever 6H30, rangement, douches pour certains, petit dej' délicieux avec des sortes de crêpes locales absolument délicieuses qu'on trouve un peu partout servies avec du beurre, du miel ou de la confiture. On fait le point avant de partir, il est 8H, le temps est couvert et il ne fait pas chaud du tout : juste 11°C ; petit déjeuner au super également pour les deuches chez Afriquia (17 à 23 euros selon la gourmandise de chacune !!) Problème de freins qui chauffent chez les PATCH, Pourquoi ??? " Si vous voulez la paix dans les cœurs, éloignez les tentes " c'est la pensée du jour d'Henri en ce frais matin. On croise ce matin (et on les reverra sur le bateau du retour) les jeunes marseillais en 4L ….c'est eux qui avait du mal à passer la première pour embarquer, on les double à fond, à fond et ils s'en souviendront !! La route est droite, on file à 129kms / h, c'est désert, rien que des cailloux, quelques touffes d'herbe et les montagnes au loin. En fait, ces marseillais ce sont deux éducateurs de rue avec six jeunes des quartiers en mission humanitaire = ils amenaient deux 4L et du matériel informatique dans un orphelinat dans la région d'Agadir ; au retour, ils nous ont dit avoir eu beaucoup de mal à faire les papiers administratifs pour laisser les voitures. Après Midelt, vers Ar Rachidia, on aperçoit notre première cigogne dans son nid juchée sur un minaret !! Plus un nuage à présent, du soleil et ça se réchauffe doucement : 20°C quand on arrive à Rich, pourtant on est encore à 1200 m et à 116 Kms d'ERFOUD. Dans les gorges du ZIZ, on s'arrête : trois adolescents sympas nous offrent des petits dromadaires en feuilles de palmiers, ils sont sympas, accueillants, souriants et ne demandent rien…aussi on décide de leur offrir à chacun une casquette. Arrivée à ERRACHIDIA (ou ARRACHIDIA), au milieu d'une manifestation (pompiers et police= on se croirait presque chez nous !!), on s'arrête plus loin pour le jus d'orange du matin (10DH) enfin il est déjà 11H !! On part vers ERFOUD. Un petit bout de piste pas loin de Meski afin de grignoter un peu et en remontant JF se fait une peur bleue pas loin de la source bleue….roue arrière dans un gros trou rocheux, châssis posé…les garçons soulèvent la deuche, on pousse, on pousse et ça repart…Avec Henri sur les fesses ! Heureusement, tout va bien…
Nouvel arrêt à Erfoud : thé et bière avant de filer vers Merzouga et les belles dunes dans le coucher de soleil. On perd Henri quelques temps ou plutôt Henri et Jean Yves ont eu envie d'un peu d'ivresse à deux sur la piste à fond, à fond….On se retrouve bien sûr, petite discussion avec des motards du 45 et on file sur la piste vers Rissani pour bivouaquer en face des dunes ….il y aura beaucoup de vent pendant la nuit mais c'était bon quand même ce premier dodo dans le désert…
 
Mercredi 2 mai
On se lève dans le vent et un peu de mécanique de bon matin= on répare l'échappement de la deuche. Hier, c'était dégonflage puis regonflage de pneus pour passer le sable et il a quand même fallu pousser souvent. .. Il est 7H15, on est levé depuis plus d'une heure et on n'a même pas fait le petit déj' ! Impossible !!!Jean Yves nous fait ce matin une petite angoisse (toute petite quand même, après l'affaire du billet de bateau) il est sûr que les gamins d'hier soir lui ont pris son porte monnaie et son appareil photo mais bien sûr, après de multiples recherches dans ses multiples 2CV et tente, notre SDF retrouve toutes ses petites affaires dans la deuche du chef !!! Quelques minutes après, un autochtone arrive de bon matin pour déjà nous vendre quelque chose…en plein désert et en plein vent = il a de la chance, on lui donne toutes les revues françaises de la semaine passée que nous avons emportées, il repart très content ; nous, malgré le soleil et le magnifique paysage, on décide de retourner dans la civilisation (un café) pour notre petit déj' car il y a trop de vent… Puis on part par la piste vers Taouz, on a passé le point GPS 50, il a beaucoup plu, il y a trois jours et on nous dit qu'il est impossible de passer l'oued Ziz….Mais on va essayer quand même, on a vraiment envie de faire la longue piste du sud …On fait quelques kilomètres et on cherche un passage sans trop de boue, le long de la frontière algérienne (elle est très proche,juste derrière la colline) …On cherche, on cherche, on jardine presque toute la journée….quand on a presque trouvé la solution, on n'a vraiment plus assez d'essence pour continuer….la mort dans l'âme, on renonce.
 
Ce sera pour une prochaine fois quand les lits d'oued seront secs, c'est franchement dommage ! Mais c'est comme ça il faut accepter …on a acheté du pain fait par les habitants dans le petit village et on repart par une belle piste vers Taouz puis Merzouga. Ce soir, le bivouac se fera prés du petit lac un peu boueux mais Henri arrive a s'y laver comme un vrai baroudeur …on mangera en écoutant SEGO et SARKO tant bien que mal et les deux frères qui confrontent leurs idées avant de s'endormir sans le vent mais avec un moustique vaillant qui passera sa nuit à dévorer le pied de Raphaël !!!
Jeudi 3 mai
Lever 7H, tout le monde (sauf Rapha !!) a bien dormi et est en forme .A 8H, on fait le point et on part vers Mhamid via Rissani " Un jour de jardinage, ça rend sage "c'est la pensée du jour d'Henri. Nous voilà partis, les deuches ronronnent, le temps est superbe, les paysages sublimes, tout va bien. On a jardiné tout hier et c'est un peu décevant de n'avoir pas pu prendre cette belle piste du sud " too bad " mais c'était une super journée sur les pistes quand même et on ne regrette rien (un peu quand même, car Taouz-Tagounite par la piste ça doit quand même être le pied !!!) Arrêt à Rissani, jus d'oranges frais, délicieux puis on va au souk local, haut en couleurs, beaucoup de très beaux fruits et légumes : oignons, poivrons, tomates, haricots, pommes de terre, ail, fruits secs, différentes herbes aromatiques et épices ;
   
