AFRICADEUCHE

                            Toulouse . In Salah (Algérie ) en 2cv AZKA

                            23 Déc. 3Janvier 1991
 
 
 
 

DIMANCHE 23 DECEMBRE 1990

Toulouse, il fait -3°C. Excellent initiative que de tenter d’aller chercher un peu de chaleur et de soleil , vers le Sud , et en Algérie de préférence.

Dés le départ nous nous rendons compte que nous avons du mal à lancer notre 2CV trop lourdement chargée: 90 Km à l’heure en pointe ! Les Pyrénées sont blanches de neige et beaucoup de Toulousains en profitent pour se rendre dans les stations de ski.

Premier arrêt à Saint Gaudens: Il ne fait vraiment pas chaud dans la 2CV et un rapide arrêt sur la place nous permet de mettre en place un cache radiateur improvisé . C’ est le grand luxe, le chauffage fonctionne bien, nous avons chaud et nous ne sommes pas asphyxiés !!!

Midi, nous voici enfin à Bayonne. Là le constat est évident, où nous sommes obligés de nous alléger ou, nous devons tenter de gagner quelques chevaux supplémentaires, car nous avons mis un peu plus de 4 heures pour couvrir les 300 Km qui séparent Toulouse de Bayonne.

Là, dans le garage mis à notre disposition par un parent, nous redonnons une assiette plus horizontale à notre 2CV trop lourdement chargée.(Cela permet ainsi aux cardans de travailler dans de meilleures conditions et de diminuer ainsi les pertes dans la transmission).Sans hésiter , nous nous attaquons aux pales du ventilateur qui en quelques minutes et grâce à l’aide d’un ciseau se voit réduit à sa plus simple expression (Environ 1/2 cheval de gagné dans cette opération) Mais par contre nous allons être obligés de surveiller avec attention le thermométre d’huile pour éviter toute surchauffe au cas où la température se radoucirait.

A 16 H nous franchissons la frontiére Espagnole direction Madrid. A 18 heures nous sortons de Vitoria, et la nuit tombante nous fait prendre conscience que la nuit va être trés trés longue .Nous comptons en effet rouler non stop jusqu’a Gibraltar mais cela va étre d’autant plus difficile que nos deux phares distillent une lumiére jaunâtre et pâlote qui fait piétre figure dans le flot des phares blancs de la circulation espagnole. Premiére station service et nous troquons nos lumignons contre de magnifiques ampoules blanches qui nous permettent de temps en temps de rendre la politesse à nos amis espagnol, parfois peu enclins à quitter leurs feux de route .

11h30. Nous sortons de Madrid. Direction Aranjuez.

4 H du matin , il fait froid à Jaen. Peut être -5°C et la 2CV a de plus en plus de mal à prendre sa vitesse de croisiére, et pour améliorer notre moyenne , nous nous collons littéralement derriére un poids lourd pendant plus de 100 Kms.

8 H du matin . Malaga. Le jour tarde à se lever . Les paupiéres sont lourdes mais la fin de la premiére étape n’est plus trés loin.

Lundi 24 Décembre , 10 H du matin nous voici enfin à Algesiras où nous devons embarquer pour le Maroc. 1210 Kms non stop depuis Bayonne et 19 heures de route .

Premier contretemps: Francois, un ami que nous retrouvons à Algesiras, nous apprend que par suite de la tempête qui sévit en Méditerranée depuis 3 jours , il n’y a plus de ferries en partance pour le Maroc , et plus de 600 voitures attendent dans une cohue indescriptible un éventuel embarquement. Une vertue bien connue en Afrique consiste à savoir prendre son mal en patience et de s’accoutumer des inévitables temps d’attente.Il faut savoir attendre: Attendre pour embarquer, attendre à la frontiére, attendre au popste à essence, attendre auprés du puits, attendre le bus .... Nous sommes pourtant encore en Espagne et nous passons 7h dans la file d’attente dans un port battu par la tempête et jonché de papiers gras.

Nous avons largement le temps de négocier notre billet de traversée: soit environ 1330 ptas pour la 2CV et 80F par passager.

18H30 nous embarquons et à 20 H nous débarquons à Ceuta ( enclave espagnole au Maroc) Nous en profitons pour remplir toutes nos réserves d’essence car l’essence fort chére au Maroc est détaxée à Ceuta.

Nouvelle surprise à la frontiére marocaine : plus de 400 magrébins se bousculent devant des guichets où quelques douaniers grassouillets tamponnent sans entrain à la lueur d’une ampoule , des piles de passeports jaunâtres.

Nous avons prévu dans notre planning 4 heures pour passer ce poste frontiére ! Mais décidés à gagner un peu de temps et conscient que nous sommes en Afrique ,deux billets de 100 Francs joints au passeport au bon moment et soudain comme par enchantement nous ,doublons toute la file d’attente et nous nous retrouvons sans probléme au Maroc.
 
