BALLADE AU MAROC

AVRIL 2005

 

 

 

Chaque année au printemps, nos 2CV qui se sont refait une bonne santé pendant l’hiver ont des fourmis dans les pneus et trépignent à l’idée d’une petite ballade entre copains ; elle rêvent d’un peu d’aventure, de bivouacs et nous aussi ; cette année, c’est décidé depuis cet hiver ce sera le Maroc.

Le départ se prépare début avril, on se répartit les tâches et le matériel (notamment les outils et les pièces mécaniques) à emporter.

 

Il y aura finalement trois équipes :

Henri et Oscar que nous appellerons les HOS

Jean-Yves et Patrice : les JYP

Raphaël et Dominique : les FADO

 

Les 2CV sont prêtes, châssis et bras renforcés bien sûr, plaques de protection des châssis, filtre à air JR,…, roues supplémentaires, plaques de désensablage…Chacune a prévu le couchage : les Hos ont une malle rallongée et dorment dans la 2CV, les JYP dorment dehors en général, les FADO ont un système de Hamac pour dormir dans la 2CV.

On est impatients et fins prêts dés le 15, date initialement prévue pour le départ mais Henri est dans la région parisienne pour une épreuve de montage/démontage de 2CV et ne rentre que le 17 au matin.

 

 

 

 

LE VOYAGE

 

Départ le 17 avril retour le 30 avril

Environ 6200Kms

 

Toulouse -St Gaudens -Lannemezan - St Lary -Tunnel de Bielsa-Ainsa-Barbastro-Huesca-Zaragoza-Madrid-Toledo-Cordoba-Malaga

Ferry Malaga-Melilla

Nador-Flagued-Melga el Ouidane-Taourirt-Ersaf-Debdou-traversée par l’est du plateau du Rekkam-Anoual-Talsinnt-Beni tajjite-Aït Ichchou-Gourrama-Georges du Ziz-Errachidia-Source bleue de Meski-Erfoud-Merzouga-Rissani-Achbarou-Alnif-Tazzarine-Nekob-Vallée du Draa-Zagora-Foum zguid-Tissint –Tata-Igherm-Tafraoute-Igherm-Taliaouine-Aoulouz-montée du Tizi n Test-Asni-Marrakech-Sidi Moktar-Essaouira-Safi-Oualidia-El Jadida-Casablanca-Mohammedia-Rabat-Kénitra-Larache-Asilah-Tanger-Sebta(Ceuta)-

Ferry Ceuta-Algeciras

Ronda-Ecija-Cordoba-Ciudad Real-Toledo-El Escorial-Segovia-El Burgo de Osma-Soria-Zaragoza-Huesca-Barbastro-Ainsa-Tunnel de Bielsa-St Lary-Lannemezan-St Gaudens- Toulouse

 

 


17 avril 2005 : Toulouse, Zaragoza, Madrid

 

Le rendez vous est fixé à Tournefeuille, on quitte Pompertuzat à 13h30, Mat prend la photo du départ et on revient (oubli de l’attestation d’assurance qui est absolument indispensable pour rentrer le véhicule au Maroc) ; tout le monde est là et nous prenons la route dés 14h30 ….au bout de quelques kilomètres, nouveau demi-tour, déjà, sans commentaire les FADO ont oublié le road book chez Henri !!! On repart à 15h avec le road book et nous verrons par la suite que ce n’est pas fini !!....il y a un beau soleil pour notre départ et les Pyrénées sont encore enneigées .On a malheureusement oublié à la fois les skis et les shorts (Fa)…Too bad ! A l’approche de St Gaudens, le temps se couvre avec de vilains nuages gris...La CB des JYP ne fonctionne pas très bien semble t’il ou bien ils n’ont pas envie de causer ? A voir….on trouve du mauvais temps sur les Pyrénées : pluie neige mais heureusement on passe sans problème le tunnel de Bielsa vers 17h…on roule, on roule…..on voit des champs d’éoliennes de nuit, paysage un brin surréaliste avant Zaragoza où on s’arrête vers 21h30 pour un petit repas dans un resto fait de salades et de lomo ,on se détend un peu, il reste encore 280 kms à faire ce soir !!!! Mais on a tous envie d’avancer, c’est l’excitation des départs et la joie anticipée d’arriver sur les pistes marocaines.

 

23h : première panne chez les HOS : le câble d’embrayage …on répare en 30 mns et on repart il reste 270 kms à avaler.

0h20 : depuis plusieurs kms on ne voit plus les JYP derrière nous….on finit par comprendre pourquoi quelques minutes plus tard = ils ont un problème d’alternateur, on cherche une station service pour avoir lumière et sécurité pour réparer ; en fait, ce n’est pas grave, simplement un branchement sur la mauvaise cosse ! Décidément nos 2CV n’ont pas trop de chance ce soir et la nuit risque d’être courte .On se console car le temps et la température extérieure sont très corrects.

0h50 : on range les outils et on repart, c’est déjà demain, enfin c’est déjà lundi et il y a des proverbes qu’on souhaite oublier quand on est la troisième 2CV et qu’on est encore à environ 200 kms de Madrid….

2h30 : c’est long, c’est long.... et Madrid que l’on traverse c’est grand, c’est grand et ça n’en finit pas……sur le coup de 3h30 du matin c’est la troisième panne…..d’essence cette fois et c’est pour les FADO !

Vers 4h enfin on se pose sur un parking au sud de Madrid où on dort quelques heures entre le train, la route et les militaires…la nuit est courte avec un pipi sur les chaussettes au beau milieu !!!

 


Lundi 18 avril 2005 : Madrid, Malaga, Melilla

 

Bon, il est 8h30, on est dans le pâté, Madrid s’éveille et nous, on a tous sommeil !!On part prendre le petit dej’ et à neuf heures on part vers Cordoba. Henri suce, suce tous les camions qui passent et tous les camions-sucettes d’Henri nous quittent les uns après les autres et…nous voilà partis errant dans la Mancha à la recherche de la sucette perdue ! Le temps est semi ensoleillé, 13°C dehors. Ca roule, ça roule, HOS devant et JYP derrière.

 

10h30 pause bocadillo jamon (sandwich jambon) pour Henri et les autres. On fait le plein de gazoline et on repart to Cordoba. Le long de la route, on peut voir les moulins…ceux de Don Quichotte, mais bien réels, de beaux moulins à vent bien ventrus et qui fonctionnent. Des vignes, quelques oliviers et du vent, du vent. Plus près de Cordoba, les premiers troupeaux de taureaux dans les prés, de grandes oliveraies, le temps est couvert mais il ne fait pas froid. Le GPS des HOS signale qu’on a fait 1000 Kms depuis notre départ. On bifurque vers Malaga, le paysage est fait d’une profusion de vieux oliviers plantés à flanc de coteaux sur les collines à perte de vue…la récolte doit être difficile !!