On trouve de tout dans ce souk et les légumes sont vraiment superbes ; plus loin, le marché aux ânes. JF et JY ont été faire leurs petites courses de leur côté =des chèches. On repart avec des amandes, cacahuétes pour la route et quelques épices….entre temps, je rencontre quelqu'un qui parle très correctement le français et qui a fait des études agricoles a St Affrique au fin fond de l'Aveyron, cette rencontre me vaudra une consultation de dermatologie sur un gamin qu'on m'amène en consultation sur la place il a une magnifique lésion mycosique sur le bras ; Rissani,dés le VIIéme siècle était une ville renommée et le grand carrefour économique avec le Soudan (actuel Mali) il s'y échangeait de l'or, de l'ivoire, des esclaves et de nombreuses marchandises et les caravanes repartaient par les salines de Theghazza où se chargeaient les plaques de sel…. ;toujours très importante au XVI éme siècle c'est l'ancienne capitale économique du Maroc et le berceau de la dynastie Alaouite dont est issue le famille royale actuelle ; aujourd'hui on a du mal à s'imaginer tout ça car c'est juste une petite ville du sud aux portes du désert de 6000 h mais ici, tout est resté assez traditionnel, sur le plan vestimentaire les femmes sont intégralement voilées et ne laisse voir qu'un œil et encore à peine et il faut faire attention pour les photos…car le sentiment religieux semble fort. ALNIF : on s'arrête pour prendre de l'essence car les deuches sont assoiffées et on décide d'y manger avant de prendre la piste = délicieux poulet grillé aux épices avec frites et salades (on emporte le reste pour le soir) Une petite précision : on a trouvé les frites tout à fait extraordinaires et c'est normal =les pommes de terre d'Alnif sont célèbres dans tout le sud marocain !!! L'autre particularité de cette région, c'est le sous sol qui date du précambrien = on y trouve les fameux trilobites( animaux de l'ère primaire ,il y a 570 millions d'années doués de l'organe de vision à une époque où il n'y avait pas de vie sur la terre ferme)on y trouve aussi des ammonites (ère secondaire,il y a 250 millions d'années),des goniatites, des cératites des orthocères, des bélemnites, un vrai paradis géologique ; Mohammad Bouyiri, a à Alnif une boutique fabuleuse : c'est un vrai passionné qui a quelques superbes spécimens d'insectes fossilisés et quelques très belles pièces….on se contente de quelques trilobites tout en admirant le reste. On attaque la piste en début d'après midi et ce n'est pas terrible, on s'ensable tous les uns après les autres, ….on pousse….on pousse …
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Puis on stoppe sous un petit arbre …on cherche la piste et Rapha a un problème de support de boîte de vitesse….on répare pendant un bon moment = le support de boite ça va mais l'échappement restera comme il est car on n'a pas de collier qui aille pour réparer. Les gamins qui ont assisté à la poussette et au dépannage nous ramènent sur la piste vers Zagora. C'est une piste très belle et très roulante, un vrai bonheur, de beaux paysages….on se pose à la nuit tombante pour un bivouac superbe au milieu de nulle part pas très loin de Tissemoumine…on prépare le campement, il fait bon, la nuit est belle, le ciel parsemé d'étoiles comme un ciel dans le désert loin de toute pollution lumineuse, superbe…. Hélas, la nuit fut agitée par de violents coups de vent qui ont duré plusieurs heures et nos deux campeurs ont mangé du sable !!!!
Vendredi 4 mai
Il est 6H , on se lève dans le vent : pour le petit déj' et la toilette c'est un peu moyen…mais on fait avec…à 7h le bivouac est plié et on file car il y a encore 70 Kms jusqu'à Zagora…puis on continuera vers Tamegroute, Tagounite et Mhamid La pensée du jour d'Henri " Tant que le matin t'as pas chié, t'as la mauvaise pansée "…. Ce matin, c'est JF qui est au Road Book et au GPS…c'est donc JY notre SDF qui va conduire la deuche de JF (le sans 2CV fixe qui navigue entre les trois voitures depuis le départ étant aussi le plus étourdi pour ses affaires perso, ce n'est pas gagné !!) Les quatre deuches s'en vont vent arrière ….ç'est le pied !!
   
Petit arrêt un peu plus tard, 49-3 pour Henri (les initiés comprendront) et pétanque aux cailloux pour les autres…On admire des champs entiers de dromadaires…exotique…superbe...mais le chamelier en mobylette rompt le charme de cette image bucolique.. Plus loin, en bord de piste on aperçoit un bric à brac, avec une tente berbère…c'est le café du coin avec une seule table bien sûr…tenu par un handicapé Le bazar Zaïd à Emil Ouassif (56 KMS de Zagora sur la piste) un bon thé et on lui achète quelques fossiles…pour faire marcher son pauvre commerce… La piste devient dure, on roule à 17 Kms /h, (ça ressemble à la piste de l'enfer 2005) le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas roulante…tu as le choix : cailloux ou tôle ondulée, tôle ou cailloux….dur, dur…il fait 33°C déjà, la T° de l'huile est à 75° ….les pointe de vitesse c'est 20 Kms/h…. On arrive enfin à Zagora, les deuches ont bien tenu, rien de cassé….essence, jus d'orange...Je récidive cette année et achète collier et bracelet en argent (copies de bijoux touareg)…On achète de la viande pour le repas de midi qu'on va se faire griller dans un camping…On en profite pour négocier une douche chaude à 10DH, ça va être un vrai plaisir….et bien, non c'était froid, comme d'hab. Mais c'était un vrai plaisir quand même…On se sent bien, on est propres, on peut aller se resalir… et c'est bien ce qu'on fait, on repart vers Tagounite pour prendre la piste vers Foum Zig …on va essayer d'éviter l'ensablement par Mhamid (sable mou pas terrible pour les deuches…) et contourner…on va probablement trouver de la piste caillouteuse mais ça semble mieux a priori que le sable mou…à voir Après Tamegroute, sur le goudron encore deuxième " crevaison " depuis le départ, la première c'était les Patch le premier jour, maintenant c'est Henri, un trou pour laisser passer un camion, la jante a pris un coup, on redresse au marteau, on regonfle et ça a l'air de tenir…du moins pour le moment !
 
Il est déjà 18h quand on arrive à Tagounite, on va prendre la piste ce soir mais elle fait 160 Kms et il va probablement falloir plus d'une journée pour en venir à bout ! Vers 18H 30, on trouve un endroit un peu moins caillouteux pour le bivouac et ce soir on fait même un feu : c'est Jean Yves qui s'y colle avec l'aide assidue de JF qui liquide le tas de bois en un clin d'œil !! Dodo comme tous les soirs vers 8H30/9H
Samedi 5 mai
On se réveille à 645 m d'altitude il fait 18°C mais on a un peu froid !!!Ce matin, mécanique chez Patrice, une cosse de batterie, on commence la réparation au fil de fer tout en buvant le café qui était prêt au saut du hamac…merci Jean Yves !!On attaque la piste à 7H15, il fait 20°C à l'extérieur : après un début quelque peu caillouteux, la piste devient relativement roulante et agréable ; à quelques kilomètres de la source sacrée, on trouve du sable mou avec le risque d'ensablement des deuches : on dégonfle et on passe à fond, à fond….un par un….et ça passe, pas besoin de poussette ce matin mais on retrouve les cailloux et donc il faut regonfler rapidement….tout va bien mais il y a un peu de vent de sable et ça pique…Arrive la pensée du jour " la piste, c'est comme la femme du voisin, celle d'à côté te paraît toujours meilleure… " Nous sommes à 1100m…il y a toujours un peu de vent de sable. Vers 10H30, on arrive à l'oasis de la source sacrée …avec 30 mn de retard …quelle honte !!!On se traîne !!On gare les quatre deuches sous les palmiers…début de bonheur…casse croûte, bière et thé ce matin pas de jus d'oranges pressées : on est en plein désert.
 
