RAID ARGENTINE
                                                            du 1° Avril au
                                                            14 Avril 2000

 Les grands raids commencent en général à l’aéroport Charles de Gaule et c’est toujours un grand plaisir de retrouver les
amis et les nouveaux venus avec qui on va partager 15 jours de joie et parfois de galère sur les pistes argentines.
L’Argentine ça se gagne, et les 11h d’avion et les 11000 kms à parcourir sont là pour nous le rappeler. *
 

Lundi 03 avril 2000

La récupération des 2cv expédiées par bateau depuis le Havre  va s’avérer plus longue que prévue. Il ne s’agira pour une fois
de questions administratives, mais de problèmes techniques. Les voitures ont été fouillées mais vraisemblablement pas
uniquement par la douane. La plupart des 2cv refusent de démarrer car les batteries sont à plat. Plus d’une heure sera
nécessaire pour entendre avec plaisir vrombir les moteurs, et installer à bord les bagages que nous avons amenés par avion.
(Une constatation propre à tous les raids : Sauf à voyager en conteneur, les voitures voyageant en pont, sont
systématiquement  visitées et tous les objets de valeur et outillage doivent être transportés par avion )
Direction Buenos Aires et premier plein dans une station service. Nous constatons que le super avec plomb ou additivé
n’existe plus en Argentine et nous nous posons la question de savoir si nos moteurs vont résister pendant 4000 kms au super
sans plomb.
Le circuit automobile de Buenos Aires nous accueille pour notre première nuit de camping et quelques tours de piste sur un
circuit plus habitué à entendre rugir des 6 cylindres que le placide flat twin de la 2cv. Séance néanmoins émaillée de quelques
incidents : Bris de pare brise, problèmes de freins, rupture de cardan sur la 2cv Bimoteur.Ce prologue sur le circuit
automobile est remporté par F. Laborde au volant d’une 2cv dépouillée ( Pas de portes, pas de vitres, pas de malle arrière
……)
La première étape nous conduit vers une hacienda située à une centaine de kms au nord de Buenos Aires.. Nous sommes
accueillis par une énorme barbecue et une soirée gaucho avec danse et musique argentine.
 

Mardi 04 avril 2000

 Il a plu toute la nuit et à 6h30 le pliage des tentes se fait en vitesse pour se dépêcher d’aller prendre le petit déjeuner et
départ pour 600 kms de liaison en direction de Rosario. Le moteur de notre 2cv cliquette à en rendre l’âme et n’apprécie
guère l’essence que nous lui faisons ingurgiter.
Quelques kms après le départ, une 2cv s’arrête sur le bord de la route. Trois autre 2cv s’arrêtent et Daniel Girod Roux
docteur és 2cv saute de sa 2cv une bobine à la main et le convoi repart.
Rosario, 200 Kms au nord de Buenos Aires. D’un coup, nous faisons un saut de 50 ans en arrière : les maisons en tôle, les
voitures déglindées, les papiers sales, la boue et la pauvreté. Mais quel accueil de la part des habitants ! La première question
que l’on nous pose : « De donde viene ? «  ( D’où venez vous ?  De Francia .)
Aussitôt les visages s’illuminent et ils veulent en savoir davantage. , et se propose de nous guider dans la ville pour nous aider
à retrouver l’autoroute qui doit nous conduire à Santa Fé.. Les 2cv ne les surprennent guère car de nombreuses congénères
circulent encore en Argentine.
Le temps est chaud et humide (26°C) et le sol humide nous rappelle que nous sommes sous un régime amazonien .La pampa
se déroule sous nos yeux. Immensité d’herbe et d’arbustes peuplée de milliers de vaches paissant paisiblement une herbe
grasse. Nous comprenons mieux maintenant l’expression « Perdu dans la Pampa »espace où aucun repère n’existe.  Et la
vache folle au fait ? A cette question, les Argentins éclatent de rire et nous répondent : «  No vaca loca aqui «
Les repas ici se composent presque uniquement de viande de bœuf grillée servie à volonté pour souvent moins de 8 pesos ( 8
US $ )
La route est une succession d’autoroutes et de nationales parsemées de trous qui viendront à bout du flasque d’amortisseur
de la 2cv de  Popof.
La télévision nationale a parlé de notre raid et tous les chauffeurs de camions nous saluent a grands coups d’appel de phares.
A Rosario le 2cv Club local a rameuté ses troupes et nous sommes accueillis à grand renfort de banderoles et de drapeaux.
Ce soir  bivouac dans une zone marécageuse où dés notre arrivée la nouvelle se répand sur Radio Mosquito : Les français
sont arrivés Miam …..
 