 

Vers 16h30, on pique nique sur les hauteurs de Malaga puis on cherche le port…petite galère pour le trouver. Après une petite bière au café du port, l’après midi se termine par la révision mécanique des deuches, l’achat des billets de traversée et pour les JYP la suite des aventures du road book…qu’ils ont aussi oublié à Toulouse. Jean Yves passe une bonne heure à chercher une photocopieuse pendant que je fais une petite sieste lecture. En soirée, le bateau ne partant qu’à 23h pour Melilla, après grignotage, nous partons visiter la ville. A 22h30 on rentre les deudeuches dans le ferry et on les quitte pour une nuit en cabine. Une douche, un petit lit sont les bienvenus. On s’endort dès le départ et on se réveille après l’arrivée.

 

 

 

 


Mardi 19 avril 2005 : Melilla, Nador, Taourirt, traversée du plateau du Rekkam

 

 

 

C’est le Maroc !!! Lever 7h30, heure française, mais 5h30, heure locale. La suite du récit au Maroc sera en heure locale.

 

On a très bien dormi, il fait beau. On sort les deuches du ferry à 5h45 et on constate qu’on est les derniers. Dès la sortie, on aperçoit les JYP qui font demi tour…on s’inquiète mais en fait c’était encore une fois l’angoisse du road book qu’ils pensaient avoir oublié dans la cabine. Ils le retrouvent in fine dans la voiture !!!

 

Petit dej’ sur le port chez un grincheux appelé par Henri : « l’homme à la serpillière ».En effet, il préfère nettoyer que servir les clients et d’ailleurs les WC sont fermés …ainsi ils resteront propres.

 

Frontera BENI-ENZAR : C’est l’hallu complète. Misère désespoir, ça grouille, foule compacte d’hommes de femmes et d’enfants, des ballots…difficile !!! Une foule misérable qui rêve de l’Europe et qui est refoulée violemment par la police. Sentiment de malaise c’est vraiment glauque il est 6h30 du matin ici, ils sont tous agglutinés contre les grilles du port….un lieu où la police est omniprésente, probablement en raison des nombreux trafics qu’il doit y avoir…mais au fond c’est peut être ça le rêve européen !!

 

Les formalités sont longues (environ 1h30).Beaucoup de papiers divers à remplir et des gens qui traînent autour des 2CV.

 

A la sortie de Nador, on croise des mobylettes pratiquement plus chargées que les 2CV d’énormes ballots.

 

On longe la mer ensuite, il fait très beau, et là ça change. Plus loin plein de jeunes et d’enfants, sacs à dos, qui vont vers le écoles. Les filles sont presque toutes en pantalon, beaucoup ont le foulard mais quelques unes, cheveux au vent, des carrioles, des petits ânes aussi, des moutons en pleine ville : Le Maroc éternel au milieu des voitures, un mélange de traditions et de modernité.

 

On cherche notre route dans Nador, on réinstalle les CB. On trouve l’antiparasitage pour les JYP. Tout est OK, on prend la route vers Taourirt où on arrive à 9h45 pour faire le plein (essence, eau, et quelques oranges) car on risque de ne plus en trouver pendant un bon bout de chemin. Oranges pressées au bar du coin et on repart via la piste qu’on attaque à 12h20.


Début du plateau du Rekkam, merveilleuse ballade sur les pistes, des rochers, des moutons, des bergers, et quelques petits ânes éparpillés un peu partout et pourtant à part les cailloux il n’y a pas grand-chose à brouter. La piste est belle sur ce plateau : le terrain rocheux cassé par la nature en marches d’escalier, un paysage sauvage, du sable, des fonds d’oueds à sec,pleins de cailloux parfois coupants ou de sable. On se donne rendez vous au point 10. Les JYP crèvent : changement de roue, les châssis raclent parfois. Les HOS à 5kms du point 10 jouent dans les tas de sables et... le moteur s’arrête : du sable dans les vis platinées. On démonte et on repart, il est 16h25, les FADO on toujours un problème d’huile…à voir.

 

 

            A 17h15, on rentre tous les points GPS, on se fait un petit café et on repart plein sud. Petit problème d’ensablement dans le lit d’un oued trop mou, on pousse, on pousse. Route sans issue, les JYP en tête ont des problèmes en se dévouant pour les tests…de piste. On continue, pistes caillouteuses puis fechfech, du sable qui rentre partout, on en est couvert, des nuages autour des 2CV…c’est la piste, on est heureux, on s’arrête vers 8h pour le soir : préparation du bivouac, cassoulet pour les uns, pâté fromage pour les autres et Chevret-Chambertin pour tout le monde s’il vous plait !!!

 

            Première nuit dans le désert, il fait froid, il y a plein d’étoiles. Un marocain, nomade surgit, comme d’habitude d’on ne sait où, passe une partie de la soirée avec nous puis se retire pour nous laisser dormir.

 


Mercredi 20 avril 2005 : Suite du Rekkam, Anoual, Talsinnt, Beni Tajjite, Gourrama gorges du ziz, Errachidia, source bleue de Meski

 

Lever 6h30, on dort bien hors du monde… petit dej’, vérification des niveaux  et on repart c’est curieux, mais dans ces lieux désertiques, en fait, il y a du monde partout….des nomades bergers qui se dressent sur le bord de la route pour réclamer des cigarettes …des gosses ou des jeunes qui surgissent à chaque arrêt ;  à 7h45 , nouvelle panne des HOS : niveau de lookeed bas…on s’arrête quelques minutes ,on aperçoit quelques troupeaux de dromadaires et…systématiquement des tortues qui décident de traverser la piste juste devant la deuche des JYP qui sont obligés de descendre pour les déplacer en douceur de l’autre côté….je pense qu’elles prennent goût à ces transferts à mains humaines….régulièrement, on s’arrête, on descend de la 2CV pour voir si l’on peut passer et où, pour ne pas trop racler les châssis…..vers 11h, alors que nous hésitons entre deux pistes et que nous attendons le retour des JYP qui en explorent une quelques mètres devant nous rencontrons un jeune ornithologue français en 4x4 qui, après nous avoir salué à la mode arabe, nous demande si nous avons aperçu des outardes (grands oiseaux bruns avec tâche blanche sur le poitrail),il nous demande aussi si nous n’avons pas été arrêtés par des gardes chasses marocains puis il nous explique qu’en 2CV on ne devrait pas avoir de problème que c’est surtout les 4x4 qui sont contrôlés par ces gardes : on apprend que le coin est une sorte de chasse gardée des Emirats Arabes Unis qui chassent les outardes au faucon ; lui ,il est payé et chargé par eux de recenser et de compter les outardes qui sont réintroduites à cet effet régulièrement sur ce plateau !!

 

Vers 10h on s’arrête pour manger un brin, il fait un temps magnifique et le paysage est de toute beauté ; on sort boîtes de sardine,pain, pâté et fromage et là arrivent des enfants qui ont l’air d’avoir réellement faim….ils récupèrent en effet à notre départ la fin de la boîte de sardines et les croûtes de fromage c’est un des endroits du voyage où on a vraiment rencontré des populations nomades qui vivent dans une  misère palpable, à 12h30 on sort du plateau du Rekkam à Anoual après quelques kilomètres d’un paysage rocheux de toute beauté . on se dirige vers Talsinnt après un petit coup de fil à la famille .Cette belle piste sauvage de presque 200 kilomètres à peine quittée nous laisse déjà des regrets .