Les impressions de JF : c'est simple mais ça résume tout " j'aurai dû commencer plus tôt " en tout cas, il s'est habitué et conduit sa deuche comme un chef maintenant ! Même dans le sable ! Saucisson, vache qui rit...On se repose sous la tente berbère et on repart à 11H45…il y a toujours du vent et le sable qui vole….le désert tel qu'on l'imagine….je mets le chèche pour protéger le nez et les cheveux….nous voilà partis….mais on s'ensable, on s'ensable, on cherche la piste, on se trompe…on cherche….
   
0n finit par repartir vers le point GPS 95 (oasis de la source sacrée) Il est 13H15 on a déjà perdu presque 2H mais les garçons ont envie/besoin d'une petite bière !! A 14H passées on repart vers une autre piste il fait 42°C, et la piste c'est des cailloux, des cailloux et encore des cailloux….un enfer …des nuages de poussière…les cailloux qui tapent sur le châssis…de la piste pas très facile, c'est le moins qu'on puisse dire….des cailloux de plus en plus gros….du Foum Zig pur jus !!
   
Heureusement, après c'est le bonheur au lac Iriki….du sable dur…des dérapages…les deuches à fond, à fond…face à la colline… " Les plaisirs les plus brefs sont souvent les plus intenses "…Henri pense beaucoup aujourd'hui…quelques morceaux de belle piste après la caillasse, c'est le pied et on s'amuse+++
   
Mais, on doit repartir et JF s'ensable quelques instants plus tard….pour la dernière fois aujourd'hui je pense, on dégonfle, on pousse, on regonfle….c'est gonflant à la longue mais c'est le jeu…dure journée ce jour sur cette piste de 160 Kms pas très roulante au début et avec quelques passages de sable mou ensuite…dur apprentissage des pistes pour notre ami JF, dur baptême aujourd'hui….il ne se plaint pas, jamais mais c'est pourtant dur…à 18H10, ensablement de Patrice, dégonflage, poussette, regonflage et on repart, les derniers kilomètres sont durs et on est tous un peu fatigués…On s'arrête pour le bivouac au milieu de nulle part à quelques trente Kms de Foum Zig. Dodo, coups de vent+++ dans la nuit et " passage des éboueurs "…Mais Henri au péril de sa vie (!!!) s'est levé pour sauver la bouteille de vin restée dehors…
Dimanche 6 mai
Cette nuit malgré les coups de vent on a bien dormi et on pense que ça ne doit pas être le cas de Ségo et Sarko…Altitude : 465m, T° 16°7, il est 6H40 et on est quasi prêts à reprendre la piste…mais la deuche des Patch ne repart pas, elle fait la tête, pas la forme …elle veut un peu de considération ce qu'on lui donne et c'est reparti…quelques kilomètres plus loin : premier ensablement de la journée !! Patrice !! Puis regonflage de pneus ! JF ! Pour 30 Kms qui restent, la journée s'annonce bien…pour qui le prochain ? Comme dit Henri, F.Z. c'est le trouduc du Maroc…il faut être maso pour y revenir tous les deux ans, c'est un peu galère quelque soit la piste qu'on prend (avec une palme pour celle prise en 2005 quand même !!) c'est sans doute pour ça que les gens " normaux " n'y viennent pas !!Mais, FZ au petit matin…c'est quelque chose…croyez moi ! Sans blague ! Tout nous semble plus beau que la première fois, comme quoi c'est une question d'ambiance et de mental…même les paliers nous semblent plus vivaces !!! jus d'oranges à FZ, bon et frais en plus…qui de nous aurait cru ça la dernière fois qu'on est passé ?? Et puis aussi quelques petits achats dans le calme : gandouras, beaux plateaux…on décide de rester là sous cet arbre pour manger après une séance de rasage pour les deux frères chez le coiffeur local qui est également le serveur du bar !!! On offre un peu de vin à Rachid (propriétaire des petits commerce) et à Mouloud (le cuisinier qui nous a régalé d'une magnifique salade : carottes, oignons et tomates, de grillades et d'oranges à la cannelle) délicieux vraiment !
   
On s'arrache vers TISSINT…quelques Kms plus loin, Rapha a sa première crevaison puis la 2CV des Patch se met à chauffer (= l'essence Ziz ne lui plaît pas…capricieuse deuche !!) Arrêt au bord des cascades de Tissint : après midi de calme, on se baigne, on se lave les cheveux, on fait un peu de lessive, beaucoup de mécanique : on réconforte nos deudeuches qui ont eu quelques jours de souffrance !!
   
Soleil, lecture, calme dans cet endroit un peu paradisiaque…le chef du village nous autorise à camper dans la belle palmeraie : ce soir, repas de " gala " pour la soirée électorale, on écoute la radio et on apprend ainsi le nom du vainqueur = on a un président finalement….On s'endort la dessus dans le calme de la palmeraie après avoir fini l'excellente bouteille qu'on avait ouvert pour entendre les résultats…
Lundi 7 Mai
On se lève à 7H, un peu plus tard que d'habitude dans ce bel endroit, le soleil brille entre les feuillages des palmiers, le ciel est d'un bleu profond, magique…on déjeune et on va partir dans quelques minutes, c'est déjà un peu la remontée vers le nord, ce soir on devrait être à Ouarzazate = piste jusqu'à AKKA IRHEN puis route jusqu'à TALIOUNINE et TAZENAKHT puis piste jusqu'à OUARZAZATE….mais non, ce sera pas ça !!
   
Patrice a un problème mécanique sérieux, les garçons essaient de réparer ,mais il n'a pas le même moteur que les autres 2CV et on n'a pas de clef à bougie…avenir mécanique pas terrible….entre temps Saïda à qui j'ai offert un tee-shirt hier soir vient nous voir , elle veut qu'on l'accompagne pour visiter les terres de son père à qui elle doit apporter une miche de pain…c'est un peu loin mais avec Christiane ,on y va et on visite cette palmeraie, bien irriguée (ici il y a de l'eau en abondance !!) ,bien cultivée : il y a de tout, des grenadiers, de la vigne, du maïs, du blé, de la luzerne pour le bétail, des courgettes, des tomates, oignons, ail…ils ont vraiment de quoi manger…sa famille vit actuellement dans le village en haut et les enfants, même les filles, vont à l'école. Autrefois ils vivaient en bas dans la palmeraie prés des cultures. L'eau, comme dans toutes les oasis est alimentée par pompe à partir d'une source et distribuée par de petits canaux qui irriguent des parcelles de 5 à 6 m de côté. Le père de Saïda est par ailleurs en train de creuser un deuxième puit et celle-ci est très fière de nous montrer ses terres mais les meilleures choses ont une fin et après avoir remercié Saïda (argent et échantillons de parfum), on tente de partir pour prendre la piste mais la deuche de Patrice n'arrive plus à monter…il est déjà 10h et le soleil commence à taper…le problème reste entier : c'est le souci de ne pas avoir les mêmes moteurs, en fait, Patrice a un moteur de visa et a un problème de bougie…impossible de remonter la côte, impossible de prendre la piste, bloqués !! On attend, tandis que H. et JY. Partent à Tissint chercher un 4X4 ou un Camion pour tracter la 2CV….en fait, c'est Mr le Maire de Tissint qui nous dépannera avec le 4X4 Ambulance municipale…très sympathique.
   