Mercredi 5 avril

Temps humide et lourd (23°C) Gavés, les moustiques sont partis se coucher quand nous nous levons à 6h30.Le début de la
nuit sous la tente a été agrémenté d’un spectacle insolite : Une luciole clignotante rouge et blanc tournait sans arrêt sur le
sommet de la tente  N’ayant abusé de boissons alcoolisée ou de feuilles de coca le spectacle avait quelque chose d’irréel.
Renseignements pris au matin, il s’agit d’un insecte qui lors de sa parade amoureuse se transforme en warning ambulant pour
séduire son partenaire.
Au briefing du matin on nous annonce une journée difficile où paraît il les Berlingo Citroen qui nous accompagnent ne
pourront passer. Au départ distribution de rations militaires qui nous serviront de repas pour la journée. Le pot
d’échappement de notre 2cv est consolidé avec du fil de fer emprunté aux nombreuses clôtures qui bordent les routes. Faut
dire qu’il à déjà dans les jambes le Raid Australie et le Raid Sancerre. !
Nous entamons la 1° piste du raid après le village de Tostado. Les villageois nous déconseillent formellement d’emprunter
cette piste boueuse ou personne ne passe. Effectivement nous attaquons d’un pied léger un véritable bourbier qui se
transforme vite en Bérésina. Les 4x4 sont plantés et a grand peine nous rejoignons une bande de bitume véritable îlot dans un océan de boue et où sont déjà réfugiées les 2cv parties avant nous. L’organisateur décide alors d’abandonner la piste et nous reprenons le bitume. La journée s’annonçait difficile, et elle le fût. La piste  que nous empruntons est sèche mais  truffée de trous  qui font souffrir les 2cv.


23H. Il reste encore 90 kms et la fatigue se fait sentir  Soudain un grand bruitdans la 2cv qui s’arrête brusquement stoppée dans son élan. Un trou de 50cm dans la piste vient de tordre le bras avant gauche et sous le choc le copilote vient de
défoncer le pare brise d’un coup de tête. Stoppés dans cette forêt qui n’en finit plus, nous sommes fort content de voir arriver
deux autres concurrents et le 4x4 d’assistance qui viennent nous prêter main forte pour remplacer le bras avant qui
heureusement se trouve dans les soutes du Toyota. Une heure plus tard nous repartons vers le camping  prévu au dernier
moment. En effet le rio qui est à 100 kms devant nous a débordé et rends le passage impossible. Voitures et conducteurs
arrivent fort éprouvés au campement improvisé. La piste n’est pas la seule responsable de la fatigue et de la tension. En effet
de nombreuses vaches en liberté se promènent dans la forêt et F.Laborde en contemplant l’avant de sa 2cv nous précisera
qu’il en a heurté deux ! .
 

Jeudi 06 avril

Au réveil l’organisateur s’aperçoit que sept 2cv ne sont pas arrivées au camp de cette nuit. Les hypothèses vont bon train.
Nous espérons bien les retrouver à la prochaine ville. Ce matin nous partons en convoi dans le Chaco, véritable labyrinthe
d’arbres et d’épineux Nous mettrons plus de 5 heures pour sortir de ce dédale et retrouvons enfin un village dont nous
dévalisons le stock de bière. La température est de 35°C, quelques  mauvaises interprétations du Road Book à la recherche
d’un gué qui n’existe pas, un cardan cassé pour Popov , une piste qui n’en  finit plus et vers 2h du matin nous rejoignons le
camping ou notre ami Zinzolin nous mitonne sur le champ des pâtes au parmesan que nous dévorons en silence. Nous venons
en effet de nous rendre compte que Joel l’Aveyronnais n’est pas avec nous et nous l’imaginons perdu seul dans cette forêt sur
des chemins ne figurant sur aucune carte. Nous nous couchons inquiet et sommes soulagés  vers 4h30 d’entendre dans le
camping le ronflement caractéristique du moteur  de la 2cv de Joel qui rejoint le camping.
 