 

A Talsinnt, à la station service, pas encore d’essence = le propriétaire fait la sieste et comme c’est la seule station il sait bien que ses clients potentiels attendront son réveil….par la force des choses. Ici, ils connaissent bien les deuches : à peine arrivés, on nous demande si on connaît Jean Pierre, Champion du monde !!…il s’agit, bien sûr, de JP Boudevin, surnommé Boubou la tempête, et connu dans toute l’Afrique !!!

 

On s’installe au Diamant Vert en face et on commande un tajine, accueil chaleureux et sympa , on se ballade dans le village, on achète des piles pour le GPS et de l’eau et on cherche un short pour Fa…après plusieurs arrivages divers et variés dont un short usagé et troué…on finit par nous apporter un short pantalon tout à fait convenable pour 13 € (cher pour le Maroc mais bon !) on se repose sous les arbres en attendant que le pompiste ait fini sa sieste et nous le tajine…tajine aux œufs délicieux mais qui semble t’il sera à l’origine d’un ennui intestinal durable pour Patrice pendant quelques jours… !!! Ici, le temps ne compte pas et de toutes façons, il faut savoir attendre ……on repart à 15h30 vers Gourrama via Beni-Tajjite, endroit toujours aussi peu accueillant : fausses indications de routes, jets de cailloux sur les voitures….probablement tout ceci est dû à la misère car il y a peu de tourisme et donc peu de ressources dans cette petite ville …. Puis on se dirige vers Errachidia après une descente folle à plus de 120 Kms / h pour les HOS , des gorges du ZIZ absolument splendides , on se dirige de nuit vers la source bleue de Meski pour passer la nuit, il est 20h30 on va dans le camping officiel « le camping de la source bleue »,  quasi obligatoire vu l’heure, on s’installe au milieu de camping-car monstrueux appartenant à des retraités allemands qui se révéleront le lendemain matin tout aussi monstrueux que leurs véhicules…on s’installe rapidement comme d’habitude et on mange en compagnie de Mohammed qui discute avec nous d’un peu de tout ….un moment très sympa !

 

Puis, on va prendre le thé dans sa boutique où avec un peu de musique il essaie de nous vendre une partie de son stock et nous voilà partis dans les longues négociations où le temps ne compte plus : Jean Yves achète des chèches et Henri négocie longuement mais savamment et avec art l’achat d’un tapis…..qu’il finit par obtenir à 0h30 pour 23€ soit 3€ en dessus de ce qu’il aurait voulu et obtenu, si on n’avait pas eu trop sommeil !!…..

Ce camping est très moyen,toilettes rudimentaires avec seau et mince filet d’eau, une seule douche froide pour femme et une seule pour homme dans une salle peu accueillante ,fermée par un simple rideau et pas très propre ( malgré l’envie et le besoin on renonce à la douche !)

La source bleue s’appelle ainsi, semble t’il, en souvenir des touaregs, hommes bleus du désert qui venaient s’y désaltérer avec leurs montures…

 

 

 

Jeudi 21 avril 2005 : Erfoud,  Merzouga et les dunes, Rissani, Achbarou, Anif, Tazzarine

 

On se lève à 6h comme d’habitude, petit dej’, toilette et mécanique ; on discute le coup avec deux motards français  ,on est cool, il fait beau et tout à coup on se fait copieusement engueuler par la troupe d’allemands au motif que les deuches font du bruit et qu’elles polluent et sentent mauvais…un comble quand on voit leurs énormes camping-car diesel et qu’on les entend hurler leurs consignes de départ : on a l’impression d’assister à un départ de panzers allemands pendant la dernière guerre !!!! A côté de nos petites deudeuches inoffensives !!!  

 

D’ailleurs, c’est ce que pense le vieux gardien du camping qui nous dit : pour les 2CV ce sera 30DH au lieu de 40DH car j’aime bien ces voitures !!

Jean Yves et Oscar (un peu poussé il faut le dire !) ne renoncent pas à la piscine locale (originale d’ailleurs car il y a même des poissons dedans…) elle est froide mais relativement propre  puisqu’elle a été remplie la veille au soir  ….

On part. Sur la route : un geyser d’eau soufrée et calcaire. Aujourd’hui c’est la fête du Mouloud (célébration de la naissance de Mahomet) toute la population le long des routes est en habit de fête les femmes sur leurs habits noirs portent des châles décorés, couleurs multicolores sur le noir, elles sont très belles, les enfants aussi portent des habits de fête, tout est fermé, nous croisons même un âne, un seul, décoré pour la fête !

Il fait beau et chaud.

 

Vers 10h30, on aperçoit les premiers sables (quelques dunes) mais la marée  est très basse comme dit Jean-Yves !!! 

 

Erfoud : très belle porte, enfants bien habillés mais qui nous assaillent à chaque arrêt et demandent toujours de tout : stylos, bonbons, casquette, cigarettes, et même argent …..Pourtant, ici relativement, ils n’ont pas l’air de manquer des choses essentielles : la demande a l’air de relever plus d’un jeu, et in fine ce jeu nous semble quand même un peu pervers !! Jus d’oranges pressées du matin.

 

On prend la piste Erfoud-Merzouga  à 60/70Kms/heure car la piste est dure, tôle ondulée tout le long aussi …à fond, à fond, à fond …..Et on arrive aux belles dunes, très belles mais endroit un peu trop touristique !!! On s’arrête au pied des dunes de l’erg Chebbi et c’est là que nous boirons le cidre comme promis par Henri à J.F.G.

 

 

 

 

On mange Chez Youssef à l’Auberge « La Caravane », on est les seuls clients à ce moment de la journée et Youssef, bon musulman, nous fait un tajine et fume et boit avec nous sans problème ! On se repose au frais (dehors il fait prés de40°C) jusqu’à 14h30 puis on repart après avoir troqué un peu de Ricard contre une pierre fossile vers Rissani, Alnif et Tazzarine.

 

Route goudronnée, lassante, interminable sous le soleil à 38°C, on croise le rallye des gazelles en 4x4 le long de la route…


On arrive dans la soirée dans un camping superbe à Tazzarine, Camping Amasttou , calme, dans la végétation , douche propre et chaude, tables pour pique-nique , camping sous tente berbère sur des matelas avec draps propres et couvertures,c’est fabuleux !.Dormir sous une tente berbère est une expérience à essayer au moins une fois dans sa vie et à  renouveler tellement c’est bien et confortable!!! Malgré Immodium+Ercéfuryl, P. n’est pas au mieux, J.Y. cuisine une salade de riz  au thon ; on fait le point sur les cartes et GPS et on part dormir à 10h, on est tous fatigués …

 

Vendredi 22 avril 2005 : Tazzarine, Zagora, la piste  Zagora-Foum-Zgid ou la piste de l’enfer.

 

Lever à 6h30, départ à 7h45 : on est observés attentivement par une troupe d’allemandes qui rient et nous photographient au moment du départ , on est quasiment cernés et Rapha leur demande alors pour rire si c’est des stylos ou des bonbons qu’elles veulent !!!!!

Sans commentaire.

 

On a fait déjà 2365Kms depuis Toulouse.