Mais on devra renoncer à la première piste et aller vers Taliounine par le goudron…too bad …on s'arrête dans un garage à Tissint où on trouve la bonne clé pour changer enfin cette bougie ! On prend un thé payé par P. bien sûr, je passe un petit coup de fil aux Tataouis qui sont rentrés en France plus tôt pour les élections (on est à 60 Kms de Tata et on pense à eux et à leur accueil chaleureux de 2005 !). On se fait donc un peu de goudron pour tester la deuche des Patch et pour essayer de rattraper un brin les heures perdues, mais comme dit Henri et ce sera la pensée du jour " Un raid sans panne, c'est comme une femme sans charme " et c'est vrai ! De plus, ça a permis à H. et J.Y. de discuter avec le Maire de Tissint et les rencontres c'est quand même le vrai but des voyages…et puis il fait beau, les deuches ronronnent et la vie est belle…il est 12H30 et on ne regrette rien : cette panne, c'était les pieds dans l'eau dans un endroit superbe, on aurait pu plus mal tomber !!On s'arrête pour manger à Akka Irhen, ça a l'air très pauvre = on mange à sept deux petites tajines misérables….quelques photos discrètement…
   
On évite le café, on se fera un " nes " sur la route….c'est un coin assez misérable, d'ailleurs le paysage alentour est aride, montagnes pelées, peu ou pas de végétation, du sable et des cailloux. On arrive à TAZENAKHT, c'est un important centre de tissage de tapis (les tapis ouzguida à trame orange) et bien même si vous ne le savez pas dés l'arrivée vous le saurez…il y a des tapis partout, des coopératives de femmes…mais nous ce qu'on cherche c'est des trucs pour manger ce soir et c'est coton de trouver des bouillons cube …quand on arrive enfin à trouver et à s'expliquer on a failli partir avec du bouillon de biquette !!!Enfin on a trouvé On trouve également la piste (80 Kms) vers OUARZAZATE à 17H40, ce qui est parfait pour trouver un bivouac sympa avant le coucher du soleil. La deuche des Patch semble bien se porter et la piste est correcte pour l'instant…on traverse Tafounante, tout petit village sur la piste avec cependant un gros groupe scolaire et une multitude de jeunes et de gosses qui saluent gentiment au passage des deuches. D'ailleurs, ici c'est partout la même chose, les gens sont souriants, sympathiques et agitent la main le long de la piste avec beaucoup de gentillesse...on passe Tisslite et on s'arrête pour le soir prés d'un village au nom imprononçable pour nous Lbrge
Mardi 8 mai
Ce matin, JY levé dés 5H30, après son petit tour du matin et avant le café, nous joue le " paparazzi " dans les couchages !! Quelle horreur !! Heureusement il fait aussi le café ! Les hommes se rasent, les femmes se lavent ; il est 7H, il fait un beau soleil après une nuit un peu froide à 1200m…tout est chargé dans les deuches, le moral et la santé de chacun sont OK, il fait 15°C, on contrôle les voitures et de fait, le problème actuel de Patrice c'est que l'avance est en retard (les mécano avertis comprendront) c'est aussi évident que la gauche qui est à droite (pour politiques avertis only !!). Cette piste vers O. traverse nombre de petits villages avec femmes et enfants habillés de tenues très colorées absolument magnifiques sous le soleil, des mini oasis à chaque point d'eau avec lauriers roses, palmiers superbes, vigne…la moindre parcelle est cultivée et ces petits villages sont très beaux et plein de vie…les enfants que nous croisons vont à l'école, les parents travaillent dans les champs. A noter que tous les enfants du Maroc saluent en disant pour la plupart d'entre eux " bonjour, stylos ? " Le Maroc semble être devenu un vrai cimetière à stylos !!! Ou un supermarché géant de stylo bille …à moins que ce ne soit la seule chose qu'ils savent vraiment dire en Français ?? Ce qui est peut être vrai pour certains, pour d'autres c'est presque un jeu !! En tout cas c'est un jeu qu'il faut faire cesser…
   
A présent, le paysage a changé à nouveau, on monte ou plutôt nos deuches escaladent courageusement par la piste maintenant caillouteuse une montagne aride, desséchée…1520m …elles sont courageuses nos petites deuches et montent sans problème puis redescendent des pentes incroyables avant de remonter bien sûr avec énergie …courage ! Courage !petites deuches, le ciel est bleu, les paysages sauvages, magnifiques, le soleil chauffe doucement, l'air est frais…rien que du bonheur ! Ils sont en train d'électrifier tous ces villages de montagne et ce n'est pas simple !! il y a beaucoup de cailloux et ça cogne contre les châssis…mais toutes les deuches résistent : la deuche de JF freine bien, celle des Patch monte à présent sans problème et même très bien…les mécaniques résistent à ces gros cailloux, aux montées et descentes successives…tout va bien ! on aperçoit d'immenses troupeaux de chèvres, de moutons et même d'ânes qui escaladent la montagne à la queue leu leu pour aller s'abreuver, des tentes berbères de ci, de là pour les bergers…il y a de la vie sur cette montagne aride !absolument fabuleux ! On arrive à Ouarzazate par le petit lac, cette ville devient de plus en plus touristique…sans commentaire ! No comment ! On se paye quand même la visite des studios de cinéma de la compagnie du haut atlas avec l'ouvrier marocain qui a construit les décors, grandiose et dépaysant au possible…Mission Cléopâtre grandeur nature, marrant et intéressant !
   
