RAID   2CV  AFRIQUE  99

                MALAGA - DAKAR
 

    Organisation 2cv club Cote d'Opale :  J.P. Boudevin
 
 
 
 

                                
 
 
 

MERCREDI 14 AVRIL 1999

 Malaga. 9h58: Nous arrivons au port pour un rendez-vous prévu à 10 h. Nous avons fait le plein d’eau (30 litres ) et de vin
(6 litres ) en prévision de quelques tajines à arroser d’un petit verre de rouge.
12 heures. Départ du Ferry en direction de Melilla. 8 heures de traversée . Boubou (l’organisateur) profite de la traversée
pour nous faire les dernières recommandations et la présentation des équipages parmi lesquels figurent trois équipages
portugais, un italien, un suisse- belge, le reste étant constitué d’équipages français .Côté sécurité dans le désert, il nous est
précisé que le tir des fusées de détresse devra se faire s’il y a lieu à 21 heures (heure locale.) Un petit souci administratif
concernant l’usage des postes CB au Maroc dont l’autorisation officielle n’est toujours pas parvenue à l’organisateur et le
ferry poursuit sa route tandis que les propriétaires de GPS tentent de rentrer dans la mémoire de leur machine les “waypoints” identifiables sur le Road Book qui vient de nous être remis.

20 heures. La soute du ferry s’ouvre et les 35 deudeuches foulent le sol africain de l’enclave espagnole de Melilla. On profite
de la détaxe de l’essence (2F40 ) pour remplir notre réservoir (60 Litres) plus une réserve de 10 litres. Direction l’hôtel à
Nador et l’on commence a effeuiller le Road Book qui sera notre fil d’Ariane tout au long de ce périple.
Ce soir peu de Kms au programme avant l’hôtel à Nador mais une épreuve de choix : Le passage de la frontière marocaine.
Début des contrôles : 21h15. Fin des contrôles : 1h15 Coup de théâtre lors de ces contrôles: les douaniers marocains n’ont
pas reçu l’autorisation officielle pour l’importation des postes CB, et nous les confisquent tous!
De guerre lasse, nous abandonnons provisoirement la partie pour nous rendre à l’hôtel, et à 3 heures du matin nous prenons
un repos bien mérité.
 

JEUDI 15 AVRIL

 Décalage horaire aidant (-2 heures) nous sommes levés de bonne heure et tentons par des coups de téléphone à
l’administration marocaine de résoudre le problème des CB confisquées.
9 heures : Coup de téléphone au “responsable marocain” qui nous précise que le papier attendu va arriver à la douane.
10 heures: Coup de téléphone en France pour demander le n° de téléphone d’un ami marocain qui pourra peut être nous
aider.
10 heures 15: Suite à l’intervention de l’ami marocain, le  “responsable marocain” préposé à l’affaire des CB , nous téléphone
à l’hôtel et nous demande de lui communiquer par fax la liste des CB sous douane avec leur n° de série.
10 heures 30. Le fax envoyé malgré une coupure de courant dans la moitié de la ville,et l’attente recommence.
11 heures. Coup de téléphone du “responsable marocain” qui nous confirme avoir reçu le fax et va le transmettre a la
Sécurité.
12 heures. Coup de téléphone au “responsable marocain” qui nous précise qu’il transmettra le fax à la Sécurité à 14 heures
30 !.
13 heures. Nous nous restaurons chez Hamid , (le Mac Do local ) d’une excellente friture de poissons et décidons de faire
appel à Europe Assistance , Mondial Assistance  et Inter Mutuelle Assistance  pour nous aider. “ Si vous n’avez besoin de
rien venez nous voir “ telle pourrait être la devise de ces trois organismes qui se défilent poliment au téléphone.
Trois solutions s’offrent à nous:
- Soit continuer notre route . Nous devons être ce soir à Midelt (400 Kms) et abandonnons les CB aux douanes marocaines.
- Soit attendre patiemment que la fameuse autorisation arrive.
- Soit récupérer les CB aux douanes marocaines pour les expédier vers l’Espagne.
La série des gags continue: Si nous voulons récupérer le sCB pour les renvoyer en France via l’Espagne, le mandataire
espagnol contacté nous demande de remplir un formulaire d’exportation et d’acquitter des droits de douane . Situation
kafkaïenne, puisque les CB ne sont pas rentrées au Maroc mais sont sorties d’Espagne!. De plus pour acquitter les droits de
douane il nous faudrait une facture par appareil !.
15 heures. Nous changeons de tactique : Nous appelons l’attaché du bureau du 1° Ministre marocain chargé des
Télécommunications. Une charmante personne nous renvoie vers la direction technique des Télécommunications. Coup de
téléphone poli. Exposé de notre problème et l’on nous renvoie vers le responsable marocain des CB que nous contactons
depuis hier!. Un peu d’insistance et nous obtenons le N° de téléphone de son supérieur.
16 heures. Coup de téléphone à ce haut responsable qui se trouve en réunion et sa secrétaire nous apprend -oh joie ! -  que
notre fax a été transmis à la gendarmerie et qu’elle se renseigne pour savoir quand nous pouvons espérer recevoir
l’autorisation tant attendue.
18 heures. Nous rappelons la charmante secrétaire (La note de téléphone au standard de l’hôtel commence  a prendre de
l’embonpoint ) . Celle-çi nous affirme que tout devrait être réglé demain matin , et qu’elle nous téléphonera. Nous sommes
condamnés à rester une nuit de plus à Nador et après discussion, trois voitures resteront a Nador pour récupérer les CB
tandis que le reste du convoi partira ce soir pour Midelt.
19 heures. Toujours rien, avec la perspective de devoir demain rattraper le temps perdu avec 900Kms a voir courir devant la
capot de la 2CV. Dans la série catastrophe , l’hôtel où nous nous trouvons est maintenant privé d’eau suite à un problème de
pompe.
Plus d’espoir de recevoir le fax salvateur avant demain et pour nous occuper un peu nous décidons de revenir au poste
frontière pour tenter de récupérer nos CB par un coup de bluff. Coup de chance, le douanier de service n’est pas celui qui
nous a confisqué les CB. Nous lui affirmons d’autorité avoir reçu l’autorisation de retirer les CB, nous lui présentons comme
preuve le fax que nous avons en fait envoyé, et ça marche. Le douanier nous remet le carton contenant les CB. Quelques
frayeurs car carton sous le bras, nous devons expliquer aux policiers qui gardent la frontière une histoire crédible.
21 heures. Il est trop tard pour prendre la route. Nous passerons la nuit dans l’hôtel toujours privé d’eau et partirons demain
pour Ouarzazate (900 kms) pour rattraper le reste du convoi.