 

22H30. Nous attaquons les routes marocaines et au bout de 2 kms, premier barrage de police . Aprés avoir ralenti nous saluons d’un ‘chef’ respectueux le policier qui tient sa lampe électrique à bout de bras et sans demander notre reste , nous filons à l’anglaise.

2 Kms plus loin, angoisse, nouveau barrage de la police royale cette fois ci. Etonnés de voir deux francais en cette soirée de Noêl sur les routes marocaines , et de surcroît en 2CV ils en oublient de nous demander nos papiers !

23 Heures. La fatigue imparable nous tombe dessus alors que nous attaquons la montée sur les plateaux marocains. Cela fait 36 heures sans sommeil et sans un mot nous nous allongeons sur les mousses que nous avons installées à l’arriére de la 2CV.

Mardi 25 Décembre . 9 Heures. Nous sommes réveillés par des palabres de femmes arabes qui assises sur leur baluchon attendent le bus pour se rendre au marché voisin. Elles sont fort étonnées d’assister à la préparation de notre petit déjeuner et prennent la précaution de se voiler le visage. Un chien famélique vient quémander les restes de notre petit déjeuner tandis que à quelques métres de nous un couple de hérons se lavent les pieds dans unes des nombreuses flaques qui parsément la campagne.

Nous sommes repartis depuis une dizaine de kilométres et de nouveau un contrôle de police. A l’inverse des barrages d’hier il n’y a que les français qui les intéressent.

‘ Volem vivre al païs ‘ semble être la devise du gendarme avec qui nous discutons, et qui nous propose de prendre le thé avec lui , sur l’aile de son 4X4 de service ( Imaginez en France un CRS en train de vous offrir une tasse de thé au bord de la route pendant que vous parlez de la pluie et du beau temps !!!!! Faut pas rêver !

Ce brave gendarme nous explique en fait qu’il est à la recherche de piéces détachées pour sa GS garée un peu plus loin et nous demande si par hasard nous n’en aurions pas quelques unes dans le fond de notre 2CV. !

Aux environs de 17h, nous entrons dans TAZA. Nous avons parcouru 2000Kms depuis le départ.Le paysage est formé de petites collines ocres sans le moindre arbre.

Un traversée du Maroc sans problèmes,et nous arrivons vers 20H à OUJDA.La frontière sera t-elle ouverte ou fermée? Quelques kilomètres avant Oujda, un dernier barrage de police que l'on aperçoit de justesse , car la bougie qui éclaire le panneau" Police " était éteinte.

Le passage de la frontière marocaine, s'effectue sans trop de problèmes et nous attaquons les formalités algériennes: enregistrement du véhicule, carte d'entrée, contrôle des changes, contrôle des numéros de châssis. Bonne surprise : la somme de devise qu'il faut obligatoirement changer, a diminuée: 500f soit 1120 Dinars.

23H30, nous sommes toujours dans le froid et la nuit à attendre le bon vouloir des fonctionnaires algériens. Mais ici, curieusement personne ne rouspète.La fouille est particulièrement sévère et nous assistons à la confiscation d'une photocopieuse flambant neuf sortie du coffre d'une Peugeot. Contrôle des changes oblige, nous sommes obligés de camoufler dans la 2cv une partie de l'argent qui nous permettra de changer des dinars au marché noir,a des taux incroyables ( 1 pour 5 au lieu de 1 pour 2 ).

Nous passons la nuit de Noël recroquevillés sur les sièges de la 2cv, n'osant dormir de peur que soudainement la barrière ne s'ouvre. Hélas pas de miracle et ce n'est qu'à 9 H du matin que nous franchissons la frontière sous une pluie battante.

Mercredi 26 Décembre

Enfin en Algérie ,et nous profitons de la première station pour faire le plein. Bonne surprise 20 litres d'essence pour 50F (100 Dinars). Nous quittons Tlemcen sous la pluie direction Sebda par une longue montée qui nous amène dans les nuages à 1100 m d'altitude.Nous constatons que ici aussi les ralentisseurs ont fait leur apparition a l'entrée de toutes les villes.Toujours la pluie, l'essuie glace commence a fatiguer , mais espoir plein Sud nous apercevons une trouée de ciel bleue.

Nous avons maintenant le vent dans le dos , la pluie a cessée et nous décidons d'un arrêt pour nous préparer enfin un repas chaud . A l'abri du vent derrière un baraquement, nous sommes rapidement assaillis par les jeunes du village voisin prêts à tout nous acheter. J'en profite pour 'solder' une veste en vrai faux daim pour 200 dinars. L'un des jeunes en profite pour nous demander la seule pomme qui nous reste. Après leur avoir fait déguster des griottes à l'eau de vie, nous reprenons la route direction Colomb Béchar par une ligne droite de 300 Kms.