 

On est tous bien reposés et en forme  hormis Patrice qui a encore beaucoup occupé les toilettes durant la nuit.

 

A Nekob, oranges pressées et petits achats chez les berbères, à coté de nous, la boucherie locale avec abattage des animaux juste devant !!! Et viande en plein soleil bien sûr !! On part vers Zagora à 9h50. Le long des routes, bien qu’on soit vendredi , on croise des petits ânes hyperchargés comme toujours, des femmes qui travaillent habillés en noir avec châles multicolores portant sur leurs têtes des bassines pleines d’herbes ou de branchages, des hommes assis à l’ombre des murs de pisé brun des casbahs , des enfants qui courent ,rieurs ,nous saluant au passage et nous demandant à l’occasion n’importe quoi pourvu que ce soit cadeau…c’est la philosophie du cadeau qui règne…on m’a même demandé un livre en français…que j’ai d’ailleurs donné…

 

Un pays varié, coloré,  fabuleux, des gens et des paysages pleins de vie et de couleurs et du soleil plein les yeux……

 

La vallée du Draa, belle toujours avec rochers d’un coté et palmiers et cultures de l’autre, ici et là des casbahs de terre rouge, des villages aux toits plats et crénelés….Les deuches marchent impec avec de temps en temps des pannes d’essence et un bidon qui est le bienvenu …jusqu’à la station suivante ! toujours les petits ânes qui bossent dur…il fait entre 36 et 39°C on s’arrête à Zagora pour faire quelques courses…cette ville au sud de la vallée du Draa s’est complètement transformée en 10 ans probablement en raison de l’afflux des touristes…méconnaissable !

 

 

On quitte, on mange au début de la piste et on attaque celle-ci vers 13h30…on a pris la piste du nord et à l’usage on va s’apercevoir qu’on n’a pas fait le bon choix : on aurait dû passer par Mhamid ; le début est correct, on a environ 120 Kms à faire et il fait très chaud et du vent ! On discute de la piste à prendre après quelques kilomètres, on n’est pas tous d’accord mais une décision est prise et nous voilà partis , une heure plus tard on est complètement perdus…on cherche en vain une piste, on n’en aperçoit aucune à l’horizon….rien que des cailloux et du vent, il fait 40°C, on fait le point ,on a dû rater la piste qu’on souhaitait prendre…On ne sait pas trop où on va mais on fait demi-tour et chance, on rencontre un marocain sympa en mobylette qui nous guide sur de nombreux kilomètres et nous remets enfin sur la piste , heureusement pour nous car ce n’était pas évident :on s’était trompé d’environ 40 Kms. La suite est dure, une piste caillouteuse, interminable, cassante on souffre pour nos deuches, les cailloux tapent sur les châssis et les carrosseries, les pneus souffrent,les amortisseurs aussi…c’est l’enfer, il n’y a rien, que des cailloux, pas un brin d’herbe, pas un oiseau, pas un animal, personne …

 

…des cailloux, encore des cailloux, du vent et de la chaleur….une vision terrestre de l’enfer sur terre et puis tout à coup tel un mirage, une apparition, une femme sur le bord de cette piste venue de nulle part …elle demande de l’eau par gestes et à manger..On donne bien sûr… un peu plus loin on distribue des barres hyper protéinées et de la nourriture aux femmes et aux enfants, ici c’est la misère et on se demande tous comment ils peuvent survivre sans eau et si loin de tout dans ce désert caillouteux et si  inhospitalier….Cette route n’en finit pas, cet environnement de roches arides et de cailloux est assez déprimant, on est tous fatigués …les FADO crèvent , on répare et on repart , on roule à 17 ,19 Kms/ heure….on se tape comme ça plus de 130 Kms et on arrive péniblement à Foum Zguid après une journée harassante à 19h passées, on mange rapidement et on dort dans une palmeraie quelque peu déplumée …il fait très chaud ( 39°7 ) et malgré la fatigue on a du mal à s’endormir….

 

 

Samedi 23 avril 2005 : Foum-Zgid –Tata : un peu de repos

 

On se lève à l’heure habituelle et on part vers Tata.

 

On s’arrête à Tissint, village très propre, calme, sans gamins qui assaillent les voitures…bien sûr c’est peu touristique. On est arrêtés à la sortie par les policiers au poste de contrôle : ils contrôlent les passeports, puis, sympathiques et souriants, ils discutent avec nous et même nous offre le traditionnel thé marocain…Quand on leur dit combien leur pays est beau ils nous disent « pour vous c’est vrai mais pas pour nous, ici la vie est dure… » on rencontre avant de les quitter des ariégeois très cool ,originaires de Mirepoix, accompagnés de leurs deux petits enfants que nous laissons en compagnie de  l’accueillante police locale! je passe un coup de fil à Marc et Martine G .qui sont partis à Essaouira ; ça me gêne un peu de perturber leur week end …mais très gentiment ils nous donnent rendez vous pour ce soir 19h et nous invitent à dîner chez eux à Tata!

 

On descend ensuite aux cascades = c’est surprenant et merveilleux à la fois de voir couler de l’eau, on passe un moment avec les enfants au bord de l’eau, Oscar tente la pêche à la nasse au pain puis au saucisson sans aucun succès….P. soigne l’orteil d’un petit qui repart tout fier de son pansement… bref on se repose au soleil les pieds dans l’eau et c’est du bonheur !

 

On arrive vers 12h  à l’hôtel des sables juste à côté de la station Total et le réservoir des JYP et des FADO fait pendant les derniers kilomètres l’objet de pari avec Henri qui perd l’apéro =  24,8 litres pour le plein des JYP et 23,7 litres pour le plein des FADO !!! Mais pas de panne, dommage pour toi Henri ! On se douche avec délices, eau chaude, WC avec papier, piscine (Oscar en profite un max) et après le repas (tajine de poulet, vin marocain) ,comble du luxe = on sieste ! ….Dés le réveil, piscine où Marc G .nous retrouve vers 17h30  on se reconnaît après quelques instants, on discute un brin de leurs activités à Tata et du voyage et on se donne rendez vous dans la soirée.

 

On part visiter la ville, et là ce qui est drôle, c’est que bien que Tata soit loin d’être un haut lieu de tourisme, on y croise ce soir là une foule de français du sud :

 

         Des tarnais, amis de Marc et Martine qui ont le projet d’un hôtel à Merzouga,

         Des motards toulousains en raid moto qui cherchent l’hôtel des sables,

         Des gersois.

 

Des gens du Gard,

Tout le monde semble s’être donné rendez vous à Tata ce soir !!!

Trop de monde d’un coup, on est comme saouls…on visite les échoppes de la ville, on laisse le micro de la CB d’Henri chez le réparateur local au passage, on boit un coca au café local ….puis retour à l’hôtel où chacun se fait propre et beau pour le repas du soir !

 

Martine nous reçoit royalement :terrasse superbe avec tapis et lampes d’ambiance locales ; le Maire de Tata vient nous saluer et apporter vaisselle et immense plateau de fruits secs et dattes…somptueux et tout cela arrosé d’un petit vin blanc de Meknès tout à fait convenable. Le repas qui suit est tout simplement extraordinaire : un énorme foie gras du Sud-ouest !!Un délicieux tajine découpé par Oscar, des gâteaux faits maison, le thé et surtout un accueil chaleureux et plein d’amitié, un moment rare… !