VENDREDI 16 AVRIL
                            

 Route étroite pour descendre vers le Sud, et chaque croisement d’un véhicule sur cette route oblige l’un des deux véhicules à
descendre sur le bas -côté. Face à face à quelques dizaines de mètres , le conducteur le plus téméraire reste sur la voie
bitumée tandis que le vaincu est contraint de descendre dans le bas coté caillouteux et de ralentir pour pouvoir ensuite
reprendre la voie bitumée. La route est longue, et grâce aux CB retrouvées, nous plaisantons sur cette  espèce de jeu mélange
d’intimidation et de roulette russe ,digne de James Dean dans la “Fureur de vivre”
Faire descendre dans le bas- côté une Pigeot qui vient en face : 1 point, une Mercedes : 2 points, un camion : 3 points.
12 heures . Nous arrivons a Midelt où les autres concurrents sont passés hier soir et nous sommes étonnés de trouver deux
voitures de l’organisation devant l’hôtel où nous devions dormir.Quelques minutes plus tard, nous apprenons que la 2CV de
l’équipage Belge-Suisse a été heurté de plein fouet par une Mercedes et que ses occupants blessés aux membres et à la tête
ont été évacués par hélicoptère sur l’hôpital de Fès .Grâce à l’intervention immédiate du docteur qui suit le Raid, leur
mésaventure ne devra être plus tard qu’un mauvais souvenir. Bouleversés, nous reprenons la route vers Ouarzazate où nous
arrivons vers minuit après une visite éclair aux gorges du Todra. La journée a été longue et un camarade de chambre ronfleur
invétéré m’obligera à aller passer la nuit dans le jardin de l’hôtel.

SAMEDI 17 AVRIL

 L’hôtel Atlas à Ouarzazate est situé au centre d’un vaste terrain servant de studios de cinéma. Nous visitons les décors aux
colonnes de plâtre avant de nous élancer vers Tafraoute terme de notre étape de ce soir. Nous avons enfin rejoint les autres
membres du Raid après deux étapes marathon de 1300 Kms en Espagne et 900 Kms au Maroc.
La journée aujourd’hui s’annonce cool avec 310 Kms de route et 85 Kms de piste que tous les participants attendent avec
impatience.
13 heures. Arrêt repas à Talouine à l’auberge Souk Tana . Bonne adresse avec pour info, chambre double à 72 F . ( N 30
31 560   W 007 54 316 )
Après le repas, nous découvrons enfin les premières pistes, impatients comme des gosses devant un jouet encore emballé.
Nous nous jetons dans cette piste très dure, caillouteuse, où les rares voitures que nous trouvons roulent à 10 km/h environ,
alors que nous avalons les cailloux à 40-50 km/h !!!
15 kms : 1° crevaison. Nous retrouvons le goudron après 25 km de piste et constatons que la 2CV penche du côté gauche.
Rapide inspection : le support du ressort de suspension est en train de s’arracher !!! Moyennant quelques dirhams, le
ferronnier local nous ressoudera le support et nous voilà repartis pour les 65 km de piste restants. Au bout de quelques kms
de sauts et de rebonds, des claquements inquiétants se font entendre à l’avant droit . Arrêt et grosse surprise. Jaloux du
traitement imposé à son petit frère de gauche, le support droit du ressort de suspension s’est arraché du châssis et le ressort
de suspension, zébulon maintenant inutile, gît sur la piste. Il nous reste 30 kms de piste et 50 kms de goudron, avant de
rejoindre l’étape.
Le côté avant droit du châssis de la 2 CV est maintenant pratiquement posé sur la piste et les cailloux, avec des grondements
sourds, labourent le châssis. Pour gagner quelques précieux centimètres de garde au sol, le copilote et la charge sont
transférés à l’arrière droit de la 2CV.
30 kms à 10 km/h, cela fait 3 heures à souffrir avec le châssis de la 2CV qui racle la piste, dont les cailloux paraissent
maintenant énormes à la lumière des phares. Nous implorons Dieu, Allah, le Bouddha, le grand Sachem et tous les autres
pour que la butée qui retient le bras ne cède pas, ce qui signifierait l’arrêt définitif.
23 heures : Nous arrivons à Tafraoute. Pour ce soir, terminé. On verra demain et direction la chambre ou les hasards de la
répartition font que cerise sur la gâteau, notre ami le ronfleur se retrouve dans notre chambre “ Ne pas prévoir c’est déjà
gémir “ disait Léonard de Vinci , et conscient de la véracité de cet adage , j’installe ma mousse et mon duvet dans la salle de
bains.