21H .Nous apercevons les lueurs de Colomb Béchar que nous contournons car nous avons prévu de dormir dans l'oasis de Taghit. Une seule station à la sortie sud de Bechar et à 22h30 nous pénétrons dans cette magnifique oasis noyée de ténèbres sous la lune blanche.Nous nous installons au camping municipal au pied de la dune .Nous sommes à 3040 Kms de Toulouse dans un décor fabuleux.

Jeudi 27 Décembre

Première surprise, le gérant nous apprend que le chauffe eau alimentant la douche est en panne et qu'il sera arrangé demain. Nous commençons à être habitués car en Algérie tout est prévu pour être arrangé 'demain'. Histoire de nous délasser un peu, nous escaladons les 190m de la dune accompagnés par quelques jeunes algériens qui pratiquent la descente de la dune assis sur un bout de plastique. Nous apprenons que l'idéal pour dévaler la dune est la 'radio' ! Après nous être renseignés, nous apprenons qu'il s'agit de clichés radiographiques utilisés comme luge.

Grand beau temps et en T-shirt nous quittons Taghit direction Igli ,non sans avoir été assaillis par une nuée de gosses nous réclamant des stylos billes. Compte tenu de l'essor démographique en Algérie, cette oasis qui comptait 200 habitants il y a 15 ans est maintenant peuplée de plus de 300 enfants au destin plus qu'incertain dans une oasis aux ressources fort limitées.

A l'entrée d'Igli, l'oued a débordé et nous nous arrêtons pour sonder sa profondeur avant de le franchir.Nous sommes à ce moment là entourés de jeunes, et l'un d'entre eux en profite pour ouvrir la malle arriére de la 2cv et s'échappe à toutes jambes dans l'oasis. Excités les autres adolescents tentent d'en faire autant ,et nous trouvons notre salut dans la fuite. Nous nous arrêtons un peu plus loin pour tenter de savoir ce qui nous a été dérobé. Eclat de rires quant nous nous apercevons qu'il ne s'agit que de sachets en plastiques dans lesquels nous ramenions un peu de sable de la dune de Taghit .Il y a une dizaine d'années ce chapardage aurait été impensable dans une oasis du Sud Algérien. Qu'en sera t'il dans 10 ans de plus.?

Quarante Kms avant Kerzaz la route traverse un magnifique paysage de dunes ocres rougeoyantes au soleil couchant. Nous profitons de toutes les stations pour faire le plein ,et constatons qu'il n'y a pratiquement plus de super dans aucune station. L'essence est maintenant à 3,7 Dinars soit environ 1,85F au change officiel et 90cts au change noir ! Route de nuit sur un ruban rectiligne avec la croix du Sud devant nous et 4 voitures seulement sur 300Kms.

21H Adrar . Nous faisons le plein et sommes accostés par trois jeunes algériens au volant d'une 2CV.Ils sont tout heureux de nous montrer leur 2cv passablement rafistolée , nous leur donnons quelques astuces pour remettre leur 2CV en état et restent atterrés quand nous leur apprenons que leur châssis est en train de se couper. Après leur avoir expliqué comment y remédier , ils nous offrent le thé à la menthe et nous donnent leurs adresses Nous nous séparons en leur promettant de revenir un jour avec plein de pièces de 2CV introuvables en Algérie.

Vendredi 28 Décembre

Nous avons dormis quelques Kms avant Reggane pour éviter d'être assailli dés le lever du jour par de nombreux gamins en quête de stylos billes.Nous nous levons à 8H30 , le vent est si glacial que nous n'avons pas le courage de prendre le petit déjeuner dehors, et c'est après avoir partiellement vidée la 2CV que bien au chaud nous prenons notre petit déjeuner à l'intérieur.

Comme tout les matins avant de prendre la route , nous procédons à une rapide vérification, et alertés par un bruit derrière le ventilateur, nous découvrons le tuyau d'essence moitié coupé ! Malgré toute nos pièces détachées , nous n'a n'avons pas de rechange . C'est l'éternel problème des pièces détachées: on amène toujours ce dont on ne va jamais se servir !

Au pays de la débrouillardise , nous improvisons un raccord avec un un autre bout de tuyau et merci Mr Scotch nous voila repartis.

Nous faisons le plein à l'entrée de Reggane et nous exposons au pompiste notre intention de nous rendre à In Salah . Il affirme alors que ce n'est pas réalisable en 2CV et nous cite l'exemple de touriste allemand obligé de faire demi-tour après avoir cassé son châssis . J'ai également en mémoire les problèmes rencontrés par quelques membres du 2CV Club Portugais lors de la même tentative. Peu importe nous sommes confiant dans notre 2CV préparée dans le style 2CV Cross .Connaissant ce que les 2CV endurent dans ce genre d'épreuve, il n'est guère possible que la piste soit plus difficile. Avec un peu d'appréhension nous 'savourons ' les derniers 130 Kms de goudron qui nous mènent à Aoulef début de la piste d'après la carte. Bonne surprise le goudron continue jusqu'à Tit 60 Kms plus à l'Est. Nous voici sur les 140 Kms de pistes qui doivent nous mener à In Salah . Nous roulons à 50 Km/h et oh ! surprise , nous doublons un cycliste lourdement chargé qui avance cahin caha sur la piste caillouteuse. Un peu plus loin pas encore aguerris ,nous décelons trop tard une plaque de fech fech (sable très mou) et malgré notre tentative de prendre le plus d'élan le plus rapidement possible, nous échouons en plein milieu du banc de sable. Excellente occasion pour essayer nos plaques de désensablage et notre pelle que nous trimballons depuis Toulouse.