Vendredi 07 avril

 Au petit déjeuner les commentaires vont bon train. Joel l’Aveyronnais nous conte son aventure : Ayant quitté le convoi pour
donner un coup de main à un concurrent ayant brisé un tirant de suspension, il s’est trouvé seul a errer dans la forêt, bientôt
rejoint par deux autres 2cv et un 4x4 d’assistance perdus eux  aussi. Ils ont alors effectué un fabuleux jeux de piste de plus de
80 kms en cherchant a identifier sur le sol les traces des pneus de 2cv qui les précédaient. Faut dire que Joel grand bidouilleur de 2cv connaissait déjà par cœur les sculptures de tous les pneus que l’on peut monter sur une 2cv ; Bravo Joel.

Le camping est situé à 895 m d’altitude dans la pré-cordillère des Andes et une source thermale à 45°Cremplit la piscine du
camping. Quel plaisir. Mais le temps presse. Le briefing du matin nous apprend que nous avons retrouvé les sept 2cv
manquantes et que le détour prévu dans la montagne pour aller visiter une ferme, est annulé car la route a purement et
simplement été emportée par les derniers orages qui ont ravagé l’Argentine il y a un mois.
Direction la Cordillère des Andes via Salta. Sur la route de Chicoana, un gué à franchir. Deux solutions pour franchir un gué :
soit en marche avant, en ayant soin d’avoir au préalable fixé la malle arrière devant le capot et créer ainsi une vague d’étrave
de façon à éviter que l’eau n’atteigne le ventilateur et le boîtier d’allumage, soit en marche arrière pour éviter les mêmes
problèmes. La méthode de la marche arrière présente l’inconvénient de risquer de dévisser  un écrou dans la boite à vitesse
ce qui entraîne immédiatement le blocage de la boite. C'est la mésaventure qui arrivera à Jacques bien ennuyé de voir sa 2cv
bloquée au sortir du gué. Pas d’autre solution que de changer la boite ou tenter une opération à cœur ouvert sur celle çi pour
tenter de la débloquer. Cet exercice, n’est pas à la portée de n’importe qui et par chance Eric docteur ès boite à vitesse
propose avec sa simplicité habituelle ses services. Deux heures furent nécessaires, penchées sur le capot pour venir à bout de
la boite récalcitrante, mais finalement Jacques put reprendre la piste et rejoindre Chicoana. Merci Eric.
Le soir à Chicoana, réception et repas organisé par la municipalité dans la propriété d’un riche gaucho. Groupes folkloriques,
musique andine, grillades, une fabuleuse soirée dans ce petit village dont tout les habitants nous saluent d’un «  ola que tal «
fort sympathique.
 

Samedi 08 avril

Chicoana est situé à 1200m et les moustiques n’aiment guère l’altitude. Il fait 26°C et nous quittons le village pour une
spéciale de 8kms coupée en son milieu par un gué. Témérité ou erreur, la 2cv d’Eric Bonnan arrive a fond de quatre dans ce
gué, est catapultée en l’air à plus de deux mètres de haut et atterrit sur la piste les deux tirants brisés sur le choc ! .
Nous sommes ensuite conviés à une réception dans un magnifique ranch ou le propriétaire nous sortira pour l’occasion son
troupeau de lamas et du champagne français.
Bouleversement dans le programme. La piste que nous devions emprunter a été emportée par les inondations il y a 2 mois. La
piste a été refaite mais le dernier orage l’a de nouveau emportée. Nous prenons la direction de Salta par la route et nous
sommes attendus sur la place principale par la télévision locale, et un ministre de passage Ce sera une fois de plus, l’occasion
d’apprécier la gentillesse des argentins fort amateur de la chose mécanique, et particulièrement intrigué par la 2cv a deux
moteurs de Stéphane Lenguin. Le repas de midi est pour le moins succinct (1/2 banane et 2 tranches de salami ) mais les bars
heureusement vous proposent d’excellents sandwiches.
Le paysage commence à devenir grandiose. Nous crevons pour la 3° fois avant d’arriver au bivouac perdu à 2500 mts en
pleine montagne.