DIMANCHE 18 AVRIL   (Le gag du gendarme)

 Au petit déjeuner on commente l’étape de la veille : tuyau d’essence perc , bras arrière déchiré, tirants de suspension
coupés, et même perte de la malle arrière pour “Jo le Taxi “.Visite chez le ferronnier du coin et réparation et renforcement de
la partie du châssis qui semble avoir été pour l’instant le talon d’Achille de notre 2CV.
 “ Tiens au fait, je n’ai fait que 3 photos depuis le départ “
Quelques photos des magnifiques rochers ronds de Tafraoute et comme nous sommes (encore) les derniers nous attaquons le
Roadbook et direction Layoune, étape de ce soir.
Dés la sortie de la ville un policier nous arrête et nous demande :
 “ Où allez vous ?”
 “ Tiznit Monsieur” comme  le précise le Roadbook
 “ Vous vous trompez, faites demi-tour “
Pressés, nous faisons demi-tour en pestant contre cette erreur que nous imputons au Roadbook.
 “Tiens encore une erreur sur le roadbook, prends à gauche “
 Hélas au bout de quelques kilomètres il faut se résigner à admettre que nous ne sommes plus sur la bonne route. Grâce au
GPS, nous nous positionnons sur la carte et constatons que nous tournons en rond sur  de petites routes. Le temps presse car
nous devons être à Goulimine à 14 heures pour un départ en convoi permettant de franchir les postes de police qui contrôlent
cette zone du Sud Marocain, ancien Sahara espagnol et maintenant disputé entre les Marocains et les Sahraouis.
Un peu de navigation au GPS et nous retrouvons la route du roadbook qui nous mène au départ d’une piste de 18 Kms.
Prudence oblige, nous la parcourons d’un train de sénateur propice à l’admiration du paysage. Paradoxalement le Sud
marocain est moins aride que l’Atlas et le jeune blé vert en pousse tranche avec l’ocre des cailloux.
14 heures. Nous rattrapons le gros de la troupe pour le déjeuner à Goulimine . Pas grand chose à voir, sauf que le petit jeu “
T’as pas 1 Dirham ou t’as pas une casquette “ semble occuper la moitié de la population. Après le déjeuner, départ en
convoi pour Layoune pour tenter, en jouant de l’effet de masse, de franchir le plus rapidement possible les 7 postes de
contrôle qui jalonnent la route.
 1° contrôle à 22 Kms de Tan Tan: 5 mn.
 2° contrôle à 31 Kms de Tan Tan  5mn
 3° contrôle à 70 Kms de Tan Tan : 5mn
Bonne nouvelle, le super est moins cher: 4,92 Dirhams  soit environ 3F le litre contre 4F80 auparavant.
La route côtière qui va de Tarfaya à Laayoune est en permanence balayée par un vent violent qui forme des langues de sable
traîtresses qui viennent par moment obstruer la route. Prudence donc.
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Aujourd’hui pas de problème à signaler . On s’est accoutumé à passer des
heures dans cet habitacle avec pour compagnon de voyage le vent qui siffle dans les portes, le moteur à la peine qui ronronne
inlassablement sous les pieds comme un tigre domestiqué (!) , les bruits divers et coutumiers qui envahissent notre espace à la
moindre bosse.L’oreille se crée petit à petit une collection de bruits “ normaux “et toujours inconsciemment à l’affût du bruit
anormal qui viendrait annoncer un problème potentiel. L’odeur à bord est un subtil cocktail de Tahiti douche, de gaz
d’échappement, et d’odeur d’essence des bidons qui fuient toujours un peu. Là aussi on se compose un registre d’odeurs
“normales “à l’aguet de la moindre odeur suspecte qui viendrait par exemple signaler qu’une des précieuses bouteilles de vin
vient de se percer !.