On mange local dans un petit troquet marocain prés de la gare routière (poissons, sardines farcies, frites, aubergines grillées et salades) à la fin du repas tombe une nouvelle alarmante = la maman de Patrice et Jean Yves est en Réa à Purpan dans le coma (défaillance multi viscérale) elle était hospitalisée depuis notre passage à FZ mais son état semble s'être considérablement aggravé, c'est le pépin…les deux frères cherchent des solutions de rapatriement rapide…craignant d'arriver trop tard ! Longue attente dans le café, puis dans le luxueux hôtel Accord pour une bière…on attend…finalement les nouvelles sont un peu meilleures et le rapatriement en urgence des enfants annulé pour l'instant. On décide de partir vers TINERHIR et les Gorges du TODGHA (prononcez Todra) par le goudron. Il est presque 17H, on traverse des villages de construction traditionnelle (terre+paille) certaines habitations semblent avoir quelque peu fondu (la pluie de ces dernières semaines ???), on dirait des châteaux de sable écroulés !Des flics en nombre sur la route qui arrêtent exclusivement les marocains, jamais les étrangers c'est un peu bizarre, chez nous c'est l'inverse ? (Enfin, si on veut…)On aperçoit au loin les sommets encore enneigés ; on traverse la vallée du Dades…les gens proposent des colliers de roses odorantes sur le bord de la route prés de M'Gouna : en fait nous sommes en pleine saison dans la vallée des roses ; il se dit que cette variété la " rosa damascena " extrêmement odorante aurait été ramené de Damas au Maroc par des pèlerins certains prétendent l'inverse mais peu importe, elle a apporté la richesse ici :un millier de tonnes par an séchées ou distillées elle est exportée dans tout le monde arabe qui adore ça !! On s'arrête pour acheter de la crème d'argan (argan qui provient d'Essaouira et qui est conditionné ici) et le commerçant dont la mère et la sœur habitent à Toulouse dans le quartier de la Reynerie nous propose de bivouaquer ici prés de chez lui et de nous faire préparer un couscous pour ce soir …il y a des WC et des possibilités de douche chaude, on accepte de rester là pour la nuit (on est à 30 minutes des gorges du Todgha et on ne sait pas où bivouaquer ce soir)P. et JY sont encore sous le choc et ne savent pas trop ce qu'ils vont faire…tout dépendra des nouvelles médicales…Inch Allah ! Comme ils disent ici…on verra bien.
   
On installe les lits, certains prennent la douche et on attend, on attend longtemps le couscous et le thé (21H30 ! c'est tard pour nous !) mais l'ensemble est bon et ça réconforte les troupes Puis dodo sur place au café-restaurant dit du Pont des Roses.
Mercredi 9 mai
Réveil à 6H, on est à 1220m, il fait 8°C ce matin…mais un beau soleil et un délicieux petit déjeuner avec crêpes locales et miel et vrai jus d'oranges bien sûr ! Henri regonfle sa roue après attaque de taxi hier soir au freinage (virage à l'intérieur !!) On nous précise que le Café-restaurant du pont des roses est le seul de la région à faire le couscous le vendredi soir, on sait que le vendredi est le jour de la grande prière et on a pourtant remarqué que les gens ont l'air très religieux dans ce coin ; on a même assisté de loin hier à la prière du soir de l'ensemble des personnes présentes et la personne qui tient le restau ressemble quasiment dans ses manières à un mormon ( ?)
   
Aux dernières nouvelles il semble que la maman de P et de JY a fait un coma hyper glycémique avec crise d'épilepsie associée ? Un peu rassurés, on reprend notre périple vers TINERHIR, il fait un peu moins beau : quelques nuages dans le ciel bleu et beaucoup moins de soleil. On s'arrête pour une courte visite chez les artisans couteliers, cet art leur a été appris par les juifs qui ont quitté la région au moment de la guerre des six jours en 1967 ( ?!). On admire leur dextérité : poignards finement ciselés, boîtes ciselées, flacons de khôl…. On admire les gorges et on remonte la route ,superbe, mais la route goudronnée autrefois est effondrée…et quelque peu dangereuse…on poursuit jusqu'à TAMTATTOUCHTE où on s'arrête et l'arrêt sera long à l'hôtel camping chez Baddou. On commence sous uns tente berbère par un déjeuner berbère (sorte de tajine au riz) délicieux !! Depuis quelques jours notre périple devient gastronomique !!! Adieu les sardines en boîte !! On discute et on s'amuse avec Ali qui nous décline les pensées de plusieurs jours (Henri se repose !!) : TAMTATTOUCHTE= tape ta mouche (et il y en a…) MARRAKECH= ARNA KECH (c'est l'arnaque) AGADIR= rien à dire (il n'y a rien à voir) ESSAOUIRA= ça ira (c'est bien) ERFOUD= rien à foutre (pas la peine d'aller voir) TINERHIR=ça fait rire ZAGORA= c'est la mafia Après, plus sérieux, on parle politique il aime bien ce qu'a dit Sarko le soir de son élection et ils adorent tous leur jeune roi, mais dit-il le problème c'est l'entourage, un roi ou un président ne peut pas tout faire tout seul " avec une seule main, on ne peut pas applaudir " termine t-il en riant !
   
Maintenant ça devient carrément classe : ce soir on dort à l'Hôtel ! Chambre n°7 Je prend une bonne douche chaude pendant que les hommes font la sieste puis on part à pied visiter le village et ses belles cultures…en chemin on trouve un petit guide en la personne d'Hassan Dani, 12 ans qui est bon élève, qui parle assez bien français et qui a un peu d'ambition : il veut devenir pharmacien. C'est un gamin intelligent, il nous accompagne dans notre visite, tient à nous présenter sa mère, sa sœur et la jeune femme de son frère qui tissent un tapis dans une maison fort sombre sous la surveillance plus qu'attentive de la grand-mère et du grand père…la vie est dure pour les femmes dans ce pays et ici en particulier : on en a croisé cet après-midi portant des sacs de farine de 50 KG alors que les hommes et les ado étaient assis en train de discuter tranquillement !! On prend un coca à l'hôtel avec Hassan et on se repose en attendant le soir, Henri soigne ses intestins, Jean Yves refait la route sur le GPS en expliquant tout ça au jeune Hassan qui va bientôt nous quitter car il y a un mariage au village et tout le monde est invité (ce mariage ne sera fêté qu'un jour car la mariée vient d'ailleurs sinon c'est obligatoirement 3 jours de repas et de fêtes). Après quelques coups de fil, on apprend que Jean Yves prendra un bateau pour la France dimanche et que les Patch reprendront l'avion samedi matin à 5H…le destin , c'est le destin encore une fois on ne rentrera pas a Toulouse avec les deux frères G. Tant pis… Repas du soir : soupe, grillades et un peu de musique locale à la derbouka ; je termine la soirée par une petite discussion philosophique et politique avec Ali sur l'avenir un peu préoccupant de son pays avec sa démographie galopante et sur la situation des femmes .Puis on se quitte pour un grand dodo dans une chambre modeste mais sympa. Henri dort dans sa deuche bien sur ainsi que JF.
Jeudi 1O mai
Réveil 6h, Rapha prend le lever du soleil, je me lève à 7h...Il fait frais mais le soleil est là comme toujours ici…le retour va être dur !!On déjeune en regardant le livre d'or où des japonais ont écrit et Ali me dit en riant, malicieux comme d'hab. " Les japonais, c'est amusant, ils écrivent comme les petits oiseaux dans le sable " c'est poétique non ? On est à 1600m montée prévue ce matin par la piste à plus de 2700m !! Le petit déjeuner est royal comme toujours ….on n'attend pas Patrice et Christiane qui se font une grasse matinée ce matin jusqu'à 8H Allez, on part ! Fini le farniente ! On attaque par une piste caillouteuse et assez défoncée, avec de grosses ornières dues au passage des 4X4. On est à 2255m quand JF crève, on l'aide à réparer…On passe plusieurs villages où les enfants et même de jeunes adultes font semblant d'enlever quelques cailloux sur le chemin pour obtenir quelque chose…il y a même des gamines qui courent devant les voitures avec des bébés de quelques mois sur le dos…c'est un tantinet agressif parfois et c'est décevant et très triste de voir tous ces enfants en train de quémander tout le temps stylos,bonbons,argent…un véritable gâchis organisé par les touristes qui jettent en passant de la monnaie ou des stylos à ces enfants pour se donner bonne conscience…
   