 

On se couche tard (1h20) et on se donne rendez vous pour faire réparer la roue des FADO et visiter l’hôpital de Tata demain vers 9h, on en profitera pour demander un peu de Bactrim pour Patrice.

 

 

Dimanche 24 avril 2005 : Tata :visite de l’hôpital, Igherm, Tafraoute

 

On laisse la deuche chez Marc ainsi que les HOS et Jean Yves qui vont s’occuper en ville .Nous  partons avec Marc sur les hauteurs pour une vue panoramique de Tata et de sa palmeraie avant de rejoindre l’hôpital où nous avons rendez vous avec Kamel , qui est le médecin directeur de l’hôpital mais surtout le médecin responsable de toute la Santé Publique de la province de Tata. Beaucoup de programmes de Santé publique sont en cours et l’organisation repose sur un système gradué :

 

         Des postes locaux au plus prés de la population, médicalisés (infirmier+médecin) avec des équipes mobiles qui font du porte à porte pour délivrer les médicaments et contrôler leur prise effective.

         Des postes communaux possédant chacun une maternité de premier niveau (les médecins généralistes ont tous été formés à l’échographie obstétricale)

         Un hôpital de recours pour les urgences graves, la chirurgie, la maternité de deuxième niveau.

 

Les programmes de Santé publique principaux concernent : la santé de la mère et de l’enfant, l’éducation nutritionnelle (difficile dans un pays où la nourriture traditionnelle est à base de thé et de pain et où les obstacles culturels sont forts) = les farines sont supplémentés en iode, fer et vitamines, la lutte contre le trachome qui a donné de bons résultats grâce aux équipes mobiles : de 29% ils sont passé à 0,6%, les programmes de vaccinations…

La difficulté est pourtant grande pour les équipes de santé publique : la province est aussi vaste que la Belgique pour une densité de 5 habitants au Km2.

 

La visite de l’Hôpital nous permet de rencontrer l’équipe chirurgicale composée d’un anesthésiste, de Rachid Chirurgien principal marocain que Marc remplace et aide à titre bénévole et d’un chirurgien chinois en mission qui ne parle que le chinois et qui a de ce fait une impossibilité de communiquer avec ses confrères et ses patients. L’hôpital est tout neuf, offert par les émirats, il a mis plus d’un an à ouvrir faute de personnel, il est assez bien équipé : laboratoire, radiologie (matériel américain), deux salles d’opération très correctes, salle de réveil avec deux postes équipés, un service de stérilisation, une pharmacie, des protocoles de soins affichés et signés.

 

Les soins sont évalués, les statistiques de la maternité sont conformes aux standards connus (épisiotomies fréquentes, 8% de césariennes…)

Il n’y a pas, par contre, de possibilité d’avoir du sang aussi on évite les interventions qui en nécessiteraient.

 

On nous signale que les bakchichs ne sont pas de mise dans cet hôpital !! La plupart des gens ont des soins entièrement gratuits : 95% présentent un certificat d’indigence, 3% sont couverts par une mutuelle et 2% environ payent mais il y a cependant une manif devant l’hôpital de Tata et oui même ici !!!!C’est une manif contre le programme sigma qui vise à faire payer un peu ceux qui peuvent …Des chants, des banderoles en français « notre santé est en danger »….

 

 

On quitte l’Hôpital à 13h, je refuse à regrets l’invitation de Kamel pour le soir…on part déjeuner chez Marc avec Rachid. Après des grillades faites par Oscar et une super salade de Martine on quitte nos amis avec une pointe de tristesse mais les deuches, elles, bien reposées étaient pressées de continuer leur route et attaquent vaillamment la suite du périple….

 


La route Tata-Igherm : température extérieure 38°C, on attaque la montée après quelques kilomètres arides avec herbe à chameau et acacias ; au nord de Tata, une cahute de garde avec un 4x4 devant : c’est encore un terrain de chasse au faucon pour les émirats du golfe et on aperçoit la maison de l’émir ; la température continue à baisser : il ne fait que 30°C à présent : si ça continue, on va finir par avoir froid !!!!des montagnes superbes bordent cette route,alternance de couches géologiques de différentes couleurs dessinant des méandres sur leurs flancs,montagnes striées comme peignées par un peigne virtuel dans leur chevelures de roches et de terre .on se dirige vers Igherm, la route est belle, on a quitté la province de Tata pour rentrer dans celle de Taroudant, on commence à voir des amandiers,des figuiers de barbarie ; on aperçoit des petits villages perchés sur les hauteurs avec des maisons en pierres et pisé et comme toujours, beaucoup de gens à pied marchant le long des routes souriants et des petits ânes chargés…la température chute au fur et à mesure que l’on monte (26°C)il y a de plus en plus d’herbe et d’amandiers…et de plus en plus de villages et de verdure , à Igherm des cultures en espaliers d’orge et d’amandiers.

 

La route Igherm-Tafraoute : 83 Kms de bonne route goudronnée avec de multiples virages ; les deuches ronronnent et attaquent allègrement virage après virage, on monte, on descend, on remonte dans un paysage de collines avec herbe rase et amandiers de ci, de là, quelques troupeaux de chèvres et de moutons broutent et on remarque même quelques vaches…la région parait riche par rapport aux endroits d’où l’on vient ….même si c’est relatif par rapport à ce que nous verrons sur la côte atlantique. Puis tout à coup, juste à la sortie de Tafraoute, (1200m d’altitude) Surprise ! Des rochers érodés, tous ronds, surprenantes formations géologiques roses et rouges contrastant avec le vert des amandiers et des palmiers, des cactus géants somptueux, des arganiers c’est magnifique ! Ces rochers inattendus dans un écrin de végétation luxuriante, on trouve un peu plus loin un bivouac superbe pour la nuit au cœur d’un amphithéâtre rocheux avec sable, arbres et vue magnifique ….

 

 

 

 


On prend le point GPS et on descend en ville acheter dans les boutiques locales les magnifiques « nike berbères » fabriquées ici dans des teintes multicolores allant du jaune au rouge vif au bleu électrique …on mange un couscous après un tour de la ville et on rentre se coucher à 9h40 nous passons les 3000 Kms en regagnant le plus beau bivouac de tous les temps ; à noter que dans cette belle région, les femmes sont tout de noir vêtues par tradition.