Nous commençons notre travail de terrassiers quand nous entendons prés de nous le bruit d'un énorme camion 4x4 qui vient nous proposer de l'aide . . La corde vite attachée, un coup de rein du 4x4 et nous voila sur la terre ferme. " Merci beaucoup et bonne route ". et notre St Bernard reprend son chemin .

Nous finissons de remettre en place nos plaques de désensablage quand nous entendons le bruit d'un moteur lancé à fond . Nous nous retournons et constatons qu'une Opel vient de s'ensabler au même endroit que nous .Reprenant notre pelle et nos plaques de désensablage, nous allons tenter d'aider à notre tour le pilote de cette Opel .

Quelques coups de pelle , une corde attachée derrière la 2CV , un, deux , et trois, et voila l'Opel remise sur le droit chemin. Tout en soufflant un petit peu , nous procédons aux présentations (en anglais)

Le chauffeur tout d'abord : Finlandais, il a loué cette Opel en Espagne et se dirige sans hésitation vers Tamanrasset où doit se dérouler d'après lui un festival de musique Touareg ! A coté de lui, une jeune espagnole qui faisait du stop en Espagne s'est laissée séduire par notre Vataanen mélomane et se retrouve embarquée dans cette galère avec son sac à dos. Le troisième personnage est français et s'appelle Gilbert . C'est le cycliste un peu fou que nous avons doublé sur la piste et qui lui aussi s'est fait prendre en stop par notre St Bernard de Finlandais. Gilbert , nous confie qu'il a quitté sa Vendée natale pour aller rendre visite en vélo, à sa tante religieuse au Burkina -Fasso !

Nous fêtons l'événement en dégustant une bière extraite de dessous les sièges de la 2CV et que notre ami Gilbert savoure les yeux fermés! Cela fait deux mois qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool.

Nous décidons de faire route ensemble et quelques kilomètres plus loin, se présente devant nous un espèce de col fort ensablé partiellement bouché par une voiture plantée en son milieu. Prudemment nous nous arrêtons sur une zone dure pour examiner calmement la situation et tenter de trouver le meilleur passage. Notre Vataanen, sans s'arrêter se lance en force à l'attaque du passage. Moteur à fond, l'Opel saute, rebondie enfonce son avant dans des gerbes de sable et se retrouve plantée jusqu'au carter moteur.

Malgré les plaques de désensablage, la pelle, et nos efforts, impossible de sortir l'Opel de ce mauvais pas.La voiture est trop lourde et il faut se résigner à la vider entièrement. Le vélo de Gilbert, le sac à dos de l'espagnole, et la valise en cuir du Finlandais. A l'inventaire de la malle, nous sommes effarés de l'inconscience de notre finlandais : Pas le moindre outil, pas la moindre réserve d'eau , ni d'essence ,mais un pantalon blanc et des chaussures de ville vernies !

Un nouvel effort, l'embrayage fume un petit peu et voilà enfin l'Opel tirée d'affaire. Petite explication avec notre finlandais : Ou il roule avec nous dans nos traces et nous consentons à l'aider , ou il continue à vivre sa vie sans nous. Nous notons au passage le regard de Gilbert qui nous fait comprendre qu'il préférerais continuer son voyage dans la 2CV que dans l'Opel .

Nous franchissons sans problème la passe ensablée en la contournant par la droite et nous voilà repartis en direction de In Salah. La piste serpente dans une vallée large de plusieurs dizaines de Kms et nous nous amusons à nous croiser, à nous éloigner de quelques Kms pour se rejoindre ensuite . Au bout de 2 heures de ce jeu, nous nous apercevons que notre finlandais n'est plus derrière nous. Nous nous arrêtons. Rien à l'horizon. Nous repartons à petite vitesse , car dans une heure il fera nuit et il est impensable de vouloir rouler de nuit. Nous échafaudons plusieurs hypothèse : il s'est planté, il est tombé en panne ..... Nous ne sommes cependant pas trop inquiets , car la piste est fréquentée par de nombreuses Peugeot en route pour aller terminer leur carrière en Afrique.