La piste devient ensuite moins mauvaise mais plus sinueuse, puis carrément roulante ….ça monte, ça monte et on arrive à 2377m !! Puis au sommet à 2680 m, temps superbe mais très frais en raison de l'altitude, c'est impressionnant : une vue vertigineuse sur la vallée, majestueux…dés qu'on redescend bien sûr la piste redevient moins roulante avec à nouveaux des cailloux et de grosses ornières ; on croise peu de monde sur cette piste : un motard français tout seul ce qui n'est pas très prudents, des palois en 4X4, et un local en camion plus quelques troupeaux et quelques chiens un peu kamikazes !! Ensuite ce sont des traversées dans l'eau à 6 à 8 reprises…les oueds ne sont pas encore secs !! A 11H, on traverse Agoudal et la aussi dans les villages alentour on rencontre des nuées d'enfants pilleurs et piailleurs qui tapent les deuches au passage furieux de ne rien obtenir…la piste est défoncée par endroits ,des trous, des bosses, d'énormes flaques d'eau…quand il pleut, c'est la patinoire assurée…IMILCHIL 20 Kms, on retrouve le goudron et à l'entrée de cette mauvaise piste, deux touristes américains qui s'y engagent pour la faire en vélo…je leur souhaite bon courage, le temps est un peu menaçant et ils n'ont pas l'air de savoir ce qui les attend…espérons qu'ils ont une voiture suiveuse ?! On est sur un goudron à la marocaine c'est-à-dire route goudronnée au centre avec pas mal de trous ; on grignote après Imilchil, prés du lac Tislit ; on repart à 13H vers AZROU, on passe Tizi N Isli, puis AGHBALA, petite bourgade animée avec des enfants réservés qui disent simplement bonjour au passage. Puis KHENIFRA, ville coquette, développée, un peu occidentale puis MRIRT : noir de monde, il y a un souk énorme type fête annuelle et des gens tout le long de la route à pied ou sur des ânes qui reviennent du souk ; juste après, on aperçoit plein de nids de cigognes et on croise des camions chargés d'énormes billots de bois de cèdres….On passe AZROU et ses toits verts pour prendre la route d'Ifrane et voir les belle forêts de cèdres peuplées de singes magots ( il parait qu'il y en a prés de 200 000 !! dans les forêts de cette région) on va voir le vieux cèdre Gouraud, mort depuis longtemps,mais toujours debout et on s'amuse un moment, surtout Henri, avec les singes… On trouve pas loin un bivouac acceptable pour passer la nuit, un peu pelé mais tranquille. Ce soir ce sera sardines car il faut veiller à ne pas trop s'embourgeoiser surtout que c'est le dernier bivouac de Patrice et de Christiane qui demain soir dormiront dans un hôtel prés de l'aéroport de Casa !
   
Vendredi 11 mai
6h30, lever, malgré le soleil il fait froid on est dans le nord. Le moral des troupes est au beau fixe, on a bien dormi. On contrôle les deuches =came d'allumage dissymétrique sur le deuche de Patrice qui règle pour laisser à son frère une deuche en état pour la remontée .Pendant ce temps Henri règle par téléphone un problème sur une 2CV (la sienne) qui est à Blagnac car il l'a loué à un brésilien qui doit partir avec à 11H en Autriche : le dépannage téléphonique est coton et la pensée du jour va se faire attendre ! En fait, les joins du bocal de lookeed montrent des signes de vieillesse, ce qui semble-t-il se produit sur toutes les deuches qui ont plus de 20 ans (durée estimée des joins par empirisme=20 ans) Henri trouve quelqu'un pour aller dépanner la deuche à Toulouse, ce qui semble quand même plus pratique.
   
Fin de l'épisode mécanique, on fait le point et on part direction MEKNES, 2CV impec sur leurs pneus et en grande forme…du moins à peu prés. Prés d'Ifrane, on voit des maisons cossues, toits pointus style chalets suisses. Ici, on répare activement les routes, il y a un nombre incroyable de gens qui travaillent, qui réparent et qui nettoient les bords de route, il y a des arbres vénérables et magnifiques…c'est très beau et très propre : normal !c'est un lieu de villégiature pour les riches marocains, le roi y a sa résidence d'été et l'hiver c'est une station de sports d'hiver., On déjeune à l'occidentale à EL HAJEB : cafés, jus d'oranges, pains au chocolat et même des mille feuille pour Rapha et Jean Yves (total pour 7 : 97DH) on est retombés dans la civilisation !!! Super pour les deuches plus cher (250DH par 2CV). BOUFAKRANE (ou BOUFEKRANE selon) à 14 Kms de Meknes, on stoppe à un super marché Marjane, les seuls endroits où on peut acheter du Ricard pour les apéros (indispensable pour faire de la piste : on n'en a plus !). On trouve par la même occasion les fameuses Keftas de sardines en boîte que cherche en vain JF depuis plusieurs jours….en fait , le soir on a trouvé ça un peu décevant mais bon, c'est local et on n'en trouve pas ailleurs...il fallait goûter , c'est fait !! Le supermarché est entouré par un troupeau de moutons : seule impression qui nous permet de penser avec la sortie réservée pour les achats d'alcool qu'on est encore au Maroc et encore en vacances ! Un instant de plus là dedans et on se serait cru à Auchan un samedi matin ! Vision de cauchemar !! Tous les policiers qu'on croise ont le sourire…à généraliser chez nous à notre humble avis !!On contourne Meknes, non par manque d'intérêt mais par manque de temps ! On file vers Rabat, les quatre deuches tournent comme des montres, pourvu que ça dure ! On passe Khemisset et on quitte la nationale pour prendre des petites routes vers Rommani ! Pas grand-chose à dire, c'est le goudron ! on croise des milliers d'enfants et d'adolescents qui sortent des écoles à midi, les populations paraissent largement plus riches que dans le sud, les filles semblent plus libérées beaucoup d'entre elles ici sont en jeans et cheveux au vent…après une orgie de petites côtelettes de moutons grillées arrosée de vin de Meknes, on reprend la route au soleil, il fait 34,4°C et du vent…On passe Ben Slimane, à Sidi-Hajjaj, on s'arrête pour boire un coca et un marocain très bien élevé parlant un français remarquable nous invite et discute un moment avec nous du chômage très élevé à Ben Slimane, de l'éducation nécessaire des marocains, du rôle de la famille…très sympa…mais après coup on s'est demandé si ce n'était pas un policier en civil ?? Peu importe au fond ! On file vers Casa, on laisse nos VIP (Patrice et Christiane) à l' " Atlas Aiport Hôtel " petite bière au bar puis on les quitte à 18H45…le bivouac prévu est loin aussi, une fois n'est pas coutume, on prend l'autoroute surtout que la nuit commence à tomber…les petites deuches foncent à 90 Kms /h mais le soleil se couche inexorablement et ce sera encore un bivouac de nuit probablement un peu dur à trouver et c'est vrai qu'on a un peu de mal à trouver le petit chemin d'entrée qui y conduit mais la récompense est au bout : un superbe endroit au bord de l'océan à côté de Skhirat plage. Ce soir, après des pâtes communautaires, on s'endormira bercés par le bruit des vagues océanes.
Samedi 12 mai
Ce matin, on se lève tranquillement à 7H, au soleil, face à l'océan, un brin de rêve, le bruit des vagues en musique de fond, on déjeune puis c'est leçon de démontage/remontage de pneus, enlever la chambre à air, vérifier le pneu… JF est un élève appliqué...si, si…et pourtant il souffre sur ce pneu sous l'œil attentif et avec les conseils éclairés d'Henri et quelques coups de main amicaux de JY.… !
   