 

Lundi 25 avril 2005 : Tata : Tafraoute,retour à Igherm, Taliaouine,ascension du Tizi n Test vers Asni et Marrakech

 

On se lève à 7h30, Patrice va mieux le Bactrim est efficace, on fait le petit dej’, contrôle des niveaux et bonjour aux deuches ; il y a un beau soleil et le paysage est toujours aussi féerique; on prend la route vers Taliaouine en repassant par Igherm (66Kms). On passe avant de partir chez le mécano de Tafraoute à qui on laisse un cric à crémaillère jusqu’à la prochaine fois ! Inch Allah !les enfants partent à l’école,souriants, ils viennent nous saluer et nous serrer la main au passage ; ici, ils ne demandent rien et ne harcèlent pas les touristes ; on visite au passage le somptueux hôtel des amandiers qui domine Tafraoute ,58€ la nuit,très bel endroit pour buller quelques jours au calme !En remontant on aperçoit sur le bord de la route ,bien vivant, un gros serpent à sonnettes de couleur sombre faisant bien 1m20 de long et 5 cm de diamètre !! Belle bête ! Le paysage qui est sous nos yeux ressemble au Hoggar (Algérie). Les 2CV repartent après une petite pause grignotage. Après le changement du gicleur du premier corps du carburateur, la deuche des JYP ne fume plus du tout ! Ca roule, les amortisseurs de la deuche des HOS sont un peu fatigués surtout quand ils sont chauds, notre deuche a semble t’il une petite fuite d’huile à la boîte de vitesse mais bof, on en remet le matin.. Il fait 25°C , on a décapoté les deuches et la vie est belle, on approche d’Igherm direction Taliaouine(86 kms) on est à 1780 mètres d’altitude,les deudeuches montent et descendent et remontent dans cette région de l’anti atlas , au milieu de paysages fait de sommets rocheux,de petits villages aux toits de terre plats accrochés sur les flancs de ces massifs ;les femmes ici sont habillées de noir et de couleurs vives ( bleu, rouge, jaune ,vert….) et coiffées de chapeaux de paille tressée blanche,elles ne sont pas voilées. Des gamins et gamines revenant de l’école également habillés de tenues multicolores et sur la route «PSG / Monaco » en action = les gosses jouent au foot en plein milieu de la route qui sert de terrain !!! Ensuite, on traverse encore des kilomètres de route pelée avec rochers, herbe rare et rase et plantes de rocaille ….la route est de qualité correcte mais à nouveau déserte puis on commence à apercevoir un peu partout sur les pentes des ruches.

 

Partout à nouveau les enfants, les jeunes et les vieux nous saluent joyeusement c’est l’effet deuche : les gens ici connaissent et aiment les 2CV….c’est comme ça dans tout le Maroc !

On remarque sur cette route des sortes de Ksar fortifié en pisé  tout en haut des collines ,juchés comme nos vieux château forts européens.

 

A Taliaouine, on s’arrête chez Ahmed, vieux copain touareg d’Henri originaire de Mhamid et qui tient une auberge avec sa femme Michelle de Lille.

 

On y boit notre jus d’orange matinal…puis à 14h à 1060 mètres d’altitude on s’arrête pour manger un peu d’agneau grillé car on rêve de brochette en fait le résultat est un peu décevant et on est envahi de mouches !!!

 

A 16h ,on attaque la dernière ligne droite avant d’attaquer le Haut Atlas et ses innombrables virages sur plus de 120 kms ; entre Taliaouine et le Haut Atlas, il y a même des cultures de maïs ,ce qui est assez extraordinaire !!il y a également des arganiers a perte de vue et bien sûr des chèvres dessus , ce qui montre bien que ce n’est pas seulement pour les touristes qu’elles montent on est encore à 860 mètres d’altitude et on va commencer à monter .Il fait un beau soleil, le temps est frais et les deuches montent avec courage et sans faiblir le haut atlas et enchaînent virage après virage avec enthousiasme ,on s’arrête pour le café à 1520m il y a plein d’arbres et de verdure ,on se croirait dans les Pyrénées.

 

 

 

 

 

La vue est sublime, on croise pas mal de véhicules français des 09, des33, des 44 (Nantes) à 2045 m, on rencontre un berbère sympa qui nous raconte ses aventures en parapente avec des Luchonnais : « j’ai sauté en parapente avec quelqu’un, plus jamais je referai ça, j’ai vomi en plein vol et j’ai mis quatre jours pour m’en remettre » effectivement quand on regarde pour une première fois c’était vraiment hard !!! Au sommet on est à 2101 m les paysages sont grandioses, beaucoup de verdure et même des cultures de blé en espalier.

 

La descente est vertigineuse et dangereuse car la route est étroite, on frôle à quelques centimètres une camionnette …heureusement la deuche a eu peur et a rentré son aile !!!! J’annonce les voitures et camions à la CB pour les autres qui suivent….

 


On arrive à Marrakech vers 20h30 mais les abords de la ville sont assez pénibles à passer… nous allons directement nous restaurer sur la place Jemaa el-Fna qui a été beaucoup rénovée mais qui garde le soir toujours son ambiance spéciale avec sa foule, ses conteurs,ses petits restaurants de plein air ,son animation…on mange dans la fumée saucisses et tomates et on s’offre un grand jus d’orange avant d’aller à la rencontre de Françoise J. et de son mari Ahmid qui nous offre l’hospitalité sur la terrasse de leur Riad qui vient tout juste d’être terminé. C’est une petite merveille, dans les moindres détails… de l’artisanat local et  beaucoup de goût pour une demeure de style local, franchement superbe !!

 

 

 

Après un petit moment avec Françoise qui est toujours aussi nature et aussi marrante, bref qui n’a pas changé on monte passer notre nuit sous le ciel étoilé de Marrakech : il fait bon et on s’endort sous les étoiles ….le lendemain on est réveillés par l’appel du muezzin à la prière du matin, par un coq qui n’arrête pas de chanter et par un âne….Jean Yves lui a été réveillé par autre chose,  nous confie t il, au petit matin…..

 

Marrakech a beaucoup changée en dix ans, elle s’est considérablement agrandie et modernisée et a perdu son caractère rural et un tantinet provincial …je l’ai trouvée transformée et l’ai à peine reconnue. Cependant il faudrait y passer plus de temps pour pouvoir porter un jugement objectif sur cette évolution, ce sera peut être  pour une prochaine fois !

 

 

Mardi 26 avril 2005 :  Marrakech – Essaouira

 

Nous déjeunons avec Ahmid qui nous fait de bon matin une remarquable leçon d’histoire  sur son pays : c’est passionnant mais il doit partir amener un petit groupe vers Ouarzazate et nous aussi vers Essaouira. On se quitte donc après le petit dej’ et on reprend la route après les avoir remercié pour leur accueil. Ahmid m’a conseillé avant de partir d’acheter l’huile d’argan à la coopérative des femmes à 15 Kms avant Essaouira car c’est là qu’elle est la meilleure, la plus pure.

Il est 8h15 quand on laisse Marrakech. La route Essaouira-Marrakech est bordés de champs d’orge, oliviers, arganiers ; en fait, on nous a expliqué que les arganiers ne poussent que là, dans un triangle de terre marocaine, et que les tentatives pour en cultiver ailleurs ont pour l’instant échouées.

 

A 10h, arrêt essence et oranges pressées 

 

Arrivés à quelques kilomètres d’Essaouira, on est obligés de faire demi-tour car on a raté la coopérative des femmes. On s’arrête donc et devant l’envie d’un marocain d’essayer la deuche, Henri l’amène faire un petit tour ; il était ravi au départ mais Henri nous  a dit ensuite qu’il était quelque peu terrifié en route.Ca va être comme le berbère en parapente il doit dire en ce moment « plus jamais je ne monterai dans une deuche » !!!!!.......