A la nuit tombante nous arrivons à In Salah et nous nous installons au "camping" .Quel ne fut pas notre soulagement de voir deux heures plus tard notre Gilbert pénétrer dans le camping sur son vélo. Explication : Le vélo de Gilbert étant accroché sur la malle arrière de l'Opel, une sacoche s,est détachée et est tombée sur la piste . Après s'en être aperçus, ils ont fait demi tour pour tenter de la retrouver. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Nous en profitons pour faire un peu plus connaissance avec notre pédaleur vendéen. Il n'en est pas à son coup d'essai, puisque il a déjà à son actif, le Cap Nord et le tour de la Méditerranée ! Il nous avoue que certaines étapes dans le désert avec le vent de face sont très longues et pénibles . Pour tuer le temps tout en pédalant il a un truc : Il a fixé sur son guidon un recueil de poésies de Prévert . Il les lit, les apprends par coeur, les déclames à haute voix , et les chantes à tue-tête .Il couvre ainsi des étapes de 200 Kms avec son vélo lourdement chargé. Malgré son refus ,nous l'invitons à partager notre repas , et nous avons partagé son plaisir lorsque nous l'avons vu déguster religieusement du saucisson, du beurre , du camembert, le tout arrosé d'un petit vin rouge ( de dessous le siège de la 2CV !) " Ce sera mon repas de Noël " nous confia t'il . Nous étions pourtant le 28 Décembre.

Samedi 29 Décembre.

Au camping d' In Salah , pas de problème : le chauffe eau est en panne, l'électricité est en panne , nous sommes les seuls clients, et pour un tarif de 5 Dinars (2F50) la nuit on vous offre une boite de jus d'orange en arrivant. Devant la gentillesse du jeune gardien qui nous accueilli la veille et son sourire édenté , nous lui faisons cadeau de notre poste transistor lecteur de cassettes . Cadeau royal dans ce pays , et s'est en courant qu'il est parti le montrer à ses parents .

Ici tout est prétexte au 'business' . Tout se vend, tout s'achète .Une 504 Peugeot cotant 10 000 Frs en France se revend 200 000 Dinars soit 100 000 Frs Français ( 10 millions de centimes ! ) Mais vous pouvez toujours essayer si vous avez la côte avec votre banquier de convertir une brouette de dinars contre un billet de 100 Frs.! C'est par contre très pratique pour jouer au Monopoly .

Le prix de l'essence nous fait (parfois) regretter de rouler en 2CV : 1F60 le super , 1F50 l'essence et 45 centimes le gas-oil . Tout cela au cours du change officiel. Mais comme sans arrêt , on vous propose un change au double du cours officiel, il faut diviser ces prix par 2 pour avoir le pris réel ! .Grâce à ce taux de change , il est facile de jouer les riches : un repas vaut 15 F au cours officiel, un pain 50 centimes, un sandwich à la frite et une limonade 5 F .

Dans la matinée un vent glacial s'est levé. La tempête de sable tourbillonne dans le camping et recouvre tout d'une pellicule ocre . Il fait si froid que nous prenons le petit déjeuner dans la 2CV et quant à la douche (froide) ce sera pour plus tard .

Nous apprenons que la piste ( 600 Kms) reliant In Salah à Tamanrasset est maintenant goudronnée et nous décidons de repartir vers le Nord sur le chemin de retour. Direction El Goléa 345 Kms. Nous avons prévu de nous arrêter à Hassi Marroket 40 Kms avant El Goléa, dans un endroit où coule à flots une source d'eau à 40°C. Nous laissons sur notre gauche la route qui mène à Timimoun, et nous constatons que le compteur de la 2CV affiche 33 333Kms ( avec un 1 devant sûrement ) Pour fêter l'événement et pour se détendre un peu également ( Nous venons de rouler 1 heure sans croiser la moindre voiture, ni prendre le moindre virage ) le chauffeur en profite pour donner quelques coups de volant. Secouée notre 2CV n'apprécie pas le traitement et se met soudain à pétarader . Le diagnostic est rapide : gicleur bouché . Il est 22H30 et la mécanique attendra demain et nous profitons de l'élan pour quitter la route et se garer sur le bas-côté pour la nuit .

La pleine lune inonde ce monde minéral de sa clarté métallique et à l'horizon se profilent les dunes ocres coiffées pour les plus hautes par les les étoiles les plus basses sur l'horizon.