LUNDI 19 OCTOBRE     Laayoune Dahkla (540 Kms )
                            

 Aujourd’hui longue route en convoi et en prévision, le petit déjeuner a été servi à 6 heures.Le grand Sud commence ici. Une
route rectiligne dans un paysage désertique avec sur la droite le bleu de l’océan.
9 heures: Soudain le moteur de la 2CV pétarade , perd de sa puissance et s’arrête. Warning,  puis bas- côté , nous tentons
d’établir un diagnostic tandis que les autres 2CV passent à coté de nous en vrombissant. Redémarrage, le moteur tousse et ne
retrouve sa vigueur qu’à haut régime. Le diagnostic tombe : Gicleur du 1° corps bouché. Pas question de perdre du temps
pour le déboucher sinon il nous sera impossible de rattraper le convoi. Seule solution pour continuer : faire fonctionner le 2°
corps en permanence, c’est à dire de rouler comme Alesi “à fond a fond” .La route est droite et 15 mn plus tard nous
rattrapons l’arrière garde du convoi.
Insolite image que ces 35 2CV  multicolores qui s’étirent sur plus de 1 km de long et ressemblent à des miniatures perdues
dans ces immenses étendues de sable et de cailloux. Une fois n’est pas coutume, et aujourd’hui l’organisateur de ce raid
“Boubou “ fait route avec nous alors que d’habitude il joue le camion balais. Passionné de 2CV il doit être rempli d’aise à la
vue de toutes ces 2CV régulièrement espacées , et, tel un général au milieu de ses troupes, il doit penser que ce spectacle
vaut bien toutes les tracasseries administratives qu’il lui a fallu vaincre pour être là aujourd’hui..Côté ravitaillement en essence
pas de problèmes: les stations sont (relativement) nombreuses
16 heures. Après un dernier contrôle de police, Dahkla est en vue. (anciennement Villa Cisneros).  Bâtie sur une presqu’île, la
ville parcourue en permanence par un vent violent faisant voler bouteilles et poches en plastiques,  est constituée de bâtiments
récents qui abritent des escouades de douaniers, policiers, gendarmes, militaires et autres fonctionnaires. Direction le centre
ville où la police vise les passeports puis direction la douane à l’entrée de la ville pour la vérification des cartes grises.

MARDI 20 AVRIL       Dahkla  - Frontière mauritanienne.

 Rendez vous à 11 heures avec la gendarmerie qui forme le convoi qui doit nous escorter vers la frontière mauritanienne.
Inspection de la 2CV et nous découvrons que le support arrière gauche de l’amortisseur est coupé. Pour 20 Dirhams (12F)
le soudeur du coin fait merveille (une fois de plus) et nous voilà prêts à affronter la piste. Ici commence vraiment l’Afrique car
le docteur du Raid nous à rappelé ce matin qu’il fallait commencer à prendre les comprimés anti- paludisme.
Les convois en direction de la Mauritanie ont lieu uniquement les Mardi et Vendredi.
15 heures. Le départ du convoi est imminent. Les passeports nous sont enlevés et nous serons rendus lorsque le convoi
arrivera à 14 kms de la frontière mauritanienne. Après avoir noté pour la 4° fois les numéros des voitures, les gendarmes nous
contrôlent deux fois en 50 mètres, et nous prenons place dans le convoi au milieu des inévitables Peugeot et Mercedes qui
vont terminer leur vie en Afrique. L’une d’entre elles conduite par un français est arrivée la veille au soir et moyennant le troc
contre un ordinateur démodé , un garagiste local l’a repeinte entièrement durant la nuit !. Elle parviendra ainsi pimpante à son
nouveau propriétaire africain.
A partir de Dahkla il n’est plus possible de remonter vers le Nord  ( cela serait en train de changer) ce qui impose pour un
éventuel voyage en Mauritanie où au Sénégal que la voiture soit vendue au Sénégal ou rapatriée par bateau.
Après 150 kms de convoi le véhicule militaire qui ouvre le convoi s’arrête suite à une crevaison. On contrôle de nouveau le
convoi et l’on s’aperçoit qu’il manque une 2CV et une AK Dyane de l’assistance. Par recoupement on en déduit que la 2cv
ce “Claude” et “Pompier”est restée en panne au départ. Courageusement l’organisateur n’hésite pas à faire demi-tour pour
tenter d’aller voir ce qui s’est passé. Au bout de 30 mn d’attente une “Pigeot” nous dépasse et nous découvrons que la 2CV
de “Claude” et “Pompier “est en remorque derrière.
Lors de cette attente pas question d’aller dans le bas coté, sachant que pour éviter les incursions du Polisario, les Marocains
ont déposé dans le sable tout au long de la frontière 2.500.000 Mines.
Plus âme qui vive le long de la route, plus de chameaux, plus de chèvres, plus d’habitation, seulement un sable blanc, un soleil
ardent et la route excellente jusqu’à présent, qui se constelle maintenant de nids de poules. A 330 Kms de Dahkla nouveau
contrôle de police  puis 30 Kms après nous arrivons dans une sorte de camp militaire , emplacement de bivouac pour ce
soir.Aussitôt arrivée la 2CV de “Pompier et Claude” est autopsiée alors que “pompier” nous confie avoir mesuré grâce a son
GPS une vitesse de 147 Km/h alors qu’il était en remorque derrière la Pigeot !!!
Moteur démonté, c’est la distribution qui est en cause: Tige de culbuteur cassée. Alors que le camp s’endort, à la lueur des
lampes électriques , Eric, Claude,Girod Roux , tous pilotes de 2CV Cross s’affairent sur le moteur et à minuit , moteur
remonté dans la 2CV, celui ci après quelques hésitations se met à pétarader sous un ciel constellé de myriades d’étoiles. Une
autre 2CV moteur cassé,attendra demain pour que son moteur soit remplacé par un autre moteur amené par les AK Dyane
de l’assistance.La cabane qui sert d’abri est déjà envahie d’un troupeau de ronfleur et ce soir ce sera encore une nuit à la
belle étoile .