 

 

 

Je visite donc la coopérative des femmes où est fabriquée et vendue l’huile d’argan : c’est vraiment très sympathique et le temps d’un vrai dialogue avec elles…puis elles dansent et chantent pour nous. Un bon moment ! On a évoqué ensemble le travail des femmes au Maroc et je suis sûre que c’est par ces regroupements que leur situation peut évoluer et s’améliorer. J’étais heureuse de leur acheter leurs produits et de laisser sur leur livre quelques mots d’encouragements. Pendant ce temps, les hommes sont à côté dans un petit garage où les mécanos sont heureux de trafiquer dans le moteur de la deuche des JYP !!! C’est, comme ils nous disent souvent pendant ce voyage en parlant de la 2CV, « le scorpion des sables » !!! Car ça peut passer partout.

 

 

De même, à Zagora un marocain m’a demandé en voyant l’inscription « ceci n’est pas une voiture mais un art de vivre » pourquoi et je lui ai expliqué que cette voiture permet surtout de rencontrer des gens et de leur parler ce qu’il a approuvé.

 

 

 


On arrive vers 13h30 à Essaouira, où on ne se croirait plus au Maroc avec son allure de port breton, des mouettes partout, des bateaux de pêche en nombre et en activité, d’autres en construction sur des chantiers…une vraie ambiance de port de pêche de l’Atlantique…

 

 

Par contre là où on retrouve l’ambiance marocaine, c’est dans la très belle et très grande médina avec ses multiples petites rues enchevêtrées et ses multiples échoppes dans les souks….

 

 

 

On mange sur le port un tas de choses de la mer grillées et délicieuses : crevettes, calamars, bars accompagnés d’une salade de tomates et oignons au citron vert. Un vrai délice mais il nous semble encore très bizarre de retrouver la civilisation et de voir autant de monde… ! On se promène ensuite dans les ruelles après un petit café et on fait quelques petits achats puis on flâne le long des canons du port puis au bord de l’océan …on regarde le chantier naval et on quitte un peu tard et on cherche en vain un bivouac au bord de l’océan ; on finit enfin par en trouver un, prés d’un troupeau de dromadaires qui du lever du jour à la tombée de la nuit transportent sur 300 mètres environ les graviers du bord de l’océan vers une carrière où des camions viennent charger. Un travail d’enfer pour ceux qui chargent à la pelle et une perspective de vie sans horizon. Pour une fois, nous remarquons que ce sont des hommes jeunes qui travaillent ! Les JYP montent leur tente pour la première fois à cause de l’humidité matinale des bords de mer…

 

 

 

 

 

Mercredi 27 avril 2005 :  Essaouira El Jadida,Casablanca,Mohammedia, Rabat, Kenitra,Larache

 

On se lève à 6h , petit dej’, toilette sommaire, contrôle des deuches qui se préparent à avaler les kilomètres. Il fait assez beau mais on a perdu en 2 jours un nombre de degrés impressionnant en ce qui concerne la température extérieure. On quitte le bivouac vers 8h30 ; il semble que les GPS ne marquent jamais les mêmes vitesses ??? Avant de partir, Oscar a soigné le chien (ablation de tiques). Ce chien qui nous tient compagnie depuis hier soir nous regarde partir avec regret. On s’arrête dans le petit village de pêcheur à côté, village misérable et qui ressemblait de loin à un village fantôme…pourtant le paysage est beau.

Cependant sur la plage des montagnes de nasses métalliques, des bateaux à l’abandon et même des bateaux neufs qui  semblent n’avoir jamais servi. La pêche parait sinistrée et il nous a été dit dans le sud que les marocains auraient vendu contre des équipements des droits de pêche à d’autres nations dont le Japon.

 

On remonte le long de la côte, des paysans sont déjà aux champs et nous saluent au passage. Les dromadaires qui ne travaillent pas dans le sud (tout est porté par les petits ânes), travaillent dans le nord,on en voit ici tout le long de la route qui portent d’énormes ballots en plus de ceux d’hier qui charriaient des cailloux. La température est autour de 20°C et le temps semi ensoleillé. Il y a toujours beaucoup de gens et de bêtes le long des routes marocaines, certains travaillent, certains marchent, d’autres sont assis au bord de la route et attendent on ne sait quoi, un bus ? Une carriole ? Un taxi collectif ? ou  rien…et des enfants, des enfants partout qui agitent la main sur notre passage souriants et malicieux. On roule vers Safi (30Kms), on prend une photo, une pollution démentielle sur le ciel bleu (apocalypse now).Fabriques multiples de phosphates et de produits chimiques avec rejets dans l’océan, catastrophique car c’est aussi le plus grand port de pêche de sardines du Maroc.

 


Passé la pollution on s’arrête à Safi et on y boit le jus d’oranges matinal : dans notre vie de nomades il nous reste encore quelques rites. On se fait expliqué au café l’endroit où l’on pourrait acheter du vin blanc et on nous indique le supermarché du coin. Là nous sommes les témoins d’une hypocrisie assez remarquable et assez raffinée : dans un coin du magasin il y a tous les alcools possibles (vins et spiritueux) en vente libre mais on règle dans une caisse séparée et on sort par une sortie dérobée sur le côté du magasin avec les produits emballés dans une poches noires très opaque sans enseigne du magasin et de plus le caissier nous rappelle et enlève le nom du magasin sur la note qu’il nous a remise…on a l’impression de sortir d’un sex-shop.

 

On continue la route qui longe de magnifiques plages sur des kilomètres puis on aperçoit en bordure du sable d’immenses cultures maraîchères dont certaines sous serres entre Beddouia et Oualidia : ce sont les fruits et légumes et notamment les tomates pour l’exportation. Beaucoup de construction en cours sur cette route et ces champs potagers sur des kilomètres. On arrive à Oualidia dans un souk énorme avec une foule compacte et dense, une énorme fête. Après avoir interrogé les gendarmes j’apprend que c’est la fête annuelle de la région de Oualidia et qu’il y a une série de fête qui commence par Meknes la veille du Mouloud (fête de la naissance du prophète Mahomet) et qui se poursuit de place en place dans le différentes régions. Tout d’un coup, on entend des bruits de pétards mais en fait il s’agit d’une magnifique fantasia, une vraie fantasia locale non organisée pour les touristes et à laquelle assiste toute la population de la province réunie pour cette grande fête annuelle.

 

 

Vers 13h, on quitte la fantasia pour se diriger vers les parcs à huîtres pour notre déjeuner de midi.

 

Puis on file vers Larache :

El Jalida = centrale thermique, port, paysage industriel classique, rien à dire, un peu triste on regrette déjà les pistes du sud même celle dite de l’enfer ; plus tard El Jalida se révèle une grande ville avec hippodrome, le royal golf, bref une ville chic. On y passe les 4000 Kms de notre voyage.

 

Plus loin des champs de blé et des moissonneuses batteuses alors qu’hier on a encore vu des gens qui coupaient les épis à la main. Décidément, ici, on ne joue pas dans la même catégorie.