Réveil à 7 heures et à peine le nez hors de la tente, nous nous apercevons que nous avons de nouveau une roue à plat. Nous
n’avons plus de roue de secours Une tentative de réparation de la roue s’avère impossible, car le départ a lieu dans quelques
minutes. Il faut également ce matin changer les gicleurs d’essence car dés aujourd’hui nous attaquons la montée dans la
cordillère des Andes . Jacques  nous prête une roue et nous voilà parti pour l’ascension du col de la Quemada à 4170m.
Notre 2cv se sent des ailes, le choix des gicleurs semble avoir été judicieux, et partis bon dernier, nous remontons 16 autres
2cv fort en peine dans cette ascension. La température à 4170m est de 15°C et le manque d’air ne se fait pas trop sentir si
l’on évite les efforts. Arrêt photo au col et nous attaquons la descente lorsque le moteur de la 2cv s’éteint. Impossible de le
rallumer et nous nous apercevons que l’essence n’arrive plus au carburateur. Après avoir soufflé dans le tuyau et ouvert le
bouchon du réservoir de 60 litres placés en lieu et place du siège arrière, le moteur repart. L’explication est trouvée : compte
tenu qu’a cette altitude la pression de l’air est inférieure de 40% à la pression atmosphérique normale, la mise à l’air du
réservoir s’avère maintenant trop faible et le fait d’ouvrir le réservoir a solutionné provisoirement le problème.
Nous arrivons au Salar à 3250m, immense lac salé de plus de 40 Kms où doit se dérouler une spéciale avec départ en ligne
de toutes les 2cv.Il fait très chaud sur cette immensité uniformément blanche et nous attendons pendant prés d’une heure le
moment du départ. La réverbération est telle que nous attraperons des coups de soleil derrière les mollets ! .Nous apprenons
par la CB que le 4x4 de l’organisateur s’est enlisé dans le Salar et serait en train de couler ! Fort dépité l’organisateur serait
paraît-il résigné à voir disparaître dans le lac son Toyota tout neuf. Apprenant cela tous les concurrents décident d’un
commun accord d’aller prêter main forte à l’organisateur pour tirer son 4x4 de ce mauvais pas. Une corde attachée au
Toyota, cent vint bras unis pour tirer, et d’un seul élan le Toyota est arraché à sa gangue de sel.


Une spéciale de remplacement est néanmoins lancée sur le Salar. Daniel Girod Roux, en doublant un concurrent s’envole
dans la poussière et manque de peu de faire un tonneau arrière ! . Pilote et copilote s’en sortent un peu mâchés et le train
avant de la 2cv partiellement   détruit. Problèmes également pour F.Laborde et Batroun qui voient leur pare brise voler en
éclats lors des dépassements.

 


Les dernières inondations ont endommagé la plupart des pistes de la Cordillère et nous devons renoncer la mort dans l’âme à gravir le col Abra del Acay (4950m) qui représentait le point culminant de notre périple. Nous reprenons donc le chemin de
Chicoana sur une piste qui traverse un immense plateau perché à plus de 3500m.
En toile de fond dans le bleu du ciel, se dressent quelques sommets enneigés qui d’après la carte, culminent à 20000 pieds
(6000m) De retour à Chicoana nous en profiterons pour faire réparer nos pneus crevés à la « gomeria » (réparateur de
pneus) qui lors du passage du raid aura vraisemblablement doublé son chiffre d’affaire mensuel.
 

Lundi 10 avril

Nous partons en direction de Cafayate par une fort belle piste de montagne et dés les premiers kilomètres nous connaissons
notre 6° crevaison ! . La spéciale prévue ce jour dans un rio est annulée et comble de malchance le Toyota de l’organisateur
s’enlise dans le rio. Deux autre 4x4, une solide corde, et quelques bras musclés seront nécessaires pour le tirer de ce mauvais pas.
Nous suivons maintenant la fameuse route 40 qui relie la Patagonie au Mexique . Il s’agit d’une piste fort bien tracée qui
serpente dans de majestueux paysages. Depuis quelques kilomètres, le moteur de notre 2cv est devenu bruyant. Tout
d’abord on se plait à croire qu’il s’agit d’une tôle qui vibre, mais plus les kilomètres passent, plus le diagnostic se précise :
l’embiellage est en train de rendre l’âme. La seule explication à cette mort prématurée ce sont ces cliquetis ressentis sur le
circuit de Buenos Aires et dues à l’utilisation d’une essence à l’indice d’octane trop faible.
Dés l’arrivée au bivouac Koma, en vieil habitué se lance dans l’échange du moteur, remplacé séance tenante  par un autre se trouvant dans les soutes d’un 4x4 d’assistance. Joel L’Aveyronnais en profite lui pour changer sa fourchette d’embrayage qui lui cause quelques soucis. La 2cv bimoteur de Stéphane, qui fait preuve d’une redoutable efficacité dans ces terrains difficiles,
                                
connaît elle, quelques problèmes de charge de batterie. Ce soir les gauchos qui nous accompagnent ont préparés le repas et
le feu de camp. La soirée s’achève autour du feu de camp les yeux perdus dans un champ d’étoile, bercé par la flûte d’un des gauchos musicien à ses heures. Le silence de la nuit sera seul troublé par l’arrivée tardive d’Alain retardé par le bris des
goujons de roue arrière, et le grognement du poste à souder en train de renforcer le volant de direction de la 2cv de G.
Chèvre.