MERCREDI 21 AVRIL   Frontière mauritanienne - Nouadhibou  35 Kms
   

 7 heures du matin, le convoi se réorganise pour un départ à 9 heures . Le moteur de la 2CV n’ayant pu être changé à temps,
celle ci partira dans le convoi tirée en remorque par la 2cv 4X4 d’Eric.
La piste commence dès la sortie du camp. (A quelques centaines de mètres du camp, un Combi Wolkswagen brûlé sert de
repère. (Pour info, si vous passez dans le coin :  Monter le ressaut derrière celui-ci puis arrivé sur un plateau d’où partent
plusieurs pistes, prendre la piste à droite. Cap au 180°). Les premiers ensablements commencent : une 205 GTI, jantes
larges, surbaissée, victime d’un coup de chaud ne veut plus redémarrer. Le tractage de la 2cv s’avère impossible dans le
sable et après discussion un 4X4 mauritanien accepte moyennant 500F de tracter la 2cv jusqu’à Nouadhibou.
11heures. Contrôle de police mauritanien. Nos passeports nous sont retirés par les policiers mauritaniens installés dans une
cabane en pierres sèches. Accompagnés du policier mauritanien qui transporte nos passeports, nous entamons les 34 Kms
qui nous séparent de la frontière officielle mauritanienne que nous atteindrons à 17 heures, soit 6 heures pour parcourir les 30
Kms d’une piste très abîmée et les nombreux arrêts pour attendre les retardataires.
Le poste frontière est situé le long de la voie ferrée sur laquelle circule le train le plus long du monde (3 locomotives et 118
wagons) transportant le minerai de phosphate de Tindouf à Nouadhibou.
A noter que pratiquement tous les Mauritaniens parlent le français et l’on peut payer parfois en argent français.
Nous passons 2 heures d’attente au poste frontière car sans que nous en rendions compte, le convoi s’est coupé en deux et
une partie c’est perdue dans le désert à la recherche du poste frontière. Apprenant cela, les douaniers mauritaniens s’affolent
et partent aussitôt à la recherche des égarés car les champs de mines foisonnent dans le secteur. Une demie heure plus tard, le
reste du convoi rejoint enfin le poste frontière. A voir la tête des égarés, on devine vite qu’ils ont connu la frayeur de leur vie :
Étant égarés ils se sont arrêtés pour reconnaître leur chemin et à peine descendu de leur 2CV ils ont aperçu des
mines,déterrées par le vent, l’une d’entre elle étant à 20 cm de la roue avant droite de la 2CV de tête. Horreur ! Nous
quittons le poste frontière et 300m plus loin contrôle de douanes et déclaration de devises. La loi impose de quitter la
Mauritanie avec une quantité d’argent égale à la quantité déclarée à l’entrée, diminué des sommes changées officiellement,
cela pour éviter le change au noir ainsi que l’achat de voitures de passage. La fin de la piste est toujours difficile et après
quelques ensablements de nuit, nous arrivons à l’hôtel à 21 heures ( 12h pour 35 Kms     

 Il fait chaud (32°c) Nous visitons la ville en taxi brousse.Le pays est pauvre et les photos sont presque partout interdites.
L’essence vaut 4F le litre et le litre d’eau 12F. Nous apercevons la baie de Nouadhibou ou pourrissent une centaine de
bateaux de pêche neufs, offerts à la Mauritanie dans le cadre d’une aide humanitaire. Ces bateaux n’ont jamais navigué faute
d’avoir oublié de former les équipages mauritanien destinés à les conduire.
Une rigueur certaine règne dans les rangs de la police mauritanienne. Uniformes impeccables, mais moyens matériels
inexistants.Tout les enregistrements se font manuellement d’une écriture appliquée sur des cahiers d’écoliers. Nous passons la
journée en formalités et vers 18 h nous partons vers Nouakchott. Encore deux contrôles de police et nous prenons la piste
accompagnés par 4 guides équipés de 4x4 Toyota. Nous remontons vers le Nord par une piste sablonneuse et nous installons
le 1° bivouac près de la voie ferrée Tindouf - Nouadhibou.

VENDREDI 23 AVRIL.