Histoire de se dégourdir les jambes avant de dormir, je décide d'aller escalader la dune que j'aperçois là bas à l'horizon. Au bout d'un quart d'heure de marche dans cette immensité, je me rends compte que la dune en question , compte tenu de l'absence d'humidité, se trouve en fait à plusieurs kilomètres .je décide de continuer et petit à petit je me rends compte que je suis tout seul dans cette immensité de sable. j'ai beau me retourner je n'aperçois plus la 2CV ni aucun autre point de repère . Les deux seuls points fixes sont le sommet de la dune toujours devant moi et l'étoile polaire facilement identifiable. Je marche manifestement plein Est car je m'applique à garder l'étoile polaire sur ma gauche dans l'axe de mon épaule. Plus j'avance, plus les questions envahissent mon esprit tandis qu'un frisson de frayeur me parcourt le dos " si je me tords une cheville, si je n'arrive plus à retrouver la 2CV qui est maintenant à quelques Kms derrière moi ! "

Un peu anxieux et fier de n'avoir pas renoncé, j'arrive enfin au sommet de la dune et des millions de grain de sable soulevés par le vent incessant me fouettent le visage . A l'infini tout autour de moi, des dunes, des dunes, des dunes. Malgré le silence et le fabuleux spectacle de ces monstres ocres assoupis sous la lune, je ne peux m'empêcher de penser qu'il va falloir reprendre la direction de retour et ce sans aucun point de repère, excepté l'étoile polaire qui brille au dessus de moi . " Et si je m'étais trompé d'étoile ? , et si il y avait soudain une éclipse de l'étoile polaire, je serais perdu " Toutes ces pensées en tête je descend en courant la dune tout heureux de retrouver mes traces de montée . Puis petit à petit celles ci s'estompent dans le sable dur . On se calme . Je m'assied par terre et identifie soigneusement l'étoile polaire . Je suis tout de même un peu inquiet car je n'arrive pas à identifier la Grande Ourse, sûrement trop basse sur l'horizon. Cap à l'Ouest.

Tel un navigateur solitaire sur un océan de pierres et de sable , j'avance avec précaution en veillant scrupuleusement à garder l'étoile polaire positionnée au dessus de mon épaule gauche . Les minutes passent et toujours par la moindre silhouette de 2CV. Dans mon dos , la dune commence à s'estomper et soudain sur ma droite, une tâche sombre . Instinctivement , je presse le pas et me dirige sur elle . Ouf, il s'agit bien de la 2CV.Soulagé, et de façon à pouvoir juger l'erreur de mon cap je reviens sur mes pas , continue ma route à l'estime et constate que je serais passé à une cinquantaine de mètres de la 2CV .Pas mal ! . Sûrement que j'ai dû peupler mes rêves cette nuit là de cette publicité pour boissons, où l'on voit un voyageur égaré se traîner à quatre pattes dans les dunes à la recherche d'une boisson orangée .

Dimanche 90 Décembre.

Dés le réveil nous opérons à coeur ouvert le carburateur de notre 2CV et enlevons la minuscule saleté qui obstruait le gicleur. Nous voilà repartis en direction de la source d'eau chaude de Hassi Marroket. Petite déception, le tuyau qui aurait pu nous permettre de prendre une douche fabuleuse est maintenant cassé . Dans la monotonie des longues plaines qui nous mènent vers El Goléa , nous sommes arrêtés par ce que nous croyons être un barrage de police .

En fait, il s'agit d'un contrôle de douanes. Affolement à bord, nous tentons de camoufler l'excédent de l'argent que nous n'avons pas déclaré au contrôle des changes. Trop tard le douanier se saisit de notre sacoche d'une main leste, compte l'argent qui s'y trouve et constate que nous avons 550F en trop par rapport au change officiel . Il faut payer l'amende qui s'élève à trois fois le montant du dépassement. (Payable en francs français bien sur ) La négociation commence et cinq minutes plus tard, le chef se contente de la saisie pure et simple des 550F. Cinq minutes de discussions serrées et nous coupons la poire en deux: Il nous saisit 250F seulement, mais nous ne réclamons pas de reçu ! Marché conclu .

"Merci Messieurs et bonne route " nous lance le douanier tandis que nous repartons . Nous nous arrêtons un peu plus loin pour remettre notre "comptabilité " à jour. Bien nous en pris car un autre barrage de douanes nous attendait à l'entrée d'El Goléa. "Bonjour Messieurs rien à déclarer !"

Pour tenter de dépenser quelques dinars nous nous installons au camping d'El Goléa. Vers 20H nous voyons arriver sac au dos, deux jeunes qui s'installent prés de nous et commencent à planter leur tente. Comme il fait noir ( L'ilictriciti elle est en panne ) nous tentons au vu de leur équipement de deviner leur nationalité. Allure de baroudeur, duvet dernier cri , sac à dos de professionnels, nous optons pour des Suisses.

Quelle fut pas notre surprise quand quelques instants plus tard, ils vinrent nous demander d'utiliser notre feu pour chauffer leur théière. Hélas notre feu était moribond, nous leur avons proposés notre camping gaz et avons partagés avec eux le thé de l'amitié: 4 sachets de thé à la menthe l'Eléphant ! Les traditions se perdent même en Algérie . Quel contraste également entre ces deux jeunes étudiants algériens équipés à l'occidentale, et leurs frères du Sud Algérien nous arrêtant pour troquer des roses des sables contre une chemise usagée. La discussion autour du feu ranimé ,tourna sur le plan politique et nos jeunes algériens reconnurent la corruption des douaniers et de la police, une inflation de 600% et une faillite totale de l'économie et des nationalisations . Ils ne se permirent pas de critiquer ouvertement le gouvernement, chose dont ne se privent pas les gens du Sud , allant même jusqu'a regretter le départ des Français.