Mardi 11 avril

La journée débute par une spéciale se déroulant dans un rio. (seco pour une fois) Le tracé se fait uniquement à l’aide de
points GPS communiqués seulement 5 mn avant le départ. Hélas une erreur dans les coordonnées du point d’arrivée en
faussera quelque peu le résultat.
Nous approchons de Cafayate, et les vignobles que nous apercevons le long de la route nous rappelle que nous sommes
conviés à la visite d’une cave. Dans l’euphorie de l’après dégustation nous attaquons les 300kms de piste qu’il nous reste à
couvrir pour rallier le camping de ce soir. La 2cv de J.F. Gartin pétarade et ne peut dépasser les 60kms/heure.La nuit tombe,
nous changeons le condensateur, mais rien n’y fait. Nous sommes décidés à rejoindre le camping coûte que coûte. La piste
est rectiligne tracée dans un immense plateau balayé par le vent. Soudain à la CB une voix nous parvient : C’est G. Chèvre
qui cherche par la voix des airs un flasque de suspension avant. Hélas pour Gérard, nous n’en n’avons pas dans nos 2cv.
Quelques minutes après nous apercevons des lumières sur la piste. La 2cv de Freddy a cassé son bras avant. Pas de bras de
rechange. Par solidarité, trois autres 2cv  ont décidé de bivouaquer sur place dans l’attente de la pièce de rechange qui doit
parvenir de l’assistance qui se trouve au camping. Cet arrêt permet à Koma de s’apercevoir qu’il n’a plus de freins, et de se
rendre compte qu’un tuyau de frein arrière a été sectionné par un caillou. Le tuyau est promptement bouché et la 2cv retrouve
(presque) tous ses freins. Il est 20h30. Il nous reste 300kms d’une piste en tôle ondulée qui ébranle les 2cv.Rouler de nuit est dangereux compte tenu des pièges de la piste. Nous prenons la décision de nous joindre à ce bivouac improvisé. Le feu de camp est allumé, nous mettons en commun toute la nourriture qui se trouve dans les 2cv et perdus dans ce plateau à 2100m d’altitude, nous passerons une partie de la nuit à raconter des histoires et à chanter.

                                                                                       
Mercredi 12 avril

6h du matin : Emmitouflé dans le duvet, un bruit de 4x4 nous réveille. C’est Jean Yves « Lord Steward » véritable
Saint-Bernard qui arrive avec le bras de rechange destiné à la 2cv de Freddy. Il roule depuis 3h du matin sur cette piste
difficile et paraît aussi frais que s’il sortait de son bain. Demi-heure de mécanique dans la nuit, le bras est remis en état, et
nous nous mettons en convoi pour reprendre la piste. Hélas notre 2cv refuse obstinément de démarrer, nous changeons les
bougies, les fils d’allumage, rien n’y fait. Nous découvrons finalement que la bobine d’allumage est fêlée. Séquelle
vraisemblable de la tôle ondulée. Par bonheur Freddy extirpe une bobine de sa 2cv et quelques minutes plus tard nous voilà
reparti dans la nuit pour 150kms de tôle ondulée pour tenter de rejoindre le reste du raid avant qu’il ne quitte le camping.
La traversée des villes est toujours une véritable fête, les radios locales nous interviewent dans la rue, les gens veulent savoir
d’où nous venons et certains ont du mal à réaliser que nos vaillantes 2cv sont arrivées par bateau.
Petit moment de rêverie lorsque à la sortie d’un village nous découvrons un panneau : « Ushaia 4000kms » Une autre fois, un autre raid peut être ?
Nous avons retrouvé les autres membres du raid et nous prenons la direction de la vallée de la Lune, site remarquable creusé par l’effondrement de la croûte terrestre et classé patrimoine mondial par l’UNESCO.