 Départ 8 heures. Dès les premiers kms les premiers ensablages et les premiers problèmes commencent. “Jo le Taxi”  casse
un deuxième tirant de suspension. Grâce aux CB retrouvées, le convoi s’arrête et attend que “Jo” ait fini de réparer sa
voiture. Le convoi repart de nouveau et quelques kms plus loin de nouveaux bancs de sable barrent la piste. L’AK Dyane du
docteur cale et refuse de repartir. Réglage du niveau de cuve du carburateur fait sur le champ par Eric, et la voiture repart.
Plus loin la 2CV de Joel nécessite un réglage d’allumage. (Les grains de sable entre les vis platinées empêchent le moteur de
fonctionner). Les kms s’égrènent , mélange de cailloux, de sable, et de pannes. Une autre AK Dyane de l’assistance refuse
de démarrer. Nouveau réglage du niveau de cuve par Eric qui démontre une fois de plus que sa place de 3° au Championnat
de France de 2CVCross l’an passé n’est pas surfaite. Personne n’est épargné:  même le Toyota de notre guide voit sa cosse
de batterie partir en fumée et devra démarrer à la poussette. Quelques kms plus loin nous abordons une partie sablonneuse
qui borde l’océan. Puis cap à l’Est et c’est la 2CV de “Pompier et Claude “ qui s’arrête: embrayage hors service. Pas de
temps à perdre pour réparer maintenant. La corde est sortie et le Toyota du guide  part dans la poussière en tirant derrière lui
la 2CV. La mécanique se fera ce soir au bivouac.(et à la fraîche ). Il fait 40°C , le bras de mer qui sépare la presqu’île du
continent est partiellement asséché et la piste coupe au plus court direction plein Est.
Une 2CV stoppée. C’est un équipage portugais dont la 2CV refuse de repartir. “Pompier” se penche dans le moteur et
change le démarreur. Quelques kms plus loin une AK Dyane est arrêtée: pneu crevé. Plus loin c’est le Toyota du guide qui
s’arrête:  pneu crevé.
Petite surprise : nous trouvons sur le bord de la piste une carcasse de 2CV abandonnée (N21 07 580W16 46 739 ) dont pas
mal de pièces sont encore à récupérer (Ca peut servir si vous passez dans le coin en 2CV)
            
La piste devient de plus en plus sablonneuse et les 2CV qui ferment la marche (souvent les plus chargées) se plantent
fréquemment. Les boîtes à vitesses souffrent et Eric la fée mécanique remet en place sur la piste une fourchette de boîte
récalcitrante. La mécanique se fait avec des gants, car avec 42°C il est impossible de tenir dans les mains la moindre pièce du
moteur.
17 heures. Nous n’avons toujours rien mangé depuis le café du matin et il est temps d’avaler une boîte de pâté. Les premiers
moustiques font leur apparition et de nombreux copilotes exposés au soleil qui leur tape sur la nuque connaissent des débuts
d’ insolation.
18 heures Le convoi est arrêté prés d’un arbre , le premier que nous voyons depuis fort longtemps et mettant à profit cette
halte “Pompier” et Eric tombent l’embrayage de la 2CV  et 30 mn plus tard la 2cv repart “à la poussette “ car pour des
raisons techniques il a fallu supprimer la couronne de démarreur.

SAMEDI 24 AVRIL

 Réveil à 5h avant le lever du soleil pour profiter de la fraîcheur et d’une meilleure portance du sable .Il reste 220 Kms pour
arriver à Ras Timirit. Les ensablements recommencent et les guides eux mêmes semblent avoir du mal à retrouver la piste.
De désensablements en désensablements la route se poursuit plein Sud. La 2CV 4x4 fait merveille et sert de St Bernard pour
tirer des mauvais pas ses congénères. La technique est rodée: Une 2CV se plante . La 2cv 4x4 se met devant elle, le copilote
saute, attache la corde au pare choc. Position 4x4, vitesse courte engagée et le petit insecte rageur arrache la malheureuse
2cv de sa gangue de sable.
10 heures. La chaleur augmente: il fait 45°C et le vent de sable se lève.Tout le convoi s’arrête pour baisser la pression des
pneus à 1kg200 car d’après les guides le sable va commencer. Ah bon !
Certains participants en profitent pour essayer des solutions pour mieux se tirer des passages sablonneux..Aubes sur les roues
avant, roues jumelées, mais rien n’y fait. Le passage des zones difficiles est un savant cocktail de coup d’oeil, de régime
moteur, et de dosage de l’accélérateur.
14heures. Au pied d’une dune un baraquement en tôle. Un mauritanien venu d’on ne sait où propose une eau rougeâtre tirée
d’un bidon de 200 litres.à 4F le litre .
Il fait de plus en plus chaud et vu que nous n’avons fait que 40 kms depuis ce matin et nous constatons que nous n’arriverons
jamais à Ras Timirit ce soir. La piste devient de plus en plus roulante , sans cailloux et nous nous surprenons a rouler à 60
Km/h . Le rêve.!
Un arrêt imprévu, et pourtant rien n’a été signalé à la CB. Ce sont tout simplement nos guides qui font la pause et prennent
leur thé, qu’ils font chauffer sur un feu de bois alimenté par des brindilles arrachées sur un arbre du bord de la piste. La
chaleur nous assèche . Nous surveillons notre consommation d’eau, car sans fournir le moindre effort et en nous rationnant ,
nous consommons à deux, 1/2 litre d’eau à l’heure  soit environ 6 litres d’eau par jour.
Par chance la piste devient très roulante , mais les incidents continuent. Une AK Dyane s’arrête, moteur cassé. La corde
derrière le Toyota et on verra cela ce soir. Une tentative pour rouler de nuit se solde rapidement par la perte d’une AK
Dyane ensablée dans une dune. Heureusement grâce à la CB le contact n’est pas perdu et le copilote de l’AK Dyane nous
transmet sa position GPS et elle sera rapidement tirée de ce mauvais pas.
21h. Le bivouac est installé auprès d’une dune .Nous avons 1 jour de retard sur le plan prévu et il reste en moyenne 3 litres
d’eau par voiture et 120 Kms a parcourir demain avant d’arriver à Ras Timirit.