Je pars marcher un peu sur la plage, ça sent un peu la fin des vacances et pourtant le départ n'est que mardi pour nous, mais hier on a fait 7-2= 5 et demain on perd Jean-Yves ! Et puis, fini le grand sud et ses pistes, fini le désert…on est dans le nord du Maroc et même s'il fait beau, ce n'est déjà plus pareil, il manque la magie du sud ! Pendant ce temps, notre bivouac est envahi par un grand troupeau de moutons, d'agneaux et de vaches qui viennent brouter tout autour des deuches…matinée bucolique au bord de l'eau…on a du mal à partir…on passe par Skhirat plage, très résidentiel, de belles résidences secondaires directement sur la plage, on a du mal a trouver un café…quel contraste avec la pauvreté qu'on a constaté dans nombre d'endroits ! On finit par trouver un endroit pas mal où on prend café, jus d'oranges, viande et tomates grillées...le complet quoi !ensuite on remonte par Sidi-Bettache, Rommani, Khemisset, Dar bel Amri où les deuches servent de transport scolaire pour quelques enfants qu'on rapproche de chez eux ! A SIDI SLIMANE, on fait le plein (233DH ! on était presque à vide !) de la poussière, du monde, il fait étouffant, ça grouille littéralement de partout…on se sent très mal à l'aise dans cet endroit, on croise sur la route des charrettes surchargées (15 à 20 personnes) tirées par un seul âne !! Il fait plus de 30°C, les gens rigolent en voyant les 2CV, succès garanti mais on file vite pour avoir un peu d'air. A 18H30 on passe Mechra Ben Ksiri, puis Souk El Arba…On arrive à LARACHE vers 20H c'est-à-dire de nuit, on se pose à l'aire de repos et après quelques calamars en ville on se couche Dimanche 13 Mai 8h, on se lève tard, douche chaude sur l'aire de repos de la COMARIT, camping gratuit et très propre de Larache, petit déjeuner sur place…cet endroit est vraiment correct et très sécurisé comme on va pas tarder à l'apprendre. J.Y. a dormi comme un loir dans son hamac….et même il s'en voit bien un double dans son 4X4 !!
   
Il part aujourd'hui (5-1=4) Combien va-t-il nous en rester à l'entrée de Toulouse ??? Henri philosophe ce matin : - sur les grandes migrations des magrébins autrefois qui s'arrêtaient sur ces aires de repos qui étaient beaucoup plus nombreuses à l'époque : ils traversaient l'Espagne en direction du Maroc et de l'Algérie. - Sur le jeune serveur sympathique qui parle marocain mais aussi français, un peu espagnol, anglais, allemand mais pas un mot de basque…gros trou dans sa culture !!! Après la brume, je dirai presque le brouillard de ce matin, le soleil fait son apparition et ça fait du bien. On glande au camping jusqu'à 10H puis on va boire deux tournées de jus d'orange en bord de l'océan (5DH le jus)= on se renseigne : il faut deux kilos d'oranges pour un litre de jus et on en a bu au moins deux litres….o va voir la plage sur la première qu'on aperçoit il y a des parasols et des vaches !! On par faire un tour sur une autre plage à quelques kilomètres, magnifique !!! Puis on s'offre un excellent tajine de poissons (préparé par Abdoul et Mohammed) au bord de l'eau puis c'est l'adieu à JY...Mouloud 1er comme l'a baptisé Henri ! Après une petite sieste, on part visiter les ruines de Lexus et là c'est l'horreur la plus totale : nous sommes agressés (Raphaël et moi) par des individus cagoulés brandissant des couteaux impressionnant ! Lames de prés de 20cms, individus fébriles, déterminés, violents et qui semblent n'avoir rien à perdre…. En un mot dangereux+++ tout nous passe dans la tête en quelques fractions de secondes …terroristes ? Enlèvement ? Tuerie ?...en fait, on est presque rassurés quand on comprend que ce sont simplement des bandits … en quelques secondes ils prennent ce qu'ils veulent : tout notre fric et le GPS…on descend rapidement la colline, sous le choc encore, dévalisés mais en vie et non blessés…En bas, on attend JF ,la peur au ventre car il est part seul après nous pour nous rejoindre et on craint le pire...au bout d'interminables minutes, il arrive, il est un peu blanc,et il saigne…il a eu affaire juste après nous aux même individus et a essayé de se défendre, enlevant le couteau à l'un d'entre eux et le saisissant par les c…..il est mis à terre et étranglé par le second…à un moment il est obligé de lâcher et se fait piquer tout l'argent liquide en euros et son appareil photo numérique. Des touristes en camping car avec le guide appelle la police et le SAMU local…ils n'ont rien pour le soigner sur place et JF ne se sent pas d'aller à l'Hôpital de Larache…je sors le matériel et le soigne sur le capot de la deuche : il a une grosse coupure au couteau à la main droite et des lésion de râpage au bras gauche…il a par ailleurs mal à la gorge et restera quelque peu aphone pendant les jours qui suivent…On est réellement un peu choqués et on termine la soirée (plusieurs heures) au poste de police pour les déclarations = en arabe littéraire ça semble poser quelques problème de traduction et d'écriture …mais bon, il faut reconnaître que les policiers ont été extrêmement compatissants et sympas…on retourne chez " Comarit " épuisés moralement….
Lundi 14 mai
6h45 : on se réveille après une nuit un peu difficile…on va retourner voir la police du 2éme arrondissement pour les papiers en français et leur raconter qu'il y a peut être un témoin qui a vu nos agresseurs à visage découvert car il était en haut de la colline quand Henri est remonté voir et a montré par où ils étaient partis à celui qui accompagnait H. C'est peut être le berger venu au commissariat hier soir avec son bâton - faucille et qui s'est fait jeter dehors par les policiers car il était " armé " ?
   