Les 2cv ont beaucoup souffert sur la tôle ondulée de la veille et les pièces mécaniques fragilisées cassent à la moindre
sollicitation : la 2cv bimoteur de Stéphane casse un tirant de suspension,  René le suisse stoppe, une biellette de direction
cassée, et notre pot d’échappement continue de vouloir quitter le bord.

Jeudi 13 avril

Nous sommes à 1400m d’altitude et la température est de 25°C.La route que nous prenons comprend des lignes droites de
plus de 40kms quasiment désertes. Occasion pour se tirer quelques « bourres » et savoir quelles sont les 2cv les plus rapides.
La CB, extraordinaire moyen de communication qui permet de garder la cohésion d’un groupe éparpillé sur plusieurs
kilomètres, crachote au tableau de bord et à entre autre mérite celui de nous tenir éveillé. Une 2cv arrêtée sur le bord de la
route. Il s’agit tout simplement d’une panne d’essence. Le dernier plein remonte à 430kms et nous apprécions notre réservoir supplémentaire. Un bon vieux conseil nous revient aussi en mémoire : Toujours veiller en raid à garder son réservoir plein.
Ne pas hésiter à refaire le plein d’essence et d’eau à chaque station service. Autre conseil, toujours amener un tuyau d’essence.
Cela permet d’une part de pouvoir siphonner le réservoir d’une autre voiture, et d’autre part peut remplacer une pompe à
essence défaillante, en alimentant le carburateur depuis un jerrycan fixé sur le toit.
Après avoir visité la vallée de la Lune site paleontologique  de premier ordre, nous reprenons la route, vent de face à 95km/h.
Soudain a coté de nous deux masses blanches nous doublent sans bruit : Il s’agit du 4x4 de « Lord Steward » qui remorque
la 2cv de J.F. Gartin tombé lui aussi en panne d’essence. Par la CB nous contactons J.F. qui nous informe qu’il roule à
135km/h derrière le 4x4 ! Faut dire que J.F. est coutumier du fait, car lors d’un précédent raid (Malaga-Dakar) il avait atteint
140km/h en remorque derrière une 405  sur les pistes de Mauritanie ! .
Nous redécouvrons la civilisation, les lumières, la circulation en approchant de Cordoba, où nous devons camper ce soir. Une surprise de taille : le 2cv Club de Cordoba informé par Email de notre passage vient nous rendre visite au camping et
découvrir ces drôles de français dans leur drôle de machines. Ce sont tous de jeunes argentins de 18 à 25 ans, passionnés de 2cv  et la question que nous nous sommes posé est restée sans réponse : Pourquoi  tant de passion que l’on appelle « le vilain petit canard » et ici la « rana » (la grenouille)
Le réveil est prévu demain à 4h pour un départ à 5h. La nuit sera courte car à 3h du matin nous sommes toujours en train de
discuter avec nos amis argentins du 2cv Club de Cordoba.
       
            Une 2cv locale !!!!

Vendredi 14 avril

5 heures du matin nous prenons l’autoroute, direction Buenos Aires pour une étape  de 650kms. Infatigables les membres du
2cv Club de Cordoba ont travaillé toute la nuit pour confectionner des petites 2cv qu’ils nous remettent en cadeau. Autre
surprise, après quelques kilomètres d’autoroute, tous les membres du club sont là pour nous saluer en agitant des drapeaux.
Personne n’est resté indifférent à ces marques d’amitiés et nous espérons les revoir un jour, peut être à l’occasion d’un
mondial, les petits gars de Cordoba.
La route est longue vers Buenos Aires, on pense déjà au retour, on essaye de ne pas s’endormir. Seule péripétie, Michèle,
qui sentant l’arrivée proche se fait épingler par un radar. Marchandage, discussion et  le montant de l’amende passe de 100
pesos à 30 pesos qui  disparaissent dans la poche du policier.
Dernière formalité, vider les voitures pour les mettre sous douane en attendant le bateau qui doit les ramener en France.
Dernier repas pris ensemble, la visite rapide de Buenos Aires en bus, l’aéroport, une grande fatigue dans l’avion, l’aéroport
Charles de Gaulle, les amis venus nous chercher. «  Alors comment ça s’est passé ? …..
 
 

       H. Lenguin    Avril 2000
 
 

Dernières nouvelles : Par Email nous apprenons que nos amis de Cordoba sont en train de réunir leurs économies pour
participer à la Rencontre Mondiale des 2cv prévue en Autriche en juillet 2001.