DIMANCHE 25 AVRIL

 Départ 7heures, et il fait déjà chaud avant que le soleil se lève. Nous réparons avant de partir les  2 pneus crevés et en route
pour le morceau de choix annoncé: le franchissement de la dune qui nous sépare de Nouakchott. La dune (N19 42 700 W16
13 636) longue langue de sable rouge qui barre l’horizon est attaquée en force par toutes les 2CV qui s’élancent les unes
après les autres et disparaissent dans ce paysage ocre. Nous nous arrêtons dans notre élan pour aider un équipage à remettre
en place un cardan qui s’est déboîté. Petit attente, car deux 2CV se sont égarées dans la dune et ramenées dans le droit
chemin par le Toyota de nos guides. La piste se poursuit et un nouvel arrêt pour remonter la pression des pneus car les
cailloux refont leur apparition. Le convoi repart et soudain à la CB :
 “ Ici l’arrière du convoi , on demande le toubib. Le toubib vite!”
Le toubib est en tête du convoi et fait immédiatement demi-tour. D’ après la CB le chauffeur de l’AK Dyane bleu aurait eu un
malaise. La fatigue est telle que pilotes et copilotes connaissent à tour de rôle des grands coups de pompe. Seul remède,
profiter des arrêts pour s’étendre à l’ombre de la 2cv et se reposer un peu. Même notre ami “Pompier”  ( pompier à Paris) et
solide gaillard connaît depuis 1 jour un état de fatigue généralisé qui le rend méconnaissable.
10 heures. Le convoi s’arrête pour une photo souvenir prés d’un camion frigo abandonné le long de la piste. L’organisateur a
tenu a s’arrêter car lors des reconnaissances du Raid, il a passé 7 heures abrité dans ce camion durant une violente tempête
de sable .
10h10. La mer ! La nouvelle se répand à la CB. On rêve tous d’eau fraîche et de baignade après ces 2 jours passés dans la
poussière. Nous longeons maintenant la mer en direction de Ras Timirit.
12 heures.  Nous arrivons enfin à Ras Timirit et c’est d’un coup le retour (très relatif) à la civilisation. Des cabanes de
planches ou l’on peut acheter de l’eau, de l’essence et bien sur l’inévitable Coca-Cola.
Dés l’arrivée dans le village c’est le grand événement. Les nombreux gosses qui sortent de toute part viennent quémander des
casquettes, des stylos, mais aussi de l’eau et des vitamines.
L’eau retrouvée. Boire enfin à grande gorgées sans restriction. Quel plaisir.
Désaltéré le convoi repart pour les 170kms qui nous séparent de Nouakchott. 65kms doivent s’effectuer sur la plage à marée
basse et malheur à toute voiture en panne au moment ou la marée monte : Elle servira de refuge aux poissons. Par un
phénomène rare la marée n’est pas assez basse et la plage qui devait être roulante, se résume en une succession de dos
d’ânes creusés par la mer.Juste avant de s’élancer sur la plage, l’Ami8 d’Olivier prend feu, mais plus de peur que de mal. La
balade sur la plage se transforme alors en un long gymkhana entre les vagues qu’il faut éviter et qui noieront trois fois le
moteur. Il nous faut composer entres les bosses qui font sauter la 2CV , le sable humide qu’il faut emprunter dès que la vague
se retire pour prendre un peu de vitesse, et le sable mou de la plage où la 2cv perd rapidement son élan. 60kms à fond de
seconde, nous souffrons pour le moteur. L’air qui vient de la plage est brûlant, contrastant avec la fraîcheur des embruns. Au
point  N18 52 205  W16 10 492 nous quittons la plage devenue trop dangereuse pour nous diriger vers un village de
pêcheurs où nous trouvons de l’essence. Les pêcheurs nous proposent de grosses langoustes à 2000UM ( 70F)
18heures . Le convoi est enfin au complet et nous partons vers Nouakchott par une piste de 90kms constituée parait il d’une
tôle ondulée redoutable qui va finir d’achever les 2CV les plus fatiguées. De nouveau de nombreux problèmes de démarrage ,
car le sel fait son effet et vient court circuiter le système d’allumage. Au bout de quelques kms, la tôle ondulée produit ses
effets ravageurs: tuyau d’essence arraché, cardan déboîté sur la 2CV de “Jo le taxi” cardan explosé pour l’équipage italien.
Mario le pilote a vu nous dit il passer les morceaux de cardan à la hauteur de sa portière ! .
19 heures. Il fait nuit et le convoi s’est scindé en deux dans un dédale de pistes. Difficile de savoir ou est la tête du convoi et
les appels à la CB se multiplient.
Par mesure de précaution et pour ne pas risquer de perdre une voiture, le convoi va continuer sa route à vitesse réduite,cela
devant diminuer les risques de panne. Par contre ce sont maintenant les panne d’essence qui se multiplient.
24 heures. Nous arrivons à l’hôtel à Nouakchott, les visages sont marqués par la tension nerveuse supportée sur la plage
avec ce sentiment d’avoir été  prisonnier d’une immense nasse mouvante avec la mer d’un coté, et le sable infranchissable de
l’autre et cette angoisse permanente de voir une vague traîtresse éteindre le moteur. Un frugal sandwich et toute la troupe
s’écroule sur les lits de l’hôtel.