Lundi 31 Décembre.

Ghardaîa est la ville la plus commerçante de tout le Sud Algérien. Les Mozabites, redoutables commerçants ont entassés dans leurs échoppes un bric à brac invraisemblable datant pour certains de l'occupation française. Les propositions pour le change au noir se multiplient, et l'attrait du franc français rend les acheteurs téméraires: 1 pour 6 sans marchander ! A ce tarif là, la chasse au souvenir, prend l'allure de courses à la Foirfouille ! (le collier en argent à 100 dinars pour 33F! )

Sur la place du marché, se côtoient les marchands de vêtements, de pacotilles, et les fellahs venus de la palmeraie vendre leurs légumes et qui interpellent le passant :

" sjh vb ohdl woe:v sd "

" Elle est belle, elle est belle ma carotte ! ( Traduction libre de l'auteur )

Le camping de Ghardaîa est certes un endroit fort calme et peu cher ,mais ce que nous n'avions pas prévu, c'était la proximité de la mosquée. En effet à 6 heures du matin nous sommes réveillés par la radio NJR locale qui diffuse le N°1 du top 50 local " La complainte du Muzzaîn " relayé du haut de son minaret par une batterie de haut-parleurs. Réveil en sursaut, on réalise que l'on est en Algérie, un coup d'oeil à la montre, on retire sur soi le duvet,et l'on se rendort bercé par la melopée des Mille et une Nuit, l'imagination bercée par les mille contorsions d'une danseuse du ventre au nombril aguichant ! .

Ce midi nous avons enfin amélioré notre ordinaire de boites de conserves par quelques côtelettes de mouton achetées à Ghardaîa Une inscription sur le puits auprès duquel nous nous sommes arrêtés indique que l'eau se trouve à une profondeur de 160 mètres ! Vaut mieux avoir une bonne corde !

Le ciel d'un bleu profond , si caractéristique du Sahara est remplacé petit à petit par de nombreux nuages filandreux. Nous attaquons de nuit les Hauts Plateaux en direction de Bayad. Nous sommes le 31 décembre et ne pouvons nous empêcher de penser que ce soir en France, c'est le réveillon de la St Sylvestre avec son lot de champagne et de foie gras.

Depuis le départ nous avions résisté à la tentation d'ouvrir une boite de boeuf bourguignon que nous destinions à cette soirée de la St Sylvestre. Mais le boeuf bourguignon aura eu la vie sauve car il fait frisquet sur les Hauts Plateaux pour un réveillon en plein air , et le menu sera composé d'un (mauvais) pâté suivi d'un (mauvais) saucisson, le tout racheté par un reste de camembert à point et copieusement arrosé d'eau minérale , ayant terminé la veille notre dernière bouteille de vin. Minuit trente, nous nous arrêtons n'importe où dans l'immensité désertique , nous nous glissons dans les duvets ( il fait 3°C ) et bonne année dans les bras de Morphée !

Mardi 1 janvier 1991

Sûrement la nuit la plus froide depuis notre départ. A peine levé nous démarrons et roulons jusqu'à ce que la température devienne plus clémente , vers midi en général , pour pouvoir nous préparer le petit déjeuner .

La route qui mène à Tlemcen via Mécheria est plate et désertique comme une piste d'aérodrome. La circulation devient plus importante, et s'en est fini du petit signe de la main échangés dans le Sud , avec les voitures et camions rencontrés.

Nous approchons de la frontière et l'angoisse des formalités administratives , de la fouille nous angoisse un petit peu. La file d'attente est toujours impressionnante (300 à 400 personnes) et il faut se résigner. Soudainement le policier chargé de surveiller la file impressionnante se dirige vers moi, me dit quelque chose que je ne comprends pas et me fait signe de passer devant la file d'attente . Aïe, des ennuis en perspective ? Que non, pris d'une soudaine sollicitude à mon égard ( j'étais le seul européen dans la file ) il fait tamponner mon passeport par son collègue sous les huées des Algériens coincés dans la file d'attente et criant à l'injustice . Une fouille vite effectuée et dans le temps record de 2 Heures nous avons franchi la frontière algérienne .

Direction Mellila ( enclave espagnole au Maroc ) où nous prendrons le ferry jusqu'à Almeria . Il fait nuit pour cette rapide traversée du Maroc ( Oujda - Mellila 180 Kms) et nous arrêtons au bord de la route pour acheter des oranges à 2F le Kilo . Les jeunes vendeurs sont d'une gentillesse extrême et nous comprendrons pourquoi quand nous découvrirons un poids de 500 gr " oublié " par hasard dans le carton contenant les oranges . Gêné sans doute par notre présence le zélé vendeur n'a pas eu le temps de récupérer son poids , glissé dans les oranges avant la pesée ! Le commerce c'est le commerce surtout au Maroc.