On prend un brin d’autoroute, c’est la civilisation qui revient au galop. On voit ici des forêts de chênes liège, d’eucalyptus, des champs de blé, des oueds larges et pleins d’eau…un autre monde !! On contemple un beau coucher  de soleil sur l’atlantique, il est 19h, Henri s’amuse, petites poussettes sur notre 2CV, passage de bouteille en cuir entre les deuches…bref on se distrait comme on peut.

 

On arrive enfin au centre d’accueil de Larache et on cherche en ville un petit resto de poisson pour dîner. On en trouve un mais sans alcool…on repart chercher tire- bouchon et bouteille de vin rouge dans les deuches. Après un repas de poisson grillé calamars et crevettes le tout pour 7€, on regagne le centre d’accueil où on dort sur des matelas dans une grande tente.

 

 

Jeudi 28 avril 2005 : Larache, Asilah, Tanger, Sebta (Ceuta),Algeciras,Ronda, Ecija , Cordoba

 

On ouvre les yeux sur notre dernier matin marocain, départ du camp vers 8h après petit dej’ et mécanique matinale.

 

 

 

 

 

 

 

Dés 7h30 , tout le monde était prêts sauf les HOS qui traînent un peu ce matin comme un regret sans doute de finir les vacances….Le chef (Henri) se relâche…, mais il a mis la tenue propre ce matin….et au moment de partir, surprise ! Il a laissé la clé du carrosse au fond du vieux pantalon sale, lui-même au fond du sac, et le dit sac au fin fond de la malle !!! Bravo, l’organisation ! Oscar fait le tour du bivouac comme tous les matins pour voir si rien n’a été oublié…on part et en passant on jette un œil sur le site de Lixus (site romain le plus important après Volubilis) c’est aussi l’endroit où est décédé et enterré Jean Genet mais on n’a pas été voir… !

 

On poursuit la route et on croise comme tous les matins les jeunes qui se rendent à l’école ; on aperçoit des paysans au travail et il faut signaler à ce sujet qu’ici ils labourent toujours à la main avec bêtes et charrue de bois.

 

Un peu plus loin les HOS se font arrêter par la police qui leur déclare pince sans rire qu’ils roulent à 240Kms/ heure…puis ils discutent avec nous des mérites des deuches, « des bonnes voitures » ils nous demandent même le prix actuel et…in fine bien sûr ne dressent aucun PV !! Policiers toujours courtois et ce qui est inhabituel, qui ont réellement le sens de l’humour ! Rare ! Très rare !...

 

On s’arrête pour finir « les brouzous » (surnom donné par Henri aux DH) chez Badouch Hassan prés du café Dar Tajine sur la route entre Asilah et Tanger : on négocie l’achat de plats à tajine ; ce commerçant négocie tout : on échange riz, petits pois, pruneaux, stylos, échantillons de produits de beauté, briquets, piles……contre ces plats !!!

A 10h, dernières oranges  pressées du Maroc, puis on prend la direction de Sebta.

12h25 : on passe la frontière et la douane sans gros souci, rapidement, sans foule…ce n’est pas Melilla !!!!!Tout est Ok.

 

Quelques courses rapide à Ceuta le ferry part à 15h30 pour 35 minutes de traversée mais en fait on arrive 2h35 plus tard puisqu’on change d’heure

On débarque sniffés par les chiens chercheurs de drogue, puis on roule vers Ronda.

Petit arrêt pour grignoter : salade de tomates au thon, chorizo et fromage.

Puis on roule, on roule…

 

A 18h20 on s’arrête pour réparer : roue à plat.

 

Quelques kilomètres plus tard : on s’arrête à nouveau, la réparation n’a pas suffi, il faut changer la roue

 

A 23h : on s’arrête enfin du coté de Cordoba, je suis fatiguée +++ et je n’ai pas faim.

 

A 0h10, on décide de dormir sur place

 

 

Vendredi 29 avril 2005 : Cordoba, Toledo,El Escorial,Segovia, El Burgo de Osma, Soria

 

Lever 7h30, et départ à 8h25 vers Ciudad Real il fait beau mais froid le matin.

On s’arrête pour le jus d’oranges mais adieu les belles oranges pressées = il n’y a plus que des bouteilles …les garçons prennent bière et sandwiches au jambon.

On passe les 5000 Kms entre Cordoba et Madrid, pour moi c’est une mauvaise journée : j’ai une gastro- entérite suraigu et j’ai visité toute la journée les sapins des bords de routes et les toilettes des stations services….comme Patrice a visité les palmiers !!!!

 

On visite l’Escorial et le monument pharaonique que Franco avait fait construire pour abriter son tombeau : c’est complètement mégalo d’autant plus que c’est absolument désert….

En repartant, les HOS sont obligés de s’arrêter : ventilateur complètement pulvérisé, on remplace le ventilo disparu et on repart !

 

 

Par ailleurs on a traversé l’Andalousie et découvert combien c’était vert et vallonné alors que nous imaginions un paysage plus plat et surtout plus aride.

 

On s’arrête vers 23h prés de Soria et les garçons font la dernière soirée ensemble à laquelle je ne participe pas car je me sens vraiment malade comme un pauvre chien !!

 

 

Samedi 30 avril 2005 :Soria, Zaragoza, Huesca, Barbastr, Ainsa, Tunnel de Bielsa, St Lary, St Gaudens, Toulouse

 

Lever 7h30, les JYP se sont envolés à ma grande stupeur !!! Ils ne m’ont pas dit au revoir, pourtant ça a été de super compagnons de voyage…en fait, à la réflexion, ils étaient probablement pressés de rentrer ! on déjeune et on part à 8h ,ma gastro a l’air calmée mais Rapha n’est pas au mieux non plus et de ce fait seuls les Hos se font un sandwiche au lomo sur la route

On passe Zaragoza à 11h direction Huesca où on s’arrête sous le pont au bord de l’eau (Al Canadre) dans un endroit qui ferait un merveilleux Bivouac ; on profite de l’eau pour se rafraîchir et on s’amuse à la pétanque aux cailloux…comme des gosses…que nous sommes tous en fait.

 

 


A 15h10, il fait bon et chaud on prend le Ricard avec de l’eau de source bien fraîche et on mange.

 

 

Puis on roule décapotés sous un beau soleil jusqu’à Toulouse .On se sépare à la CB à 18h15, l’aventure marocaine est terminée. On rentre chez nous.

 

 

 

Henri, merci à toi d’avoir organisé ce beau périple pour nous tous

Oscar, merci pour ce que tu es : sympa, disponible, toujours partant pour tout et toujours de bonne humeur…un vrai bon compagnon de voyage

Patrice et Jean-Yves, merci pour tout, pour votre bonne volonté à la recherche des pistes, vos cafés du matin, votre gentillesse à tous les deux…

Raphaël, merci pour ta deuche si bien préparée et surtout pour son hamac si confortable grâce auquel j’ai fait de super dodos pendant ce voyage !!!

Merci aussi à Marc et Martine G. pour leur accueil chaleureux et amical à Tata.

Merci enfin à Françoise J. et Ahmid pour la terrasse de leur magnifique Riad.

 

 

 

Dominique, Toulouse, le 5 mai 2005