LUNDI 26 AVRIL

 Révision des voitures blanchies par le sel. Les allumages doivent être nettoyés avant de repartir. Au briefing de midi Boubou
l’organisateur annonce que l’étape d’aujourd’hui sera raccourcie pour deux raisons: certaines 2CV ont beaucoup souffert et
Eric vient de se faire dérober ses papiers et son argent sur le parking de l’hôtel.
La route qui mène à Rosso puis à la frontière du Sénégal est jalonnée de contrôles de police, de douanes, de gendarmerie,
puis de douanes, de police, et de gendarmerie.....
A chaque contrôle, “Eric le sans papier “ frémit et passe successivement tous les barrages en prétextant faire la course avec la
2CV qui le précéde et que par la faute du douanier il ne pourra jamais le rattraper. Ca marche!.
22h. Frontière sénégalaise. Re contrôle des papiers et quelques formalités administratives (bakchich) plus tard nous
franchissons la frontière. Changement radical d’ambiance. Au Ranch de chez Bango ou nous dormons ce soir la bière se vend
au comptoir du bar et certains profitant de l’aubaine se coucheront à 4h du matin.
 

MARDI 27 AVRIL    St louis - N’Engane 328kms

 Après un plongeon dans la piscine, (il n’y a plus d’eau à l’hôtel)  route vers N’Dangane avec au passage une rapide visite à
St Louis du Sénégal où dans les ruelles sablonneuses se mêlent les chèvres, les poules, les pélicans, et les enfants. La vie n’a
sûrement guère changée ici depuis le temps où Mermoz et les pilotes de l’Aéropostale fréquentaient ces lieux.
Les contrôles de police continuent et le sport favori des gendarmes sénégalais consiste à coller un maximum de contraventions
aux étrangers qui circulent. La 2CV de “Pompier et Claude “ se fait épingler pour ”vitesse excessive en agglomération“, une
autre 2cv pour “défaut de ceinture” une autre pour “feu de stop défaillant “ et une dernière pour “usure trop importante du
bitume” pour avoir fait deux fois le tour d’un rond-point ! . Pour s’en tirer il faut beaucoup de palabres, un peu de
contestation, un zeste de diplomatie , un peu de flatterie et la contravention se termine par un billet de 50F qui disparaît dans
la poche du gendarme.
Encore une longue journée avec une arrivée à l’hôtel à 23h30.

MERCREDI 28 AVRIL    N’Dangane - N’Gor  195 kms
                                        

 L’hôtel à des allures de carte postale de vacances, avec ses palmiers, sa pelouse, sa plage privée et ses bungalows dispersés
sous les arbres. Direction Dakar en passant par le légendaire Lac Rose où se jugent toutes les arrivées du Paris Dakar. La
route, moitié piste , moitié goudron est parfois truffée de redoutables nids de poules qui transforment les jantes de toutes les
2CV en une figure géométrique patatoidale fort éloignée du cercle d’origine.
13heures. Nous attaquons la dernière page du roadbook qui doit nous mener au but de notre périple: le mythique Lac Rose.
Plus que 4kms d’une piste roulante et soudain un grand bruit dans la 2CV. Déconcentration ou fatigue, Eric n’a pu éviter  une
profonde saignée sur le bord de la piste. et les 2 pneus du coté gauche explosent en même temps. Nous nous arrêtons très
inquiet : est ce la fin du voyage si près du but ? .  Avons nous brisé la suspension ? Ouf! Deux pneus crevés, une jante
enfoncée de 7 à 8 cm .Par chance la roue avant n’a pas eu le temps de descendre dans la saignée car nous serions sûrement
partis en tonneau.!
14heures. Le voici enfin ce Lac Rose tant espéré par tous. Endroit fort peu poétique et qui ne devient rose que lorsque le
soleil est au zénith et  que le vent souffle ! . Le but parait un peu dérisoire compte tenu des kms effectués et des efforts
déployés par tous les participants partis à  la conquête de ce Graal des temps modernes. Les 34 2CV sont à l’arrivée et
“Boubou la tempête “ et ses troupes d’assistance peuvent enfin souffler en posant fiérement pour la photo souvenir et pouvoir
dire : “ J’y étais ! “
Raid Afrique 99 : Dernier grand raid 2CV du siècle et vivement le prochain millénaire pour d’autres aventures.
 
 

     Henri Lenguin   Dakar le 29/04/99