La sortie du Maroc se passe sans problèmes, et c'est presque avec joie que nous montrons nos papiers aux douaniers espagnols . Ils nous conseillent aimablement de ne pas dormir n'importe où car parait t'il il y a beaucoup de " Mauros " qui rôdent dans Mellila .

Mercredi 2 janvier

Une seule liaison par jour au départ de Mellila à 23H30 en direction alternativement de Malaga ou Almeria . Le prix est d'environ 14000 Ptas pour une voiture et deux personnes .Nous nous reposons a Mellila dans l'attente du bateau du soir . Zone franche comme Ceuta, la ville fourmille de changeurs au noir de toute espèces : dollars, pesetas, francs, diram, dinars, tout s'échange au coin d'une rue après un rapide calcul sur une calculette. C'est le seul endroit à notre connaissance , où l'on peut convertir des dinars Algériens en pesetas à un taux de banqueroute il est vrai ! 2300 ptas pour 1000 dinars soit 5 fois moins que le cours de conversion initial . Sachant que l'on vous donne 1830 ptas pour 100F , on peut en déduire qu'il est possible d'acheter à Mellila des dinars huit fois moins cher que le cours officiel !

Mellila, ville refuge de nombreux arabes qui mettent là un pied dans la société de consommation. La ville fourmille de " petits métiers " pour reprendre une expression à la mode. Durant notre repas au restaurant, nous serons successivement accostés par un cireur de chaussures , un marchand de cacahuètes, un vendeur de Jean's Levis ( Fabriqués au Maroc ) un gamin vendant des chewing gum, un vendeur de chaussettes, un vendeur de billets de loterie, et une jeune femme demandant l'aumône avec un jeune bébé dans ses bras .

A partir de 21H la file d'embarquement commence à se former auprès de l'immense ferry boat . Les formalités se passent avec calme et méthode contrastant avec l'atmosphère de souk des précédentes . La fouille des douaniers espagnols est particulièrement poussée. Chiens policiers et tournevis ,les douaniers sondent,examinent, se couchent sous les voitures à la recherche du haschis dont le Maroc est grand fournisseur .Nous apprenons que les douaniers sont motivés , car ils ont saisis il y a deux jours 800 Kg de haschis dans une fourgonnette marocaine .
 
 

Jeudi 3 janvier

Six heures de traversée et à 7 heures du matin nous voici en Espagne. Traversée fort éprouvante, les couloirs sont jonchés de gens allongés, quant aux cabines prévoir boules Quies et déodorant à profusion ! Nous avons passé la nuit dans la piscine (vide) .

Premiers tours de roue en Espagne et nous sommes étonnés de découvrir les couleurs des maisons, les panneaux publicitaires , absents de l'autre côté de la Méditerranée .Nous trouvons la signalisation fort claire et facile à interpréter et nous rangeons boussole et cartes .

Tout heureux de nous retrouver en Europe , et presque à la maison, nous couvrons d'une seule traite les 900 Kms qui nous séparent de la frontière française.

Vendredi 4 janvier

Une certaine appréhension en approchant du poste frontière du Perthus, mais ici nous battons un record de vitesse, moins de 10 secondes pour franchir la frontière.

La traversée de Perpignan par le centre ville est pour nous l'occasion de nous rendre compte qu'il n'y a pas que des hommes en France ! En effet le Maroc et l'Algérie semblent être lorsque on les traversent, uniquement peuplés de représentants du sexe fort . Que ce soit, dans les rues , les cafés, les bateaux, on "n'aperçoit " ( c'est à dire qu'on leur voit un ou deux yeux suivant le cas ) que 1 pour cent de femmes . Dans le Nord de l'Algérie, on aperçoit principalement des jeunes femmes Algériennes habillées à l'occidentale attirant sur elles les regards ( de convoitise ou de réprobation ? ) des autres femmes voilées et des machos assis par terre ! Pas de doute nous sommes bien en France: Il pleut à Carcassonne , deux radars en 10 Kms sur la N113 et le super à 5F32 !

Toulouse 40 Kms. La boucle est bouclée. Nous sommes partis vers l'Ouest, et nous revenons par l'Est après 7100 Kms .Pour nous ce sera une douche (chaude , si le chauffe-eau fonctionne !) , pour notre vaillante Deuche, une vidange et une tape amicale sur le capot et pour quelque temps dans la tête ( avant de nouveaux départs) quelques vers bien connus :

" Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage

Ou comme celui là qui conquit la Toison,

Et puis s'en est retourné plein d'usage et de raison

Vivre entre ses parents le reste de son âge ."
 
 
 
 

H. Lenguin S. Lenguin