On prend le petit déjeuner au self de l'aire de repos qu'on ne va pas trop quitter jusqu'au départ car la police qui est à quelques mètres de là dit que c'est un endroit très sûr et bien gardé ; ce matin, ce sera mécanique …la portière droite de notre deuche est bloquée depuis notre arrivée à la Sûreté Nationale hier soir. On répare et ça marche ! Hier, on a vu défiler tous les gradés de garde de la police en quelques heures, je pense qu'ils sont ennuyés et qu'ils ont vraiment à cœur de sécuriser leur pays mais j'ai bien peur qu'ils n'en aient pas vraiment les moyens ! Pourtant une agression à main armée, c'est quand même pour les victimes autre chose qu'un vol simple.A 10H45, on va comme prévu hier soir au siège central de la Sûreté Nationale, ils sont visiblement débordés par les affaires du week End (24) et nous demande de repasser dans une heure chercher les déclarations de vol et d'agression. Il semble que les agressions de touristes étrangers dans le coin de Lixus ne sont pas si rares : l'an dernier, un anglais s'est retrouvé en short car on lui avait même piqué sa voiture et il y a 3 ans il y aurait eu un meurtre à cet endroit !!! Pas rassurant ! On va sur le port et on trouve un super restaurant très propre où on mange de délicieux poissons et calamars grillés, avec salade et service impeccable ( La perle du Port) vraiment une adresse à retenir même les toilettes sont clean !! Puis retour pour une bonne heure encore à la police…décidemment, on fréquente assidûment les postes de police depuis hier, certes, c'est une autre façon de faire du tourisme et de découvrir le pays, mais on se passerait volontiers d'une telle expérience bien que ce soit réellement plein d'intérêt. L'après midi, comme on s'ennuie un peu, JF et Henri ont joué au criquet bourré (Pour initiés, only…) puis sieste, lecture et douche…thé au self, en fait on passe le temps à attendre demain pour quitter le pays !! j'ai un peu dormi dans la 2CV de JF, mais je crois que je mettrai longtemps à oublier ces couteaux et ces visages cagoulés, 62 hectares non contrôlés,la police dit ne pas pouvoir surveiller. Lixus est un endroit à haut risque et aucun guide pour voyageur ne le signale : Le routard conseille même d'aller y contempler le coucher du soleil !! C'est presque de l'inconscience
Mardi 15 mai
Lever 6H30, on remonte sur Tanger aujourd'hui, mal dormi, il faudra du temps à chacun pour oublier….et mon regard sur le Maroc du Nord a changé. On va se préparer et après le petit déjeuner prendre la route côtière tranquillement. Ce matin, il n'y a pas de brume, pas de vent et un beau soleil…comme pour nous donner un dernier regret ! Ce soir ce sera le Marrakech, ce qui représente déjà une toute petite angoisse vu l'état du navire à l'aller ! Une dernière chose amusante avant de partir, une marocaine accoste Henri pour lui dire qu'elle n'a jamais vu de voitures aussi modernes que ça…. !!! Un dernier jus d'orange sur le port, et salut Larache !! Asilah, on cherche à manger quelques délicieuses côtelettes d'agneau avant de quitter le Maroc ! Difficile ici, on en trouve finalement sur la route dans un tout petit café très correct avec le petit chat affamé habituel. Au port formalités faciles et rapides (ça change de l'arrivée !!) grâce à un marocain qui travaillait chez Coca Cola à Castanet. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, sur le Marrakech, ça recommence : problème de cabines et là on s'énerve vraiment, Henri se fâche grave, JF aussi…bref, un vrai souk…ils nous promettent deux cabines après le départ...à suivre…cette compagnie est vraiment trop ! Ils ont déjà appelé l'électricien…et on n'a pas encore quitté le port (les initiés comprendront)…on sympathise avec un mécano du bord, sympa, sa femme vit à Sète et il est même prêt à nous filer sa cabine ! Mais, tout s'arrange on obtient deux cabines confort et quand ils apprennent notre mésaventure on mange tous les quatre au restaurant au premier service sans supplément !! La comanav fait un effort !!
Mercredi 16 mai
On a tellement bien dormi qu'on est presque arrivés en retard au petit déjeuner qui est servi entre 7H et 8H ( de toutes façons on arrivera en retard à tous les autres repas, apéro oblige !) .Suit une ballade sur le pont : le navire zigzague un brin, trajectoire fort peu énergique, nettoyage des ponts, on en profite pour dire bonjour à notre mécano préféré puis on se prête gentiment à un exercice d'évacuation et c'est on time affublés des gilets de sauvetage qu'on assiste à la passation de pouvoir Chirac- Sarko car le rassemblement a lieu dans le grand salon ! Ensuite, nous allons avec JF rencontrer le médecin du bord car je n'ai plus rien pour refaire son pansement. Il est déjà au courrant de notre agression comme tout le personnel du Marrakech probablement !!! On discute de Noto et de la médecine de catastrophe et il me fait part de sa déception qu'il n'y ait pas de vrai SAMU au Maroc. Il est très sympa et très confraternel et nous promet une visite de la passerelle ce que nous ferons cet après midi après avoir regardé les cérémonies de Paris et avoir fait une petite sieste sur le pont…il fait beau pas de vent et du soleil !
   
On se fait un petit apéro sur le pont avant le dîner…on va finir par aimer le Marrakech, si, si Jean Yves… tu peux me croire ! Jeudi 17 mai De la houle et du vent depuis plusieurs heures : j'évite le petit déjeuner…on ne sort du port de Sète qu'à 12H30 malgré des formalités faciles et pour se quitter avec convivialité on se paye un super repas chez Fady à Balaruc au bord de l'étang…à 18H , on se fait la dernière bise à Carcassonne, puis c'est l'adieu à la CB avec JF à Castelnaudary, Avec Henri à Pompertuzat un peu plus tard… c'est donc tel un cavalier solitaire que le chef repart vers Tournefeuille. Merci encore une fois Henri pour cette super ballade. On s'est régalé sur les pistes du sud, c'était vraiment géant ! On a vu des choses superbes, il y a eu des moments plus difficiles mais l'amitié toujours été là et les souvenirs sont beaux.


LE VRAI VOYAGEUR NE SAIT PAS OU IL VA …MAIS PARFOIS IL REVIENT 


Toulouse, le 22 mai 2007 Dominique